2.4. Les ECM en milieu salé
La salinité affecte environ 7% des terres dans le monde
(Munns & Tester, 2008). Elle peut avoir une origine naturelle (p.ex.
degradation de la roche mere, intrusion de lÕeau de mer) ou anthropique
(p.ex. fertilisation, irrigation avec de lÕeau saum%otre). Elle provoque
un double stress hydrique et ionique sur les plantes. Pour faire face à
ce double stress, les plantes, en particulier les halophytes,
développent trois mécanismes dÕadaptation : (i) un
mécanisme lie au stress osmotique qui consiste à ajuster la
pression osmotique des cellules pour assurer leur alimentation en eau
(épictese), (ii) un mécanisme lie au stress ionique qui consiste
à exclure les ions toxiques, (iii) un mécanisme lie au stress
ionique qui consiste à compartimenter les ions toxiques (Munns &
Tester, 2008). Comme les mycorhizes font partie intégrante des plantes,
les champignons font face aux memes contraintes dans les sols sales. Le manteau
fongique des ECM limite le passage des ions toxiques de la solution du sol aux
racines (Tian et al., 2004). Les hyphes résistantes sont en
effet capables de compartimenter les sels dans les vacuoles, préservant
ainsi les voies métaboliques. Elles peuvent aussi abaisser suffisamment
leur potentiel osmotique pour créer un flux dÕeau du sol vers les
racines et ainsi améliorer lÕalimentation en eau des plantes
(Bogeat-Triboulot et al., 2004 ; Bandou et al., 2006 ;
Yamato et al., 2008).
2.5. Importance des réseaux ectomycorhiziens
En general, les champignons ectomycorhiziens sont peu
spécifiques vis-à-vis des plantes hTMtes (Smith & Read,
2008). Autrement dit, ils ont un large spectre dÕhTMtes et peuvent
coloniser plusieurs especes dÕarbres. Par exemple, dans une hetraie, on
peut trouver jusquÕà 150 especes de champignons ectomycorhiziens.
Les champignons établissent un réseau mycélien liant les
racines (réseau ectomycorhizien) de la meme espece ou dÕespeces
différentes (He et al., 2004). Des transferts de
minéraux du sol et de photosynthétats sont alors possibles entre
arbres et plantules via les réseaux ectomycorhiziens
(Simard et al., 1997 ; He et al., 2004). En situation de
stress hydrique, les arbres-meres redistribuent lÕeau aux plantules par
le biais des réseaux ectomycorhiziens (Warren et al., 2008).
Des plantules, liées aux arbres-meres de la meme espece ou
dÕespeces différentes par des réseaux ectomycorhiziens,
peuvent améliorer leur croissance et leur survie (Newbery et
al., 2000 ; Onguene & Kuyper, 2002 ; McGuire, 2007).
Les réseaux ectomycorhiziens constituent aussi une
source dÕinoculum pour la régénération naturelle
par semis ou rejets de souches (Onguene & Kuyper, 2002 ;
Diédhiou et al., 2009). Connell & Lowman (1989) ont
suggéré que la predominance des Dipterocarpaceae dans
les forets humides dÕAsie du Sud-Est serait liée à la
capacité de leurs semis à former des ECM via les
réseaux
ectomycorhiziens préétablis des arbres-meres. La
presence ou lÕabsence dÕECM sur les plantules depend de la
distance à lÕarbre-mere. Ainsi, des plantules qui poussent en
dehors de la rhizosphere des arbres-meres ont des taux de mycorhization et de
survie tres faibles, alors que des plantules sous le houppier ont des taux de
mycorhization et de survie élevés. Ë LÕevidence, les
réseaux ectomycorhiziens influencent fortement la
régénération naturelle et la survie des plantules dans les
écosystèmes forestiers (Booth, 2004 ; McGuire, 2007).
3. Coccoloba uvifera L
|