1.4 La représentation par la voix
Alors qu'on ne peut pas nier le rôle de l'image pour la
représentation et l'apprentissage social ce sont les sons et les voix
qui rendent ces représentations plus vivantes et facilitent une
relation plus personnelle. L'image peut être limitée par le fait
qu'elle ne peut dépasser les stéréotypes. En même
temps on peut représenter l'incommodité ou la
réalité d'une situation ou d'une image par la variation de la
voix et du son. Ce qui distingue la voix humaine des bruits et du son ce sont
ses liens avec la pensée, par conséquent, la psychologie et le
cerveau humain. Plusieurs recherches sont en train d'être
menées pour comprendre les liens entre la voix, la psychologie et les
émotions. La voix est le propre de l'homme (Abitbol, 2005).
La voix peut être affectée par les changements
physiologiques et psychologiques La voix, parce qu'elle est le produit
acoustique d'un comportement sensori-moteur, porte l'empreinte corporelle des
trois systèmes (respiratoire, phonatoire, articulatoire)
impliqués dans sa production. Or, le fonctionnement de ces
systèmes est influencé par l'état émotionnel du
sujet. C'est pourquoi l'isomorphisme voix-émotion est presque parfait
: à l'intensité de l'émotion correspond une
modification d'intensité de l'activité phonatoire et
articulatoire (Zei, 1995).
Aristote, le philosophe grec, fut le premier à lier la
voix (phonè) au logos (raison/parole). Dans plusieurs
écrits Aristote indique comment d'une part, la voix enracine l'homme
dans l'animalité et, d'autre part, constitue la rupture radicale avec le
monde animal. En tant qu'animal politique (politikon
zoôn), l'homme est par nature destiné à vivre en
cité ; mais seul d'entre les animaux, il est également et surtout
un être social. Il est dit dans la Politique que l'homme et
l'animal ont en commun le pouvoir d'exprimer la douleur et le plaisir par les
sons de la voix; mais, à l'encontre des animaux, l'homme parlant
énonce également ce qui est utile et nuisible et, par suite, ce
qui est juste et injuste. Et la Poétique suggère comment
l'homme, en manifestant poétiquement ses passions, est capable
d'utiliser une voix médiatrice et modératrice, réglant ses
volumes, intonations et rythmes. La poétisation de la voix met celle-ci
au service de l'art, des actions et la détache ainsi de son
enracinement animal (Parret, 2010).
Aristote écrit: « Pour qu'il y ait voix,
il faut que l'être qui produit le choc mette en oeuvre quelque
représentation (meta phantasias), car la voix est
assurément un son chargé de signification
(sèmantikos) et non pas un bruit produit simplement par l'air
inspiré, comme la toux ». Par conséquent, il est
dit que le son vocal est d'emblée sémântisé et
qu'il porte ou constitue des représentations, l'acte vocal manifestant
ainsi une certaine activité cognitive. La voix n'est pas un
phénomène purement physiologique : à la voix s'est
imposée la contrainte sémantique (Parret, 2010).
1.4.1 Classification des voix
Les voix diverses sont classifiées dans les
répertoires musicaux qui sont devenus les expressions primaires des
émotions et des langues depuis le XVIIIème
siècle. Framery, Ginguene et Momigny dans leur Encyclopédie
Methodique: Musique parue en 1808 postule que « Le
caractère le plus général qui distingue les voix n'est pas
celui qui se tire de leur timbre ou de leur volume, mais du degré
qu'occupe ce volume dans le système général des
sons ». Ils distinguent deux types de voix: la voix aiguë
et la voix grave.
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