1.3 Les représentations dans le monde actuel
Vivant dans une époque postcoloniale on trouve que les
théories d'Edward Said nous aident à comprendre les images et des
stéréotypes du pays autrefois colonisés. Ce sont ces
mêmes images et symboles qui restent figés dans l'imaginaire
collectif. Bien qu'il existe une réalité différente dans
chaque pays et culture, les images, les histoires, les idées sont
conceptualisées selon le schéma des cultures dominantes. Les
représentations « clichés » des pays du Moyen
Orient et d'Asie continuent. L'Arabe dans l'image populaire est conçu
portant robe, coiffure, sandales. Selon Said, l'Occident garde l'image des
arabes comme « fournisseurs de pétrole », porteurs de violence
et menaçants.
Le cinéma et la télévision associent
l'Arabe soit à la débauche, soit à une
malhonnêteté sanguinaire. Il apparaît sous la forme d'un
dégénéré hypersexué, assez intelligent, il
est vrai, pour tramer des intrigues tortueuses, mais essentiellement sadique,
traître, bas. Marchand d'esclaves, conducteur de chameaux, trafiquant,
ruffian haut en couleur, voilà quelques-uns des rôles
traditionnels des Arabes au cinéma... (Said 1978 : 320).
Les cultures de la Chine, de la Corée et du Japon sont
représentées par une idée de fermeture et de discipline
qui soutient leur croissance économique. Le dragon qui représente
la Chine lui donne une image du pouvoir propre qu'elle réclame
aujourd'hui. La Chine est aussi représentée par la couleur rouge
- la couleur du parti communiste - qu'on peut interpréter comme le
désir de la Chine de devenir une puissance mondiale.
Bien qu'il se trouve de grands bâtiments et des
autoroutes dans son continent, l'Afrique est représentée par
ses forêts, sa nature, ses animaux, ses religions animistes et surtout
par la pauvreté. Pendant la période coloniale les africains
furent perçus à travers une théorie dite du Mythe du
Nègre.
Egalement l'Amérique Latine est
représentée par les fêtes, le carnaval, les belles femmes.
Sa réalité de pauvreté et d'exploitation est peu
représentée dans les médias. Comme on vit actuellement
dans un monde de séduction audio-visuel ces représentations sont
utilisées pour attirer l'attention des gens, qu'il s'agisse de celles
des pays anciens colonisateurs ou anciens colonisés.
1.3.1 Les représentations internalisées
- le cas de l'Inde
Pour mieux illustrer les représentations
internalisées qui génèrent les stéréotypes
d'un pays autrefois colonisé et qui passe par une étape de
culture de la résistance, je prends le cas de l'Inde comme c'est le pays
que je connais mieux que d'autres. On peut constater qu'il y a deux facteurs
qui génèrent les représentations
stéréotypées de l'Inde ; le gouvernement de l'Inde et
les médias étrangers.
Le gouvernement Indien, par l'office du tourisme Indien veut
toujours montrer l'Inde comme un pays accueillant et agréable. Il
utilise des images d'Inde orientale établies dans l'imaginaire
occidental et les attire avec les images des palais, éléphants et
couleurs diverses. Parmi ces représentations ce sont celles du Nord qui
dominent, notamment les broderies du Gujarat et les chameaux et palais du
Rajasthan. Les bateaux, les cocos du Kerala et les danses du Nord Est sont peu
représentés dans les dépliants touristiques de l'Inde.
Selon Emma Rodero Anton la culture audio visuelle est
caractérisée par la recherche de séduction, qui à
son tour produit un encrage émotionnel. Les images de l'Inde sont
utilisées pour séduire les étrangers vers le pays qui
à son tour imagine l'Inde comme un pays exotique et spirituel.
Alors que le gouvernement Indien essaie de créer une
image positive du pays, les médias étrangers ont tendance
à pointer la pauvreté et la misère de l'Inde. Les
journalistes de British Broadcasting Commission (BBC) ont longtemps
été accusés d'avoir fait des reportages avec des
préjugés sur l'Inde. Après l'indépendance de
l'Inde le BBC a eu la responsabilité d'interpréter les
événements. Comme les journalistes anglais avaient une
mentalité impérialiste et néo-colonialiste ils ont
montré l'Inde comme un pays de désordre. Les photographes
occidentaux sont aussi accusés de prendre des photos qui montrent les
pauvres indiens comme victimes et complètement impuissants. On retrouve
les preuves d'internalisation de ces représentations par le fait que les
médias audio-visuels indiens ont aussi toujours cherché les
stéréotypes de victimes pendant le reportage d'un désastre
comme la tsunami qui a frappé l'Inde du Sud en 2006. Visuellement les
deux médias Anglais et Tamoul étaient en concurrence pour montrer
les images effroyables et pathétiques de la situation. Comme
c'était l'un des plus grands événements du siècle
les médias ne pouvaient pas s'en détourner, donc ils ont
commencé à capter les images des pêcheurs comme victimes.
1.3.2 La culture de la résistance - Les
narrations de « Bollywood » et les
tabloïdes
En même temps on voit des signes de la culture de la
résistance dans le domaine médiatique, notamment dans
l'industrie du film Hindi (dite Bollywood) et les tabloïdes. Souvent, les
scénarios des films produits par l'industrie du film Hindi sont
copiés des américains ou des anglais. Ce n'est pas seulement les
narrations mais aussi les séquences, les actes, les personnages, et les
angles de vue. Il y a peu des films originaux. Ces films sont populaires car
ils montrent une réalité `étrangère' qui est
différente de celle qu'ils vivent. Cette tendance montre
l'incapacité des réalisateurs du cinéma Hindi, (qui est
aussi l'industrie du film dominante de l'Inde), à trouver son
originalité dans les domaines public et privé.
L'autre domaine qui manifeste les signes de la culture de la
résistance en Inde est le média tabloïde qui toujours
s'intéresse à la vie des riches. Les photos qui paraissent dans
le journal ont toujours un cadre `européen' celui de pubs et de
soirées, chacun portant son verre de vin ou de bière. Dans le
média audio-visuel la manière de présenter les nouvelles
est tout à fait Américaine. Les images et les nouvelles se
répètent toute la journée avec des mises à jour.
Par contre, il n'y a guère de documentaire télé
reflétant la réalité vécue par les populations au
jour le jour.
Comme ce mémoire traite de la radio comme un moyen de
communication pour les diasporas je pense qu'il est nécessaire de
comprendre quelques aspects de représentation par la voix, langue et
parole, les trois éléments du langage de la radiodiffusion.
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