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La construction de territoire imaginaire par et pour les diasporas à travers trois radios locales grenobloises

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par Elsa Mathews
Université Stendhal, Grenoble, France - CoMundus: Media, Communication and Cultural Studies 2010
  

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1.2 La création de stéréotype

Les fonctions du stéréotype, sont perçues, entre autres, comme facteurs de maintien de la cohésion du groupe, en particulier par deux moyens. Le premier est d'ordre communicatif. En effet, le stéréotype facilite la communication en favorisant de longues répétitions de choses déjà assimilées et contribue à faciliter l'échange d'informations, car le degré de redondance en est élevé ; les efforts d'assimilation intellectuelle que doit faire le récepteur en est réduit grâce aux processus automatisé de réflexion implicite. Le second est d'ordre socio-psychologique puisqu'il organise l'identification/inclusion de l'individu à une collectivité de valeurs communes et altérisation/ exclusion d'autres. L'autre est perçu à la fois comme celui qui est exclu du groupe et aussi comme celui qui peut menacer son intégrité. (Boëstch, Villain Gandossi, 2001). Le stéréotype apparaît avant tout comme un instrument de catégorisation qui permet de distinguer commodément un nous d'un ils (Amossy ; Herschberg, 1997, p.45 cité dans Villain-Gandossi).

Les stéréotypes sont aussi liés avec les préjugés et les peurs de l'autre. Les stéréotypes de groupes (stéréotypes nationaux, stéréotypes des peuples, des ethnies, des classes sociales etc.) sont toujours étroitement liés à la question suivante « qui sont ces gens- la par rapport à « nous ?» Une telle question dévoile immédiatement une pensée collectiviste : L'Autre n'est pas conçu comme un être humain tout court, mais comme un être qui a des caractéristiques spécifiques, car il appartient à un groupe qui se distingue de « nous ». Peu importe que les différences soient « réelles » ou « imaginaires » parce que l'observation de l'Autre est régie par des représentations collectives ou des stéréotypes dès que la distinction est faite : une personne est (sic) l'Autre parce qu'elle a une ou plusieurs caractéristiques qui la distinguent de « nous ». Pour comprendre la nature des stéréotypes de l'Autre, il faut tenir compte des représentations collectives que les membres d'une collectivité ont d'eux-mêmes. Ces représentations, y compris celles d'autres, sont les constructions sociales d'une société ou d'un groupe ethnique. (Berting, 2001 : 41).

Les stéréotypes ethniques et nationaux apparaissent comme une forme particulière à travers laquelle se manifeste la tendance des groupes sociaux à l'ethnocentrisme. Dans la formation des stéréotypes ethniques interviennent une interprétation particulière, unilatérale, déformée ; ce sont les « biais» de l'image d'Autre. Plus celui-ci est étranger, étrange et non-compréhensible plus déformant est le stéréotype qui se forme à ses frais. (Bochman, 1994 cité dans Villain Gandossi, 2001). Les stéréotypes sont aussi interprétés comme un canal par lequel se décharge l'agressivité (Villain Gandossi, 2001).

1.2.1 Les stéréotypes dans les représentations collectives des pays du sud

Comme les diasporas qui font partie de ce mémoire sur la radio viennent de pays du Sud autrefois colonisés par les pays du Nord, j'aimerais bien élargir quelques aspects de représentations du pays du Sud par les pays du Nord et par les peuples de ces derniers.

Historiquement, dans l'axe Nord-Sud, c'est le Nord qui a dominé pendant l'ère d'impérialisme, quand les pays du Nord sont devenus plus puissants que les pays du sud, devenus, eux, des « colonies ». Actuellement on trouve que presque toutes les représentations médiatiques concernant les pays les moins puissants par les pays plus puissants entrent dans des stéréotypes. Les théories suivantes vont éclairer quelques idées dont les stéréotypes du Sud sont issus.

Selon Edward Said `Impérialisme' désigne la pratique, la théorie, et la mentalité d'une métropole dominatrice qui gouverne un territoire lointain. Le `colonialisme' qui est presque toujours une conséquence de l'impérialisme, est l'installation d'une population sur un tel territoire. « L'empire écrit Michael Doyle, est une relation officielle ou informelle ou un Etat contrôle la souveraineté politique effective d'une autre société. Il peut être instauré par la force, la collaboration politique, la dépendance économique, sociale et culturelle. L'impérialisme est simplement le processus ou la stratégie d'établissement et de maintien d'un empire » (Said 2007 : 44).

1.2.2 L'Orientalisme

En 1978 l'intellectuel Palestinien Edward Said, a tenté de comprendre les représentations générées par les pays coloniaux. Dans son ouvrage Orientalisme : L'Orient créé par l'Occident (1978) il a élaboré la théorie que l'orientalisme est un style occidental de domination, de restructuration et d'autorité sur l'Orient. De manière constante, la stratégie de l'orientalisme est fonction de cette supériorité de position (sic) qui n'est pas rigide et qui place l'Occidental dans toute espèce de rapports avec l'Orient sans jamais lui faire perdre la haute main (Said 1978 :20).

De surcroît, la prise en compte par l'imagination des choses de l'Orient était plus au moins exclusivement fondée sur une conscience occidentale qui se représentait elle même comme souveraine; de sa position centrale indiscutée émergeait un monde oriental, puis une logique gouvernée non seulement par la réalité empirique, mais par toute une batterie de désirs, de répressions, d'investissements et de projections (Said, 1978 :20).

En même temps Said soutient que l'Occident et l'Orient ont été fabriqués par l'homme. C'est pourquoi tout autant que l'Occident lui-même, l'Orient est une idée qui a une histoire et une tradition de pensée, une imagerie et un vocabulaire qui lui ont donné réalité et présence en Occident et pour l'Occident. Les deux entités géographiques se soutiennent ainsi et, dans une certaine mesure, se reflètent l'une l'autre.

Said a soutenu que le terme `Orient' n'est qu'un assemblage de représentations construites par des pays puissants. L'Orient est une création des pays de l'Ouest et porte une image contraire et inférieure à la leur. La culture du pays colonisé est  « autre » par rapport à la culture du pays colonisateur. L'orientalisme est un système de régularisation de la connaissance qui appartient au pays colonial. Il s'agit de l'interprétation de la culture du pays colonisé par les pays coloniaux par rapport à leur propre culture, leurs langues, leurs arts et leurs modes de la vie. Les pays colonisateurs génèrent une image globale de la société colonisée. Les pays colonisés internalisent ces représentations générées.

1.2.3 La Culture de la Résistance

Selon Said, après avoir vaincu les colonisateurs il faut que les pays auparavant colonisés s'efforcent de récupérer leur culture déjà effacée par les formes de dominations coloniales. Said postule que les écrivains des pays auparavant colonisés gardent leurs blessures de l'époque précédente ce qui les amène à envisager leur avenir dans un espace réclamé aux pays coloniaux- comme une résistance contre ces pays.

Said élabore sa théorie avec les motifs de la quête et du voyage qui apparaissent dans le livre de l'écrivain d'origine kenyane James Ngugi. Selon la perspective de Said, l'écrivain dans son roman: La Rivière de Vie réinterprète et recrée l'idée du fleuve décrit par Joseph Conrad dans son livre Le Coeur de Ténèbres.

Dans Résistance et Opposition qui fait partie de son livre Culture et Impérialisme paru en 1994 Said postule qu'après la période de : « résistance primaire», qui a été en fait le combat contre l'intrusion extérieur, vient le temps de la résistance secondaire, c'est-à-dire idéologiques. Trois grands thèmes font surface dans la résistance culturelle décolonisant mais en réalité lies. : a) le droit du pays à voir son histoire dans son ensemble, b) au lieu d'être une réaction, l'idée de résistance peut être une manière alternative de décrire les histoires de pays autrefois colonisés - dans lesquels les récits du colonisateur et du colonisé sont mélangés. Par exemple le roman Les enfants de minuit de Salman Rushdie, c) remplacement d'un nationalisme séparatiste par un nationalisme interne qui intègre les communautés humaines.

Se référant aux stéréotypes Said estime que personne n'est purement une chose. Les marques comme indien, femme, musulman, américain ne sont que des points de commencement, et peu importe le moment où ils sont suivis par les expériences réelles. Le don pire et paradoxal du colonialisme fut de laisser les peuples croire qu'ils sont seulement, notamment, noirs, blancs, occidentaux ou orientaux.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry