2. 3 Radiodiffusion allemande
Ces sentiments antisémites propagés par tous les
médias furent accaparés par les nazis. La radio émergea,
en effet, comme un moyen idéal et le moins cher pouvant communiquer
cette propagande nazie instantanément aux gens. Le gouvernement nazi
obtint le contrôle sur le Reichsrundfunkgesellschaft (RRG) la
station de service public. Les allemands ont pensé que la radio allait
faciliter la création de la communauté du peuple ( la
Volksgemeinschaft).
L'élargissement de l'audience passait tout d'abord par le
développement du parc des récepteurs. Goebbels opta dans ce
domaine pour une politique volontariste, popularisée par un slogan :
«La radio dans chaque foyer allemand!». Le lancement en grande pompe,
en août 1933, d'un récepteur bon marché, le
Volksempfänger (littéralement « récepteur du
peuple »), fut suivi de la commercialisation, en 1938, d'un appareil plus
petit et moins cher, mais moins performant, le
DeutscherKleinempfänger. Même si elle n'atteignait pas son
but, un taux d'équipement de 100%, cette politique porta ses fruits
puisqu'en 1941, près de 65% des ménages allemands
possédaient un poste de radio, contre 25% en 1933 (Favre, 2004). Pendant
le lancement de cet appareil, Goebbels a fait un discours décrivant la
radio comme « la huitième grande puissance du
monde »
Pendant la période nazie, il fallait écouter la
radio avec la fenêtre ouverte pour que les voix et des idées
nazies se répandent partout. C'est pourquoi Marshall Mc Luhan dans
Pour comprendre les Média en 1964, a qualifié la radio
comme « tam-tam tribal » et « qu'un Hitler
ait seulement pu exister politiquement est une conséquence directe de la
radio et des systèmes de sonorisation » Hitler disait
à la radio de Munich, le 14 Mars 1936 : « Je fais mon chemin
avec une assurance de somnambule ». Ses victimes et ses critiques ont
été aussi somnambules que lui. Ils ont dansé,
envoûtés, par le tam-tam tribal de la radio, qui prolongeait leur
système nerveux central et leur imposait à tous une
participation en profondeur. « Je vis véritablement à
l'intérieur de la radio quand je l'écoute. Il m'est beaucoup plus
facile de me perdre dans la radio que dans un livre » disait un
auditeur interrogé au cours d'un sondage sur les habitudes
radiophoniques » (Mc Luhan, 1964 : 326-328).
En trouvant que les discours politiques, les campagnes
électorales, les rassemblements de Nuremberg faisaient fuir l'attention
d'auditeurs, Goebbels a commandé la diffusion des émissions
musicales. La part des émissions musicales et de divertissement augmenta
fortement entre 1934-1935 et 1938, pour baisser de nouveau en 1939, lorsqu'il
s'agit de préparer la population à la guerre (Favre, 2006). D'une
part la radio était un moyen de communication très efficace et de
l'autre le fait que les chefs ne pouvaient pas voir la réaction des
auditeurs, limitait leur contrôle. Le poste de gardien de la radio fut
créé pour que la radio ait un médiateur. Le gardien
réunissait les auditeurs dans les clubs de radio, qui poussaient comme
des champignons en Allemagne, et contrôlait les réactions des
auditeurs.
La propagande nazie n'était pas limitée au
territoire allemand. Entre 1939-45 la propagande nazie fut diffusée
partout dans le monde, dans plusieurs langues étrangères. Selon
une enquête menée par Jeffrey Herf sur la propagande nazie,
diffusé en Arabe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et Persan en
Iran, s'appuyaient sur les sentiments anti-juifs existant chez ces peuples pour
propager d'avantage l'antisémitisme. L'Allemagne avec sa station
radiophonique de Zeesen est devenue le plus grand poste de propagande dans le
monde. Après les Jeux Olympiques de Berlin en 1936, le poste de Zeesen
fut utilisé pour diffuser les émissions en langue allemande pour
les Allemands demeurant en Afrique du Sud, en Amérique du Sud et aux
Etats-Unis pour propager l'image de l'Allemagne comme un pays grand et tout
puissant. Les rédacteurs des journaux dans ces derniers pays ont suivit
ces émissions et rajouté ces informations, en les diffusant dans
leur journaux popularisant ainsi les idées nazies et antisémites.
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