2.2 Antisémitisme en Allemagne
Pendant le régime nazi les stéréotypes juifs
ont atteint un niveau meurtrier et dangereux. Adolf Hitler en créant le
fantasme d'une Allemagne toute-puissante, exploita les sentiments
d'antisémitisme déjà présents dans la
société allemande de l'époque. Hitler créa
ce fantasme pour atténuer le sentiment d'une Allemagne
dégradée après la première guerre mondiale. Il
s'appuya sur le christianisme et les valeurs familiales et sur la
supériorité supposée de la race aryenne pour
régénérer le pays.
Pour l'antisémite, cette idéologie présente
une attraction particulière. La question « qui suis-je ?
» est remplacée par « à qui j'appartiens ?
». Dans l'identification collective, les autres deviennent des reflets de
soi-même et l'individualité et les différences sont
effacées. Les écrits antisémites du XIXe siècle
sont pleins de comparaisons entre une nature allemande organiquement
fondée, et une nature juive qui serait différente. Le vieux mythe
d'Ahasver du Juif éternellement errant et chargé de
culpabilité, se transforme en l'image du Juif moderne
déraciné. L'affranchissement des Juifs signifie alors leur
apparition dans l'ensemble organique de la nation et de la culture allemande.
(Bohleber, 2002).
Les représentations des juifs étaient totalement
contradictoires pendant le régime nazi. D'une part ils étaient un
adversaire diabolique puissant pour la
lutte pour la domination du monde et représentaient une
menace mortelle pour le peuple allemand et le monde entier, d'autre part, ils
devenaient des êtres faibles qu'on pouvait agresser sans crainte et sans
danger. Dans le monde politique et intellectuel les juifs étaient
considérés comme « corrosifs ». Lorsque la
participation politique fut biologisée par la notion raciale, la
corrosion reçut, dans le national-socialisme, une signification
destructrice concrète pour le corps populaire considéré
comme organique. Comme nous le montre l'analyse des idéologies
d'extrême droite actuelles, la crainte du mélange est la crainte
principale de tous les racistes xénophobes. Ils sont
obsédés par la peur qu'un ensemble vu comme homogène et
pur pourrait être dissous ou fragmenté ou explosé. C'est la
peur de la rencontre avec « l'autre » qui refuse de se fondre dans le
tout organique. (Bohleber, 2002). Soulignant les représentations juives
pendant l'époque nazie, Hitler a dit « si les juifs
n'étaient pas la, il fallait les inventer ».
2.2.1 Les discours antisémites
Dés le début Hitler a reconnue la puissance de la
parole. Le parti national socialiste s'appuya sur les discours publics.
Elaborant le rôle des discours publiques dans Mein Kampf Hitler
a écrit : « Le pouvoir des grandes religions et
idéologies politiques dans l'histoire s'est développé par
la magie de la parole, uniquement. » Le nazisme fut
vague dans les détails de ses objectifs mais clair dans sa
rhétorique. Ceux qui avaient des oreilles pouvaient l'entendre (Bytwerk,
2008:1). Hitler fut un annonceur charismatique qui pouvait convaincre des
milliers de personnes de la mission du parti national socialiste.
L'extermination des juifs étant la plus importante.
Dès son premier discours radiophonique en 1933,
après avoir gagné le pouvoir, Hitler aborda le sujet du
« problème juif ». Bien qu'Hitler n'ait pas fait de
discours fréquemment à la radio, pendant son régime
plusieurs idéologues du parti national socialiste ont fait des discours
antisémites. Ces discours sont une preuve des préjugés du
parti politique allemand contre les Juifs.
Voici quelques extraits des discours antisémites :
1 Politique raciale du parti national socialiste
(1934) - Discours du Dr Walter Groß
Bien que ce discours ne soit pas ouvertement antisémite,
il sous-entendait des sentiments antisémites.
Dans notre Reich, nous séparons ce qui nous
appartient, parce que c'est le sang de notre sang, de ce qui ne nous appartient
pas, parce qu'il est étranger. Nous faisons ce qui est droit, non
seulement pour le moment, mais pour l'éternité.
1 C'est les Juifs ou nous par
Robert Ley (1937) : dans ce discours Ley accuse les Juifs de tous
les problèmes de l'Allemagne et dit : « Si les Juifs
veulent se battre avec nous on n'a pas de problème. Nous attendons cette
bataille depuis longtemps. Il n'y a plus de place pour les Juifs aujourd'hui
dans ce monde. Les Juifs ou nous, un des deux doit partir ».
1 La question de race et la propagande
mondiale par Joseph Goebbels (1937) : pendant le rassemblement de
Nuremberg. Dans ce discours Joseph Goebbels dit que les Juifs font une grande
erreur en critiquant les Allemands.
Cette aile radicale, a porté un coup extrêmement
dur à la communauté juive mondiale et à ses alliés.
Ils ont mis le problème juif en débat, et les résultats ne
peuvent être qu'en leur défaveur.
En 1939 Hitler diffusa la « solution finale au
problème juif » dans un discours de Reichstag.
« L'Europe n'aura pas la paix tant que la question
juive n'est pas éliminée.... Le monde a la
capacité suffisante pour le règlement, mais nous devons rompre
avec la notion selon laquelle un certain pourcentage du peuple juif est
destiné, par notre cher Dieu, pour être le
bénéficiaire parasite du corps, et du travail productif, d'autres
peuples. Les Juifs doivent s'adapter à un travail constructif
respectable, comme les autres peuples, ou ils succomberont tôt ou tard
à une crise aux proportions inimaginables. Si la finance internationale
de la communauté juive à l'intérieur et l'extérieur
de l'Europe devait réussir à plonger le pays dans une guerre
mondiale encore une fois, alors le résultat ne sera pas la victoire des
Juifs, mais plutôt l'anéantissement de la race juive en
Europe! »
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