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La construction de territoires imaginaires par et pour les diasporas à  travers trois radios locales grenobloises

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par Elsa Mathews
Université Stendhal - CoMundus: Media, Communication and Cultural Studies 2010
  

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3.2 La Diaspora Maghrébine

La diaspora maghrébine vient de trois pays d'Afrique du Nord : Algérie, Tunisie, Maroc. Ces pays étaient autrefois colonisés par la France52. Le Maroc et la Tunisie sont devenus indépendants en 1956, tandis que c'est en 1962 que l'Algérie a gagné son combat pour la liberté. Les premieres vagues d'immigration maghrébine, jusqu' aux années 70, étaient plus au moins composées de travailleurs venus sans leur famille53. Limitée à l'origine aux régions de l'Est de l'Algérie, et en particulier de la Kabylie, elle s'est généralisée progressivement à l'ensemble de l'Algérie (Zehraoui, 2003).

Les deux guerres mondiales ont amené de nombreux maghrébins en France. Entre 1915 et 1918 la France a recruté 15 000 soldats et 78 000 travailleurs algériens, 35 000 marocain, 18 000 tunisiens. Ils ont été renvoyés chez eux après la démobilisation. En 1920, par exemple, il reste 5000 Algériens en France. Cependant, la période de reconstruction et les besoins des années suivantes créées par l'équipement électrique, le raffinage du pétrole, la construction automobile, l'industrie chimique, la sidérurgie, font que de 1922 à 1924, 175 000 travailleurs algériens sont introduits en France. La crise des années 1930 provoque des retours et en juin 1938 on compte 125 000 algériens

51 C'est une figure approximative communiquée par Edwige Elkaim Présidente du CRIFGrenoble. Selon elle les juifs sont assez frileux concernant les « fichiers ». La deuxième guerre mondiale et la Shoah en sont la cause.

52 L'Algérie était un département français, la Tunisie et le Maroc des protectorats

53 Ahsène Zeheraoui, De l'homme seul à la famille : Changements et résistance dans la population d'origine Algérienne dans Hommes et Migrations, N°1244 Juillet-Aout 2003.

en France54.

A partir de 1939, des algériens furent requis pour travailler à Livet-Gavet notamment ; « être requis » signifiait avoir un statut de « mobilisé » dans une entreprise, avec interdiction de la quitter. Quand des travailleurs s'échappaient, le patron avertissait aussitôt la gendarmerie qui tentait de les retrouver ; certains fuyaient le climat, d'autres, à partir de 1941 étaient sollicités par des filières allemandes pour aller travailler en Allemagne (Muzard, 2001) Les premières données de 1941 constatent 500 Algériens environ dans l'Isère, en 1942 il y avait 589 Algériens et en 1943 il y avait 223 Algériens dans l'arrondissement de Grenoble. Le gouvernement de Vichy à créé un service social nommée MONA (Main d'oeuvre nord-africaine) qui avait pour objet d'apporter un soutien social auprès de cette population afin de la stabiliser55.

La seconde guerre mondiale a eu un impact fort sur la perception par les indigènes des pays colonisateurs, par conséquent sur les relations entre colonisateurs et colonisés. En dépit de la croissance des mouvements nationalistes dans les pays maghrébins le taux d'immigration augmenta dans une proportion plus importante qu'auparavant.

C'est après 1945 que les maghrébins ont commencé à s'enraciner à Grenoble. Il y avait plusieurs raisons à ce développement : l'espérance de trouver une meilleure condition de vie, pour certains le fait d'avoir la nationalité française par le mariage avec une française ; les autorités françaises sont attentives aux demandes d'Algériens pour obtenir logement et emploi (pour ne pas encourager une rébellion contre le régime français au Maghreb).

54 Pour que la vie continue D'Isère et du Maghreb, Mémoires d'immigrés,Musée Dauphinois, Grenoble, Octobre1999.

55 Ibid p. 15.

L'immigration provenant des pays maghrébins augmente vers 1955 lors du démarrage d'une réelle période de croissance provoquée par la mise en exploitation de ressources énergétiques nouvelles, par le développement de grands travaux d'équipement, par la construction de logements, la relance de la sidérurgie, de la chimie, des industries, des automobiles et des appareils ménagers. Des accords bilatéraux de main-d'oeuvre avec des pays africains notamment maghrébins, qui sont demandeurs en raison de la stagnation économique du tiers-monde et de leurs besoins divers sont signés. En 1955 on compte en France 211,000 Algériens, en 1968 471 000, 88 280 Marocains, 60 180 Tunisiens, et en 1974 711 000 Algériens, 260 000 Marocains, 140 000 Tunisiens56. En 1968, la municipalité de Grenoble a confié un local d'animation à l'Association Dauphinoise de Coopération Franco-Algérienne (ADCFA) qui était accolé à la MJC des Allobroges. Des cours, des animation culturelles ont permis à de jeunes algériens d'avoir un lieu de rencontres et de se former à l'organisation des loisirs. (Muzard, 2001).

L'immigration Marocaine est devenue plus forte après l'accord bilatéral entre le Maroc et la France en 1963. A partir de cette date le déploiement des agents français recruteurs de main-d'oeuvre va faire en sorte que les effectifs des travailleurs marocains en France vont passer de 33 300 en 1962 à 260 000 en 1975. En Isère, entre ces deux mêmes dates, le nombre de Marocains est passé de 193 à 2785. (Chaouite, 2001).

Bien qu'un accord ait été signé entre la France et la Tunisie en 1963 un bureau d'Office National français de l'immigration n'a été établi qu'en 1969. C'est l'année qui a enregistré le nombre de plus important de départ de Tunisiens vers l'étranger : 36 340 sorties contre 10 000 en196857.

56 Ibid p. 14

57 Hamouda Hertelli ; Les Tunisiens en Europe dans Migrations Société ; Espace Politique et Immigration Revue de Presse (Italie) Vol, 6, N°6, Novembre-Décembre 1994. P.19.

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