Chapitre 2. Histoire de la Radio
Dans ce chapitre je décris les manières par
lesquelles la radio fut utilisée par les allemands, d'abord et les
anglais ensuite dans le contexte des conflits mondiaux de la première
moitié du XXème siècle. Nous avons décidé de
commencer ce chapitre par une réflexion sur les
stéréotypes liés au juif, qui nous paraissent
emblématiques de ce que la radio en a fait depuis son apparition au
début du XXème siècle. Par ce détour nous
espérons retrouver dans notre corpus l'écho du discours
radiophonique portant sur ou s'adressant à diverses diasporas.
2.1 Les stéréotypes juifs
Les stéréotypes constituent un important
élément d'intégration des groupes, des motivations, des
actions sociales, de la propagande, des partis pris, du caractère social
des individus (Villain Gandosi, 2001). Il se produit une situation paradoxale
qui pourtant existe bien souvent dans la vie, c'est-à-dire que le savoir
en apparence intellectuellement assimilée, est émotionnellement
«étouffé » et pratiquement effacé de la
conscience, car ce savoir est incommode. Une situation somme toute
schizophrénique étant donné que le sujet donné sait
quelque chose et en même temps ne sait pas. (Villain-Gandossi, 2001).
Les juifs font partie d'un groupe linguistique sémite
qui constitue les langues hébreu, arabe, l'araméen et le
guèze d'Ethiopie. Toutefois, l'antisémitisme est lié au
développement du concept de race. A la fin du XIXème
siècle il conçoit les juifs comme les ressortissants d'une race
inférieure. Le juif par son refus de devenir chrétien est
considéré comme un personnage hors norme. L'imagier
médiéval va faire grand cas de cette notion d'étranger
pour figurer le juif, le souci primordial est en effet la distinction
qui
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Extrait de l'ouvrage : "Trau
keinem Fuchs auf grüner Heid und keinem Jüd auf seinem
Eid", 1935-1936 (BD pour enfant)
Dans ce dessin, on aperçoit l'allemand à gauche
: grand, blond et fort. La pelle qu'il tient dans sa main indique que c'est un
travailleur. Contrastant avec l'idéal nazi, le juif est
représenté sur la droite de l'image : petit, gros, très
brun, nez crochu. Il est richement vêtu, tient dans sa main droite un
attaché-case, enfin un journal dépasse de sa veste. L'image est
appuyée par le texte qui demande aux enfants de comparer les deux
images, « Facile de reconnaître qui est qui ! »
(Léa Boisaubert dans le dossier pédagogique
Stéréotypes et préjugés de Musée d'art et
d'histoire du Judaïsme, Paris)
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doit être faite entre le chrétien et
l'autre (en gras dans le texte). Ainsi, on distingue
à l'époque certaines caractéristiques «ethniques
» : le juif apparaît plus petit que le chrétien, plus
foncé de teint et de cheveux. La verve satirique de l'artiste accentue
également la courbure du nez : les premieres caricatures de juifs au nez
crochu apparaissent en Angleterre dès 1233. Depuis des temps anciens,
les caractères imparfaits de la physionomie sont
considérés comme liés aux les imperfections mentales du
sujet. Le caractère hors norme du physique du juif révèle
donc son appartenance à l'univers du mal et du péché. Le
juif, avec ces attributs particuliers, est mis en scene dans l'iconographie
médiévale à travers des mythes et légendes
populaires26.
Les mythes et représentation populaires du juif sont
celles de voleur, d'avare, d'envieux et de traitre. Leur rejet du christianisme
leur donna le titre de « déicide » ou ceux qui
tuent Dieu. En 1596, William Shakespeare dans son oeuvre « Le
Marchand de Venise » représente le caractère juif
Shylock comme
26 Boisaubert, Léa, Dossiers Pédagogiques;
Stéréotypes et Préjugés ; Musée d'art
et d'histoire du Judaïsme, Paris
un usurier inflexible qui demande froidement une livre de
chair d'un corps d'un marchand. C'est une fausse27
représentation qui fige le juif dans un stéréotype. Lors
de l'écriture du « Le Marchand de Venise » il n'y
avait plus des juifs en Angleterre. Ils ont été expulsés
en 1290. L'auteur a pourtant hérité des puissants
stéréotypes transmis par l'Église, comme celui du juif
malveillant, coupable de tout, en passant par l'empoisonnement des puits,
jusqu'aux sacrifices rituels (Boisaubert).
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