2.2 Antisémitisme en Allemagne
Pendant le régime nazi les stéréotypes
juifs ont atteint un niveau meurtrier et dangereux. Adolf Hitler en
créant le fantasme d'une Allemagne toute-puissante, exploita les
sentiments d'antisémitisme déjà présents dans la
société allemande de l'époque28. Hitler
créa ce fantasme pour atténuer le sentiment d'une Allemagne
dégradée après la premiere guerre mondiale. Il s'appuya
sur le christianisme et les valeurs familiales29 et sur la
supériorité supposée de la race aryenne pour
régénérer le pays.
Pour l'antisémite, cette idéologie
présente une attraction particulière. La question « qui
suis-je ? » est remplacée par « à qui
j'appartiens ? ». Dans l'identification collective, les autres
deviennent des reflets de soi-même et l'individualité et les
différences sont effacées. Les écrits antisémites
du XIXe siècle sont pleins de comparaisons entre une nature allemande
organiquement fondée, et une nature juive qui serait différente.
Le vieux mythe d'Ahasver du
27 La loi juive interdit de découper de la chair sur un
animal vivant et insiste sur le fait qu'une mesure juridique ne doit être
ni dégradante ni cruelle.
28 Thèse de Daniel Jonah Goldhagen cité dans
La Construction de Communautaires imaginaires et l'image des juifs,
Werner Bohleber dans Le Coq-héron 3/2002 n°170), p 13-38.
Disponible sur www.cairn.info.
29
http://www.hitler.org/speeches/02-01-33.html
Juif éternellement errant et chargé de
culpabilité, se transforme en l'image du Juif moderne
déraciné. L'affranchissement des Juifs signifie alors leur
apparition dans l'ensemble organique de la nation et de la culture allemande.
(Bohleber, 2002).
Les représentations des juifs étaient
totalement contradictoires pendant le régime nazi. D'une part ils
étaient un adversaire diabolique puissant pour la lutte pour la
domination du monde et représentaient une menace mortelle pour le peuple
allemand et le monde entier, d'autre part, ils devenaient des êtres
faibles qu'on pouvait agresser sans crainte et sans danger. Dans le monde
politique et intellectuel les juifs étaient considérés
comme « corrosifs ». Lorsque la participation politique fut
biologisée par la notion raciale, la corrosion reçut, dans le
national-socialisme, une signification destructrice concrète pour le
corps populaire considéré comme organique. Comme nous le montre
l'analyse des idéologies d'extrême droite actuelles, la crainte du
mélange est la crainte principale de tous les racistes
xénophobes. Ils sont obsédés par la peur qu'un ensemble vu
comme homogène et pur pourrait être dissous ou fragmenté ou
explosé. C'est la peur de la rencontre avec « l'autre » qui
refuse de se fondre dans le tout organique. (Bohleber, 2002). Soulignant les
représentations juives pendant l'époque nazie, Hitler a dit
« si les juifs n'étaient pas la, il fallait les inventer
».
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