CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL ET QUELQUES
GENERALITES SUR LES FORETS
I.1. CADRE THEORIQUE
Le présent travail de recherche s'inscrit dans le cadre
de la théorie de développement (la théorie de la
dialectique fonctionnement changement) développé par Alain
Touraine9 qui propose de prendre le problème par un autre
bout, en réfléchissant sur le couple fonctionnement-
changement.
Selon lui, toute société humaine a une structure
de fonctionnement qui maintient la continuité et cette continuité
est nécessaire. D'autre part, la stabilité-valeur réelle
engendrée par la continuité peut devenir repli sur une situation
acquise, sur des statuts considérés comme immuables, donc blocage
à tout effort de développement.
Ce blocage dans la stabilité paralysante peut
être provoqué par l'ignorance, le manque des vraies informations,
la passivité, la peur, la résignation, la manipulation.
Il faudra donc que surgissent au sein du coeur de la
société ou venues d'ailleurs, des personnes qui pensent
autrement, qui prennent des initiatives, sortent des sentiers battus, suscitent
des mutations favorables, rétablissent l'équilibre et la justice
sociale.
Leur action peut se dérouler des diverses manières
:
L'action concertante ; sur un terrain spécifique,
appelle les membres du groupes à se mettre ensemble, à chercher
à découvrir, à promouvoir sur le plan local un autre mode
de fonctionnement, ici ce qui est important, c'est de parvenir à un
large consensus de société locale comme c'est le cas du Sud Kivu
et de mettre en place des occasions de concertations.
L'action innovatrice ; sans mettre totalement en cause la
structure sociale, lui imprime
une nouvelle impulsion, l'oriente dans une mutation, suscite et
forme des animateurs,
l'influence d'un groupement voisin ou de l'action d'un
technicien de développement.
Le problème qui se pose ici repose sur la question :
« comment adapter un comportement, une structure traditionnelle à
une nouvelle façon de vivre qu'actuellement souhaitée ?
L'innovation est alors, soit rejetée ou admise telle quelle, soit la
rendre compatible à la structure sociale et culturelle existante. De
toute façon la communauté en quête de
9 Georges DEFOUR, le développement rural en
Afrique Centrale, théories et essai d'analyse critique, éd,
Bandari, Bukavu, 302p.
développement doit intégrer l'innovation, la
créativité, en la laissant libre. Dans tout le cas,
l'élément innovateur doit être, d'une certaine
façon, bivalent :
D'une part il doit être intégré à
la communauté et y jouir d'une certaine estime, cela de façon
à pouvoir agir par l'intérieur ; il est donc en quelque sorte
favorable à la tradition, à la continuité,
D'autre part, il doit savoir se distancier, être
contestataire, évaluer, juger, critiquer, remettre en question
l'institué, imaginer du neuf. Il est donc en méme temps pour et
contre et c'est ce qui lui donne la faculté de provoquer un changement
doux, progressif, sans agressivité douloureuse.
Pour ce qui est de notre cas, nous ne pouvons pas aussi d'une
manière brusque faire adopter un nouveau comportement dans la ville de
Bukavu et ses environs, mais tout devra partir de cette théorie de la
dialectique-fonctionnement-changement où les acteurs concernés
devront se mettre ensemble en vue de discuter de leurs problèmes via un
facilitateur interne ou externe afin que tous arrivent au même
degré de compréhension et une prise de conscience sur les
conséquences liées à l'exploitation abusive des ressources
forestières pour des fins énergétiques.
Ainsi donc, nous pouvons aboutir à provoquer un
changement des comportements qui soit doux, progressif et sans
agressivité douloureuse sur les préférences
traditionnelles de notre cible.
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