3.3. Apport éventuel de
la Belgique dans la relance du développement régional
La Belgique, en sa qualité de l'ancienne
métropole, a un rôle capital de facilitateur à jouer dans
la relance de la CEPGL. Son action peut se centrer sur trois dimensions :
poursuivre la consolidation de la paix en cours dans la région, assurer
des conditions favorables à la conduite des affaires économiques
des États et aider au développement socio-économique de la
région.
a) La paix et la sécurité aux frontières
constituent un préalable indispensable à la reconstruction de la
région. De ce fait, le Gouvernement belge peut :
ü conditionner de manière durable toute aide
à octroyer aux États de la région au respect de
l'intégrité territoriale de chacun d'eux;
ü oeuvrer à la création d'un
mécanisme de surveillance du commerce des armes conformément aux
recommandations du groupe d'Experts de l'ONU sur l'Est du Congo. Ce
mécanisme doit également contrôler le lien entre le
commerce des armes et l'exploitation du Diamant, de l'Or et du Coltan de la
RDC;
ü continuer à appuyer la mise en oeuvre des plans
de Désarmement, Démobilisation et Réintégration
(DDR) ainsi que de Rapatriement et de Réinstallation (DDRRR) dans les
Grands Lacs, afin de garantir la démobilisation des enfants soldats, des
groupes rebelles et des milices et leur réinsertion dans la vie
civile;
ü promouvoir le renforcement de l'efficacité de la
Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en
République Démocratique du Congo (MONUSCO) ex-MONUC (la mission
d'Observation des Nations Unies au Congo);
ü apporter son appui aux divers processus de transition
démocratique dans la région;
ü soutenir la consolidation de l'État de droit et
la remise en place de l'administration dans l'ensemble des pays des Grands
Lacs.
b) Afin d'assurer aux États de la région
des conditions favorables à la conduite de leurs affaires
économiques, le Gouvernement belge pourra :
o plaider pour l'annulation du solde de la dette de la RDC, de
la dette du Rwanda et du Burundi auprès des créanciers
bilatéraux (Club de Paris et autres) et multilatéraux (Fonds
Monétaire Internationale [FMI], Banque Mondiale [BM] et Banque Africaine
de Développement [BAD]). Les modalités d'application d'une telle
mesure devront néanmoins être conditionnées à la
mise en oeuvre effective de mécanismes de lutte contre la corruption et
à l'utilisation des fonds dégagés pour la
réalisation des objectifs de développement du millénaire
dans ces pays. Il faut également veiller à ce que la remise de la
dette ne soit pas un prétexte à la création d'une nouvelle
dette très lourde;
o poursuivre, sur le plan bilatéral, ses efforts en
faveur de l'annulation de la dette de la RDC, du Rwanda et du Burundi, en
tenant compte des mêmes conditions;
o faciliter des enquêtes aux niveaux belge et
international afin de réattribuer aux populations de la région
l'argent mal acquis et placé dans des banques à
l'étranger;
o veiller à ce que les positions du Gouvernement belge
au sein des Institutions Financières Internationales (Banque Mondiale,
FMI) soient en adéquation avec les Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD) qu'il s'est engagé à promouvoir
dans la région des Grands Lacs. Le Gouvernement belge devra
procéder à un examen approfondi de l'impact
socio-économique des mesures macroéconomiques et d'ajustements
structurels contenus dans le Document de Stratégique de Réduction
de la Pauvreté (DSRP) adoptés par la RDC, le Rwanda et le
Burundi, sous l'égide de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire
International.
c) En vue de promouvoir un développement
économique et social soutenable de la région et rappelant les
demandes déjà adoptées par le Parlement concernant la RDC,
le Burundi et le Rwanda, nous recommandons au Gouvernement belge :
ü d'accorder, dans sa politique de coopération
avec les États de la région, la priorité au
développement humain axé sur la satisfaction des besoins dans les
domaines de la sécurité alimentaire, de la santé, de
l'éducation et de la formation. L'accent sera mis sur les
catégories les plus démunies ou les plus vulnérables de la
population;
ü de soutenir les investissements dans les
infrastructures de base;
ü de favoriser la réhabilitation des
coopératives d'épargne et de crédit ainsi que des
associations mutualistes dans la région;
ü de mener une politique active en vue d'aider les
entreprises belges qui souhaitent investir dans la région;
ü de veiller à ce que son soutien, accordé
aux entreprises actives dans les Grands Lacs, vise à promouvoir
l'entreprise socialement et écologiquement responsable;
ü d'accorder une importance particulière aux
microcrédits dans le cadre de sa coopération avec les pays de la
région;
ü de soutenir-en partenariat avec l'UE, la Banque
Mondiale et les Gouvernements de la région-un système de
crédit pour relancer les PME;
ü de solliciter de l'aide aux niveaux européen et
international pour la reconstruction de la région;
ü de soutenir la restauration des
écosystèmes dégradés;
ü d'accompagner sa coopération avec les pays des
Grands Lacs au respect de certains critères, à savoir, la mise en
oeuvre de politiques de bonne gestion des affaires publiques, le respect des
droits de l'homme, la reconstruction et la réconciliation, la
défense de l'intégrité humaine et territoriale, le respect
des principes démocratiques et la mise en place d'un appareil judiciaire
indépendant;
ü de soutenir le monde associatif en RDC, au Rwanda et au
Burundi et de favoriser des actions triangulaires concertées entre les
ONG, Universités, organisations patronales, syndicats et mouvements
sociaux de ces trois pays.

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