CONCLUSION
Notre analyse portant sur le rôle de
l'intégration régionale pour le développement d'un Etat
s'est basée sur la Communauté Économique des Pays des
Grands Lacs. Au terme de l'analyse, il se dégage que
l'intégration régionale est aujourd'hui au centre des
préoccupations pour le développement du continent africain.
Près d'un demi-siècle déjà d'existence juridique,
en tant qu'États souverains, les États africains ont
déployé d'efforts considérables dans la voie de
l'intégration régionale. Cependant, les progrès
réalisés dans ce domaine étant faibles, il est important
de renforcer les organisations qui ont en charge ce projet.
En effet, la Région des Grands Lacs Africains est
constituée de la zone inter lacustre comprise entre la RDC, le Rwanda,
l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie et le Burundi ainsi que le Soudan de leur zone
d'influence frontalière (le cours du fleuve Congo avec la
République Centre Africaine, la République du Congo et la
République d'Angola). Cette région a souvent été en
proie aux aléas de conflits armés particulièrement
violents et récurrents. Les cycles de violence de son histoire
précoloniale, coloniale à celle postcoloniale. L'apogée
est atteinte, au cours des années 1990 avec le génocide rwandais,
la guerre burundaise et le conflit interafricain en République
Démocratique du Congo. Tous ces conflits ont bloqué la
réalisation des projets d'intégration et de coopération
pouvant soutenir le développement.
Parmi les obstacles virtuels, nous avons ciblé entre
autres l'insécurité généralisée, la
méfiance mutuelle, le micro nationalisme, la divergence des politiques
économiques nationales, le manque de volonté politique des
dirigeants de pays membres, les conflits armés, la convoitise des
richesses naturelles des pays membres, l'adhésion des États
membres dans plusieurs organisations régionales, le manque de
démocratie et la mauvaise gouvernance, l'absence d'encrage social aux
projets intégrateurs, le décalage de niveau de
développement d'un pays à un autre,...
En dépit de tous ces problèmes, la
Région de Grands Lacs a ses atouts constitués par d'importantes
ressources naturelles (minières, énergétiques,
forestières, touristiques,...) dont l'exploitation durable est
conditionnée par le rétablissement de la paix dans la
région. Le retour à la paix constitue donc un facteur capital
pour la redynamisation des activités de la CEPGL, la
démocratisation des institutions politiques de la sous-région, la
facilité des échanges transfrontaliers basés sur la
proximité et les relations interculturelles homogènes des peuples
entre pays voisins,... Pour y arriver, les autorités politiques des pays
des Grands Lacs doivent manifester leur bonne volonté, pouvant se
traduire par la renonciation d'une partie de leur souveraineté au profit
de l'organisation et le payement régulier de cotisations afin de
permettre à la CEPGL de fonctionner normalement.
Les efforts des États membres pour la relance de la
CEPGL devront d'abord se focaliser sur des structures sécuritaires
communes pour la restauration de la paix et de la confiance mutuelle de sorte
que, par la suite, les investissements socio-économiques,
bénéficiant de l'adhésion populaire et de l'ancrage
social, contribueront au développement de la Région des Grands
Lacs. Sans ces préalables, les investissements socio-économiques
sont voués à l'échec suite à leurs
anéantissements par des volcans sociopolitiques qui minent la
Région des Grands Lacs.
Par ailleurs, la réussite de la relance de la CEPGL
peut aussi être stimulée par son élargissement en direction
des autres pays de la région, en l'occurrence de l'Ouganda, de la
Tanzanie et du Kenya conformément à son objectif primordial de sa
création, à savoir le développement de la
sous-région entière.
Au demeurant, la mise en oeuvre de la relance de la CEPGL
repose sur l'acheminement des actions notamment :
· Mettre en place des mécanismes et outils de
contrôle de frontières pour enrayer le banditisme et
l'insécurité ;
· Commencer par la réhabilitation des
infrastructures existantes ;
· Privilégier la mise en oeuvre des projets ne
faisant pas l'objet de controverses et permettant le rétablissement
progressif de la confiance entre les partenaires;
· Permettre aux Parlements des trois pays de jouer un
rôle déterminant pour :
a) généraliser la volonté politique de la
relance de la CEPGL ;
b) édicter les mesures législatives
éliminant les appréhensions légitimes de certains tels que
les droits de propriété et d'exploitation miniers et forestiers
ainsi que la traçabilité des minerais ;
c) informer la population pour sa participation et son ancrage
social aux projets.
Tel est un bref tableau de pistes de solutions non
exhaustives susceptibles de contribuer à la relance de la CEPGL devant
servir d'appui à l'intégration régionale pour le
développement des pays des Grands Lacs Africains.

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