"le rôle de l'intégration régionale dans le développement d'un Etat". Cas de la Communauté à‰conomique des Pays des Grands Lacs (CEPGL ). Analyse et suggestions( Télécharger le fichier original )par Sylvain BINGANA KUMBANA MYSTERE Université de Kinshasa - Licence en relations internationnales 2009 |
3.2. Les moteurs de la relance de la CEPGL3.2.1. La consolidation de la paix et de la sécuritéL'établissement de la paix est une condition sine qua non pour la relance des activités de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs. Les pays membres de la CEPGL doivent s'efforcer à taire leur divergence et leurs différends par des moyens pacifiques au lieu de recourir à la guerre. Ils ont intérêt de privilégier la coopération économique au sein de leur organisation. En outre, à l'intérieur de chaque pays membre, le retour de la paix est conditionné par la pratique de la bonne gouvernance, la transparence de la gestion des richesses nationales et la démocratie des institutions politiques avec la participation de la population à la chose publique. Cela évitera sans nul doute les frustrations sociales, les conflits ethniques et le recours à la force pour conquérir le pouvoir. La CEPGL pourra d'abord jouer le rôle de cadre permanent de dialogue et de négociations pour les pays des Grands Lacs et contribuer ensuite à la restauration de la confiance mutuelle entre les partenaires. Ainsi, favorise-t-elle la coopération entre les États membres en matière de sécurité aux frontières communes. Dans cette optique, elle devra se servir des mécanismes et des outils de contrôle de frontières communes pour enrayer le banditisme et la présence des refugiés armés ainsi que mobiliser les instruments existants de prévention et de gestion de conflits pour asseoir alors la sécurité dans la région. 3.2.2. Programmes d'intérêts communsLa mise en oeuvre des programmes d'intérêts communs est tributaire de la volonté politique des dirigeants des États membres qui se traduit par la réconciliation et l'abandon d'une partie de leur souveraineté au profit de la CEPGL. Chaque Etat devra régulièrement s'acquitter de ses contributions pour la bonne marche de l'organisation. Une série des préoccupations majeures pourra figurer aux programmes d'intérêts communs. Parmi celle-ci, citons notamment : * L'Énergie En sa qualité de moteur de développement, l'énergie est considérée comme un dossier prioritaire par les États de la région comme l'ont affirmé les Ministres en charge de l'Énergie du Burundi, de la RDC et du Rwanda lors de la réunion du 05 Décembre 2005 à Kigali au Rwanda. Dans le communiqué final, ils ont émis le désir de relancer la coopération énergétique et de poursuivre les efforts de production de l'hydroélectricité à partir des ressources communes en consultation avec les autres pays riverains. Ils ont également souligné la nécessité d'augmenter l'offre de l'électricité en valorisant les installations existantes ainsi qu'en mettant en place de nouvelles installations. Pour ce faire, ils ont convenu de : ü Relancer les activités de la CEPGL et de ses Institutions spécialisées, en particulier l'Énergie des Grands Lacs (EGL) ; ü Réhabiliter les installations existantes de centrales hydroélectriques Ruzizi I, II et Budana (Bunia) en RDC ; ü Installer, à l'initiative du Rwanda, une centrale thermique en phase pilote à gaz méthane du Lac Kivu de 35 Mw ; ü Tenir une Assemblée Générale de la SINELAC du 20 au 22 Décembre 2005 à son siège à Bukavu (RDC) en rapport avec le programme de construction d'une nouvelle centrale Ruzizi III d'une puissance de 82 Mégawatts (Mw). L'étude réalisée par Tractebel évalue 145 millions d'Euros comme budget ; * Les secteurs de transports et communications Jouent un rôle essentiel dans l'accélération de la coopération régionale. Les projets recommandés visent une prise en charge conjointe dans les domaines tels que de transports routiers, ferroviaires, maritimes et aériens ainsi que dans le secteur des télécommunications ; * L'agriculture Ses nombreuses potentialités sont encore peu développées, notamment : les secteurs sucrier (au Burundi) et laitier (au Nord-Kivu et au Rwanda). On envisage également l'exploitation conjointe de bois, de café, de thé, d'eau et d'écotourisme. Il y a lieu de redynamiser l'actuelle Institution de Recherche Agricole et Zootechnique (IRAZ) en un réseau régional, tout en assurant un soutien aux institutions nationales de recherche agricole et zootechnique pour réduire les écarts qui existent aujourd'hui entre elles. Actuellement, l'IRAZ ne fonctionne qu'avec les subsides du gouvernement burundais pour lesquelles il travaille exclusivement. Ce qui est contraire à son objectif de création. * La pêche Elle constitue également un secteur économique important : le Burundi et la RDC ont en commun un énorme potentiel poissonneux dans le Lac Tanganyika. * Le secteur bancaire La relance de la Banque Économique et de Développement des Grands Lacs (BEDGL) ne fait pas l'unanimité. Certains estiment que sa relance va faciliter la mise en oeuvre des programmes économiques dans la région. D'autres considèrent sa réactivation avec une demande d'une mise de fonds importants pour apurer le passif et doutent de son succès par rapport aux autres banques. D'ailleurs, ces trois pays appartiennent déjà à des structures régionales ayant leurs propres institutions financières. * Habitat, genre, lutte contre le VIH/SIDA Ces secteurs d'intérêt prioritaire méritent une mise en oeuvre d'une politique régionale considérée comme un moteur d'intégration régionale. Cependant, la réussite des projets prioritaires non exhaustifs présentés dépend de la prise en compte des initiatives riveraines et échanges locaux. En effet, ces programmes d'intérêts communs, créant de nouvelles constructions supra-étatiques, doivent capitaliser les dynamiques sociales, culturelles, économiques et même politico-sécuritaires qui s'enracinent dans les survivances des filières sociopolitiques et économiques précoloniales. A titre d'illustration, les zones frontalières de la RDC avec la RCA, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, la Zambie, l'Angola et la République du Congo ont une longue histoire d'échanges basés à la fois sur la proximité et sur les relations interculturelles homogènes des peuples riverains. On s'appuiera sur la dynamique actuelle du nouveau régionalisme qui associe la société civile dans les délibérations des politiques communes entre les États regroupés. Le but recherché dans le contexte des initiatives riveraines et des échanges locaux est que les nouveaux regroupements s'encrent davantage dans les consciences collectives et dans la vie quotidienne des populations. Ainsi, la CEPGL sera à la fois une organisation d'élites au niveau macro société dans la réglementation et harmonisation de douanes, d'échanges, de banques,...et de masses au niveau micro sociétal avec des initiatives de la société civile,, des autorités locales et traditionnelles, des commerçants et trafiquants,... souvent ignorés des autorités centrales et des initiateurs des regroupements régionaux. Par ailleurs, la CEPGL ne compte actuellement que trois membres en son sein. Son élargissement à six nouveaux États (la RCA, l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, la Zambie et l'Angola) va accroître les chances d'atteindre l'objectif primordial de sa création, à savoir celle du développement de la sous-région. Cet élargissement permettra l'organisation d'étendre sur un vaste territoire son influence de marché commun de la communauté. Le projet de relance de la CEPGL élargie à neuf autres États dont huit, à part le Kenya, entrouvrent la RDC, intéresse certaines puissances qui estiment que l'insécurité de cette région menace la paix mondiale et la sécurité internationale (73(*)). Enfin, au-delà des projets économiques, il faut construire la CEPGL sur les impératifs sécuritaires et politiques actuels. En effet, plus de deux entités intensifient leurs échanges économiques et plus elles se livrent à peu de concurrence et à plus de coopération, plus elles s'offrent des facilités de règlement de différends politiques éventuels. Cette vision justifie la multiplicité des regroupements actuellement observés en Afrique. Les organisations et regroupements se présentent comme des relais et instruments de la mondialisation. De même, nous remarquons que la prédominance d'avidité des acteurs politiques comme cause de la guerre fait que les solutions économiques soient privilégiées. Pourtant, il est démontré que même en pleine guerre entre les États, les échanges économiques demeurent, car les commerçants restent demandeurs. La région des Grands Lacs, ayant accumulé ses problèmes depuis la période coloniale, ne cessera pas de sitôt de connaître des tensions et des conflits récurrents. Ils subsisteront encore longtemps tant que ces pays continueront de privilégier d'investissements économiques sur des volcans socio - politiques. C'est pourquoi, nous recommandons aux États membres de la CEPGL de se concerter solidement sur leurs problèmes politiques que sur l'économie souvent ralentie et même détruite par les armes du politique. En effet, les pillages, la léthargie des institutions spécialisées d'une organisation comme la CEPGL, la croissance de la pauvreté résultent principalement des problèmes politiques souvent internes aux États et qui connaissent des implications et manipulations extérieures face à leur mauvaise gestion. Nous conseillons alors l'analyse interne pour toute situation de chaque pays afin d'apporter des solutions appropriées avant d'espérer à un regroupement fiable. L'état des regroupements régionaux ne vaut que celui de ses composantes. Seuls les États gérés de façon cohérente sont susceptibles de créer une organisation régionale viable profitable à la coopération et à l'intégration. * 73 Résolutions 1291 du 24 Février 2000 et 1304 du 16 Juin 2000, du Conseil de Sécurité des Nations Unies. |
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