CHAPITRE V :
INTERPRETATION ET DISCUSSION, CONCLUSION
ET RECOMMANDATIONS
5.1 Interprétation
et discussion
Le résultat trouvé lors de notre travail nous
indique que l'organisation de la filière de la viande de brousse
à Kinshasa est la même que celle trouvée par (Fargeot et
Dieval, 2000 ; Fargeot, 2004). Cette filière dans son ensemble est
animée à Kinshasa ainsi que dans d'autres pays du bassin du Congo
par des femmes qui pratiquent le commerce au détail (74.1%), les hommes
quand à eux sont plus concentrés sur la chasse et la pratique de
la vente en gros du gibier (25.8%). La viande de brousse contribue à la
sécurité alimentaire. En effet, la viande de brousse est
largement consommée dans les pays du bassin du Congo, les
quantités consommées vont de 30g/personne/jour en RDC à
180 gr /personne/jour (Fa et al, 2003).
Au niveau du spectre biologique ressorti réellement sur
base de comptage fait durant les enquêtes, nous avons constaté que
les espèces qui dominent le marché de Kinshasa sont le singe
(43.9%), le potamochère (23.8%), l'antilope (9.3%) et les grands
céphalophes (9.1%). En ce qui concerne les carcasses entières,
les singes représentent 96.6% suivis par le rat de Gambie 2.94%, le
pangolin 0.29% et le python 0.09%. La viande des animaux de grande taille
notamment le buffle est vendu en petits morceaux. Les vendeurs ont même
signalé qu'elle devient rare. Cela indique que la pression de la chasse
sur ces animaux devient très élevée. Cette surexploitation
peut devenir à terme une cause d'extinction de ces espèces
animales. Cela est en concordance avec les résultats des travaux
effectués par Hicks et al. (2010) qui ont constaté
d'importantes menaces pour la survie de Pan troglodytes scweinfurthii
dues à la chasse au sud de la rivière Uélé dans les
forêts situés autour de Buta, Aketi et Bambesa. Les animaux de
petites tailles (petits rongeurs, oiseaux, tortues, pintades...) sont en
général vendus vivants. Ce spectre avoisine celui qui a
été mis au point dans le marché de PK12 en centre Afrique
par Fargeot (2009) en réalisant que les mammifères de taille
moyenne, comprise entre 3 et 100 kilos notamment (céphalophes, Guib
harnaché, suidés, cercopithèques, cercocèbes) ,
représentent près de 60% de l'équivalent de la biomasse
animale vendue sur ce marché. Wilkie et Carpenter (2009) trouvent aussi
dans leur travail que la composition de la viande de brousse dans le bassin du
Congo est dominée par les ongulés 60-95%, les primates 5-40% et
les rongeurs 1% et les autres espèces représentent 1%
précisément en Ituri. Les études sur la consommation de
viande de brousse indiquent que les espèces sont exploitées et
permettent d'estimer l'impact probable de la chasse sur la faune.
Le commerce de gibier n'est pas contrôlé en RDC
est fait parti du secteur informel, en conséquence on trouve la viande
provenant des espèces animales sauvages totalement
protégées sur le marché. Dans le cadre de ce travail les
observations ont révélé la présence de la viande
des espèces animales totalement protégées tel que :
Pangolin (M. gigantea), Crocodile (Osteolaemus tetraspis),
Buffle (Syncerus caffer caffer), Sitatunga (Tragelaphus
spekei), Guib harnaché (Tragelaphus scriptus),
Potamochère (Potamochoerus porcus), Aigle (Pandion
haliaetus), Varan (Varanus niloticus), Python (Python
sebae) ; figurant à l'annexe de
l'ordonnance loi n° 82-002 du 28 Mai 1982 portant réglementation de
la chasse en RDC.
|