En saillie naturelle, le seul critère fiable signalant
l'oestrus chez la lapine est l'acceptation de l'accouplement. Les lapines
pouvant se montrer agressives envers les mâles introduits dans leur cage,
l'accouplement doit avoir lieux dans la cage du male. Elles sont
immédiatement retirées si aucune saillie n'a lieu (Brower,
2006).
Les oestrogènes induisent le comportement d'oestrus :
en présence du mâle, la lapine s'immobilise après une
courte phase de poursuite, puis se positionne en lordose. En cas de non
réceptivité, la lapine est ramassée sur elle même et
évite le mâle, voire présence de l'agressivité.
La progestérone sécrétée par le
corps jaune après l'ovulation n'inhibe pas complètement le
comportement sexuel des lapines qui, dans certains cas, acceptent encore le
mâle en cours de gestation (AERA, 1994).
Evaluation des performances de reproduction des
lapines en sélection et des femelles croisées avec des
mâles de souche INRA 1777 au CECURI.
La fertilité est le nombre de femelles mettant bas sur le
nombre de femelles mises àla reproduction. Elle se trouve
influencée par plusieurs facteurs.
1.2.1.7.1- Facteurs de variation liés à la
conduite des femelles
· Réceptivité des
femelles
Le seul signe donnant une indication sur l'état
physiologique de la lapine est la couleur de la vulve : plus celle-ci est
foncée, plus la probabilité d'être en présence d'une
femelle en oestrus augmente et plus la fertilité est bonne (tableau
1).
Tableau I : Taux de lapine ovulant en fonction de la
couleur de la vulve au
moment de la saillie (Boussit, 1989)
Couleur de la vulve Taux de femelle ovulant après
saillie
Blanche 34%
Rose 41%
Rouge 63%
Violette 73%
On note qu'entre le 3ème et le 4ème jour
post-partum, la lapine n'est pas réceptive. Le rôle
majeur de la prolactine dans cette espèce inhiberait, en début de
gestation, la croissance folliculaire (Parez, 1994). Il a été
prouvé que 48 heures de séparation de la mère de sa
portée, avant le moment prévu pour une insémination,
s'accompagnait d'une diminution du niveau de prolactine, d'une augmentation de
la concentration de 17-â oestradiol et d'une augmentation du pic de LH
déclenchée par l'injection de GnRH (Theau-Clément,
2005).
Evaluation des performances de reproduction des
lapines en sélection et des femelles croisées avec des
mâles de souche INRA 1777 au CECURI.
· Age à la première
saillie
Selon Djago et Kpodékon (2000), les jeunes femelles
doivent avoir 5 mois avant d'être saillies pour la
première fois. Le tableau II montre l'effet de l'âge à la
première saillie sur la fertilité des lapines.
Tableau II : Effet de l'âge à la
première saillie sur le taux de fertilité (Boussit,
1989)
Age à la première saillie Taux de
fertilité
- de 140 Jours 85%
140 à 149 jours 86%
150 à 159 jours 72%
160 à 169 jours 78%
170 à 179 jours 80%
+ de 180 jours 79%
La compétition entre les besoins de croissance et de
production conduit à des portées plus petites et à une
production laitière moindre (Theau-Clément, 2005).
· Prolificité
Le déficit énergétique des lapines
allaitant 6 lapereaux est moindre que celui des lapines allaitant 8 lapereaux.
Ce meilleur état corporel améliore la réceptivité
et le taux de fertilité des lapines (Castellini et al.,
2003).
1.2.1.7.2- Facteurs liés à
l'individu
· Génétique
Selon AERA (1994), les femelles de petites races sont plus
précoces (3,5 à 5 mois) que les femelles de grandes races (5
à 7 mois).
Evaluation des performances de reproduction des
lapines en sélection et des femelles croisées avec des
mâles de souche INRA 1777 au CECURI.
Moce et al. (2004) ont montré que le poids du
foetus dépendait du génotype maternel, notamment de la
capacité utérine, alors que le poids de la partie foetale du
placenta était déterminé par le génotype de
l'embryon. Ainsi les foetus sont plus lourds lorsqu'ils sont portés par
des lapines ayant une grande capacité utérine. Au contraire, la
partie foetale des placentas est plus lourde pour des embryons de
génotype « faible capacité utérine ».
· Stade physiologique
En élevage rationnel, les rythmes de reproduction
pratiqués soit intensifs (0 à 48 heures post-partum) ou
semi-intensif (10 à 12 jours post-partum) obligent la lapine
à assurer simultanément la gestation et la lactation.
Theau-Clément et al. (1990) de même que
Bourdillon et al. (1992), ont montré qu'en saillie naturelle,
le stade physiologique influence la fréquence d'ovulation ; elle est en
général plus faible chez les femelles saillies 0 à 48
heures post-partum. Dans le même temps ; les non allaitantes
présentent une fertilité appréciable de plus de 80%. En ce
qui concerne les femelles primipares, elles ont de sérieuses
difficultés à assurer pour la première fois
simultanément une gestation et une lactation (Chmitellin et
al., 1994). Si dans un rythme extensif d'élevage
caractérisé par la mise en reproduction des lapines non
allaitantes, la fertilité peut atteindre 95% (Theau-Clément
et al., 1990) ; le rythme semi-intensif ou intensif détermine
un état physiologique qui handicape l'expression d'une bonne performance
de reproduction chez la lapine.
1.2.1.7.3- Facteurs climatiques
La saison, généralement analysée en
fonction de la combinaison des effets d'éclairement et de
température, a été mise en évidence par Questel
(1984), qui a noté un effet significatif de ce facteur sur la
fertilité (64% en été vs 68% en automne). Dans
les conditions tropicales, l'effet de la température semble dominant,
mais on ne peut exclure un effet des variations de la durée du jour. On
observe une
Evaluation des performances de reproduction des
lapines en sélection et des femelles croisées avec des
mâles de souche INRA 1777 au CECURI.
réduction du taux de fertilité au cours de la
saison humide quand la température est élevée et
l'humidité ambiante forte (Lebas et al., 1996).
En ce qui concerne l'effet de la photopériode, les
travaux de Boussit (1989) ont montré que, le taux d'acceptation du
mâle est minimal sous 8 heures de lumière et maximal sous 16
heures.
Par rapport aux influences de la température, selon
Lebas et al. (1996), ce sont surtout les brusques variations de
température qui ont un impact négatif sur la fertilité des
lapines.
Enfin, une humidité relative trop basse (moins de 50%) se
traduit par une réduction des performances de reproduction (Lebas et
al., 1996).