3.4. Les
logiques liées à l'affectation et au maintien au poste
stratégique
Après l'analyse transversale, nous avons cerné
trois catégories des logiques, à savoir :
1° La logique du parrain
2° La logique du parrainé
3° Enfin, la logique qui cadre avec la
légitimation des pratiques
3.4.1. La
logique du parrainage
3.4.1.1.
Intérêt du parrain
L'intérêt du parrainage est beaucoup guidé
par la capitalisation de l'argent ou de la relation pour les jours à
venir selon l'adage « personne ne connaît demain ». Le parrain
pourrait être comparé à un : « homme politique qui
veut asseoir son pouvoir en général et/ou son enrichissement
personnel ». (Borghi et al., 1995 :95).
3.4.1.2.
Positionnement des siens
Ceci correspond à la « privatisation de la douane
» ou « douane yetu » c'est ce que nous avons stigmatisé
à travers cette étude en parlant de l'héritage du travail
à la douane. C'est dans cette logique que les enfants douaniers
constituent en quelque sorte une stratégie de classe qui tente de
cimenter l'organisation de la douane par une bourgeoisie bureaucratique dont a
besoin le parrain pour atteindre un objectif quelconque comme la
facilité dans le dédouanement ou se constituer un
électorat.
Pour ce faire, les mutuels recommandant leurs frères
pour occuper un poste stratégique ont chacun un objectif à la
fois égoïste et partagé. C'est-à-dire que le
recommandé tente d'abord de satisfaire ses besoins et/ou
récupérer le montant perdu (pot de vin) dans la sensibilisation
des membres pour être d'abord accepter par l'association et enfin pour
être promu ou placé au poste stratégique de la douane
Katanga. Objectif altruiste ou partagé parce que de par la fonction
assumée, il peut placer les autres membres de l'association par les
engagements, soit proposé leur promotion en grade dans le but de
pérenniser la position de leur association au sein de la douane.
3.4.1.3.
Logique de contrôle
Dans le cadre de son travail, le chef qui place un douanier
(agent) au poste stratégique est motivé doublement. Le
bénéficiaire de l'affectation pourra,
- donner le rapport en terme de « cretch »,
- livrer certaines informations dont a grandement besoin le
parrain pour bien faire son travail. Ici l'agent devient une antenne du chef
au poste où il est affecté. C'est ce qu'on appelle à la
douane « ba petit ya confiance, petit mukonfia», Traduction :
petit de confiance. C'est comme ça que fonctionne le poste frontalier de
Kasumbalesa, le plus envié par les agents de la douane.
Le vérificateur Sandoa répond à la
question de savoir à quand il est en contact avec son parrain
(recommandant) :
« Mon directeur me pose trois types de questions ;
l'une relative au «cretch » en terme de rapport, l'autre en rapport
avec les gros poissons miniers (grandes sociétés minières)
qui exportent journalièrement, enfin, l'autre relative aux gros
poissons importateurs (les sociétés pétrolières,
les grandes sociétés minières, les grands
commerçants de la ville, etc.) des biens. Tout ça c'est pour lui
donner la situation des camions entrés ou sorties de la
République Démocratique du Congo au compte de grands hommes
d'affaires ».
Cet extrait montre que le chef a besoin des informations dans
le cadre professionnel à travers son antenne (agent) affecté
à Kasumbalesa.
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