1.1.2. Mise en contexte de l'objet d'étude
La présente recherche s'inscrit dans une perspective
qualitative et compréhensive considérant le contexte comme
élément capital et incontournable pour la compréhension
des phénomènes à étudier.
C'est sous cet angle que la mise en contexte de l'objet permet
d'opérer une rupture entre l'objet et le chercheur en vue
d'éviter le jugement de valeur en tant que registre moral et normatif.
Il est donc utile pour nous, en vue de comprendre les
différents mécanismes qui se greffent autour de l'affectation du
douanier à un poste stratégique, de les placer dans le contexte
où ils se produisent, de cerner les circonstances qui les accompagnent
du point de vue politique, économique et socioculturel.
1.1.2.1. Du
point de vue politique
Pendant le régime du feu président Mobutu, les
affectations et les engagements à la douane étaient dictés
par l'appartenance à la mouvance politique. Il fallait chanter et danser
les chants révolutionnaires pour occuper un poste important dans la
fonction publique. Autrement dit, il fallait s'impliquer dans les
activités de mobilisation, Propagande et Animation Politique (MOPAP).
Ainsi, les recettes générées par ces
services de l'Etat étaient destinées à sécuriser le
pouvoir du président et d'entretenir ses militants, piliers du
pouvoir.
Le pouvoir politique a entretenu le clivage ethnique. Ce qui
a fait que la direction de telle entreprise de l'Etat était
confiée dans les mains de tel dirigeant. A son tour, celui-ci ne
privilégiait que les siens en les confiant des postes susceptibles de
produire beaucoup d'argent.
La politique de diviser pour régner a fait que le
clivage Kasaïen - Katangais a abouti à un bain de sang ainsi que le
remplacement des ceux-là étiquetés comme dominateurs et
dominants, par les Katangais s'estimant dominés dans le cadre de
l'accès à l'emploi et, plus particulièrement à la
Gécamines (la Générale des Carrières et des Mines)
société d'Etat implantée dans la province du Katanga.
Dans leur lutte contre l'hégémonie
Kasaïenne pendant la période de la transition démocratique,
Dibwe Diamwembu (20052 : 51) précise : « les originaires du
Katanga mirent au point plusieurs stratégies dans le domaine
économique, ils s'efforcèrent de décourager les
opérateurs économiques d'origine Kasaïenne » (2002 :
51).
Si pendant la deuxième République, l'emploi et
l'affectation étaient dictées par la mouvance
présidentielle ainsi que l'appartenance
ethnico-tribalo-régionaliste au chef de l'Etat ou à la personne
du chef d'entreprise, la même situation a survenu pendant la
période de turbulence politique avant les élections. C'est la
période de « un + quatre ». Elle a été
marquée par non seulement l'émergence de l'appartenance au parti
politique, mais également l'appartenance ethnique dans le domaine de
l'emploi et de l'affectation à des postes stratégiques. Ce
phénomène s'est manifesté également dans
l'armée et la police en dépit du fait que ces deux institutions
sont considérées apolitiques.
Aujourd'hui, pendant cette période dite
démocratique, au début, les acteurs étaient
hésitants, avec le temps, les anciennes habitudes ont
émergées pour se manifester dans la vie courante à travers
les services de l'Etat.
Celui qui est nommé à un poste
stratégique fait un effort pour le conserver pendant longtemps tout en
se faisant vassal du « nominateur ou recommandant».
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