CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE
L'accroissement de la population mondiale est sans doute
aujourd'hui l'une des plus grandes menaces face à la faible
disponibilité alimentaire. Bien que des efforts importants aient
été consentis pour lutter contre l'insécurité
alimentaire, celle-ci demeure une source de préoccupation et
d'inquiétude. Les causes attribuées à cette
insécurité tiennent essentiellement aux aléas climatiques,
à la pauvreté conjuguée à la pression
démographique et à l'instabilité politique de certains
pays.
Dans la plupart des pays africains, la production
vivrière est confrontée au problème de la baisse continue
de la fertilité des sols due en partie aux perturbations climatiques
constatées ces dernières années. Ces perturbations ont
fortement fragilisé les systèmes de production agricole à
travers la baisse des rendements provoquant ainsi des déficits
céréaliers récurrents. En outre, la production agricole
est souvent handicapée par le caractère inadapté des
politiques économiques. Ainsi, même en année de bonne
pluviométrie, il n'est pas rare que les pays du Sahel aient à
faire face, à des degrés divers, à des difficultés
alimentaires et des disparités du fait de leur mode de production, de
commerce et de consommation (KEFFING D. et al, 2008).
Pour faire face à la demande alimentaire avec une
population sans cesse croissante, plusieurs stratégies ont
été développées par les gouvernants africains parmi
lesquelles on peut retenir :
les aménagements hydro-agricoles;
les importations des produits alimentaires.
Mais ces stratégies n'ont pas encore permis
d'améliorer l'offre alimentaire des populations notamment rurales. En
outre, les politiques antérieures mises en oeuvre n'étaient pas
favorables à l'assurance de la sécurité alimentaire. En
effet, les reformes agricoles avant le PAS (Programme d'Ajustement Structurel)
avaient accru la dépendance des paysans vis-à-vis de l'Etat
providentiel ; ce qui n'incitait pas à l'initiative privée.
D'autre part, l'intégration de l'économie agricole aux
marchés internationaux occultait aussi le développement des
cultures vivrières et celles de contre saison pour garantir la
sécurité alimentaire dans la mesure où un accent
particulier avait été mis sur les cultures d'exportation
(PADILLA M., 1997).
Cette situation s'est aggravée avec les contraintes
économiques (l'inaccessibilité aux intrants) et celles
socio-culturelles (régime foncier, accès à l'information,
etc.) qui réduisent la rentabilité
des systèmes de production vivrière. En
conséquence, l'autosuffisance alimentaire aussi bien que
l'amélioration des revenus agricoles sont compromises. Selon la
FAO, (1996), la malnutrition
protéino-énergétique sévit en permanence dans les
milieux pauvres. Dans les pays africains, notamment, ceux situés au sud
du Sahara, l'insécurité alimentaire des ménages en milieu
rural est quasi permanente. Nombreux sont les ménages qui ont des
difficultés à assurer les deux repas quotidiens. Le profil de la
pauvreté montre par exemple que près de la moitié de la
population (45%) au Burkina Faso n'a pas les moyens de se procurer une ration
alimentaire minimum (INSD, 1996). La
vulnérabilité à la sécurité alimentaire est
un problème qui touche principalement les ménages agricoles des
zones rurales pauvres (FAO, 1997). C'est un problème
à la fois chronique et saisonnier qui se manifeste notamment en
période de soudure, coïncidant le plus souvent avec la saison
agricole.
Ainsi, des problèmes d'accès à
l'alimentation se posent périodiquement en termes d'insuffisance de la
production, d'approvisionnement par le marché et par conséquent,
de quantité et de qualité nutritionnelles médiocres, voire
déficitaires.
Face à cette situation, n'est-il pas nécessaire
de promouvoir des stratégies adaptées à l'évolution
des conditions climatiques et à la flambée des prix des
denrées alimentaires, comme les cultures de saison sèche
particulièrement les cultures maraîchères? Le
développement actuel de ces cultures est fortement lié à
l'accroissement de la demande urbaine, la chute des revenus des cultures
d'exportation et à la multiplication des projets d'irrigation
(AUTISSIER. V, 1994). La production qui est concentrée
en saison sèche, et assure l'essentiel des besoins alimentaires des
ruraux et des citadins en produits végétaux, procure des revenus
nécessaires à l'achat d'aliments complémentaires et
d'autres biens. Mais les cultures maraîchères peuvent-elles
véritablement jouer un rôle dans la lutte contre
l'insécurité alimentaire en milieu rural? De manière plus
spécifique, le maraîchage permet-il d'améliorer le
régime alimentaire des producteurs et de procurer des revenus
nécessaires à la satisfaction des besoins alimentaires des
ménages?
L'hypothèse générale de recherche de cette
étude est que le maraîchage constitue une stratégie de
lutte contre l'insécurité alimentaire dans la mesure où
:
les produits maraîchers améliorent le régime
alimentaire des ménages en milieu rural;
les revenus issus du maraîchage permettent aux
ménages ruraux d'assurer l'achat d'autres denrées
alimentaires.
L'objectif principal de recherche est donc d'analyser la
contribution des cultures maraîchères à la
disponibilité et l'accessibilité des denrées alimentaires
en milieu rural. Plus spécifiquement il s'agit d'apprécier :
la contribution des produits maraîchers à
l'amélioration du régime alimentaire;
la contribution des revenus issus des cultures
maraîchères à l'achat d'autres denrées
alimentaires.
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