RESUME
La sécurité alimentaire fait
référence à la disponibilité ainsi qu'à
l'accès à la nourriture en qualité et en quantité
suffisantes. Elle demeure une préoccupation pour l'ensemble des pays du
monde entier dans la mesure où la couverture alimentaire reste
insuffisante. Cette situation tient au fait que la croissance de la population
mondiale est plus rapide que celle de la production agricole. C'est pourquoi,
la plupart des stratégies mises en place par les Etats, ONG et autres
organismes visent à accroître la production vivrière.
De ce point de vue, les cultures maraîchères
offrent des opportunités pour lutter contre l'insécurité
alimentaire. En effet, le maraîchage assure la production d'une gamme
variée de légumes et de fruits qui permet également
d'améliorer le régime alimentaire des ménages. En outre,
les revenus issus de cette activité garantissent une
accessibilité économique aux autres denrées alimentaires.
Les cultures maraîchères apparaissent comme une alternative
intéressante dans la lutte contre l'insécurité alimentaire
des ménages en milieu rural dans le contexte actuel du
phénomène des changements climatiques qui provoquent des
déficits céréaliers récurrents.
Mots clés
Sécurité alimentaire, disponibilité
alimentaire, accessibilité alimentaire, régime alimentaire,
malnutrition, maraîchage, apport nutritionnel, revenu.
VI
SIGLES ET ABREVIATIONS
AMPO/TT: Association Managré Nooma pour
la Protection des Orphelins CILSS : Comité
Inter-états de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel
CIRAD : Centre de Coopération
International en Recherche Agronomique pour le
Développement
CIRD : Centre International de Recherche pour le
Développement
CONTAM : Contaminants de la Chaine Alimentaire
CSAH : Comité Scientifique de l'Alimentation Humaine
DJA : Dose Journalière Admissible
EFSA : Autorité Européenne de la
Sécurité des Aliments
FAO: Organisation des Nation Unis pour
l'Agriculture et l'Alimentation FCFA: Franc de la
Communauté Financière Africaine
Ha : hectare
INSD : Institut National de la Statistique et de
la Démographie ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
RENAF : Réseau National des
Agro-sylvo-pasteurs du Faso
SEPO : Succès, Echecs,
Potentialités, Obstacles
SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel
Garanti UCP-C : Union Communale des Producteurs de Cotonou
UE : Union Européenne
UICN : Union Internationale pour la Conservation
de la Nature
VII
INTRODUCTION GENERALE
La sécurité alimentaire demeure de nos jours une
préoccupation dans les pays du monde entier actuellement
confrontés aux perturbations climatiques et à une crise
économique. La couverture alimentaire demeure insuffisante. La FAO
avance le nombre de 923 millions de personnes souffrant de la faim en 2007,
soit une augmentation de plus de 80 millions de personnes par rapport à
la période de référence 1990-1992 (FAO,
2008). C'est surtout entre 2003 et 2007 que la faim a nettement
progressé. Ce sont 75 millions de personnes qui sont venues s'ajouter au
nombre de personnes sous alimentées de 2003. Les ménages en
milieu rural sont les plus vulnérables. La grande majorité de la
population sous-alimentée du monde vit dans les pays en
développement où se trouvaient 832 millions de personnes
souffrant chroniquement de la faim entre 2003 et 2005. L'Amérique latine
et les Caraïbes continuaient à bien progresser sur la voie de la
réduction de la faim avant la hausse spectaculaire des prix des
denrées alimentaires. Cette région connaît, avec l'Asie de
l'Est, le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, les niveaux les plus bas de
sous-alimentation du monde en développement.
Sept pays rassemblent, à eux seuls 65 % de ces
personnes: l'Inde, la Chine, la République démocratique du Congo,
le Bangladesh, l'Indonésie, le Pakistan et l'Éthiopie. Mais c'est
en Afrique subsaharienne que la proportion de personnes qui souffrent de la
faim chronique reste la plus élevée: une personne sur trois
souffre de la faim.
Cette situation d'insécurité alimentaire tient
à une baisse de la production agricole mondiale due en partie aux
aléas climatiques, la dégradation continue des sols, les
sécheresses à répétition, auxquelles s'ajoute
l'explosion démographique. Selon FAO (2008), la
production céréalière mondiale a chuté de 3,6% en
2005 et de 6,9% en 2006 avant de se rétablir en 2007. En outre, jusqu'en
2008, les prix de l'énergie ont connu une hausse relativement
élevée alors que le prix du pétrole et celui des
denrées alimentaires sont étroitement liés: l'augmentation
des prix pétroliers entraine celle du prix des produits alimentaires. La
grande majorité des ménages urbains et ruraux des pays en
développement comptent pourtant sur des achats alimentaires pour se
nourrir. Des prix alimentaires élevés aggravent
l'insécurité alimentaire et la malnutrition au sein de la
population pauvre en diminuant la quantité et la qualité des
aliments consommés.
Face à cette situation des stratégies sont
adoptées par les Etats et les ménages. Dans les pays en
développement, des plans stratégiques sont périodiquement
mis en place et visent à accroître les disponibilités
vivrières et à faciliter leur accessibilité
géographique et économique.
Au niveau des ménages en milieu rural, les
stratégies paysannes consistent surtout à accroitre la
productivité agricole et à développer une économie
rurale permettant d'assurer une sécurité alimentaire en
période de faible production. Aussi, convient-il d'explorer toutes les
filières de production agricole notamment la filière
maraîchère.
En effet, les cultures maraîchères ont
progressé grâce à l'aménagement des jardins potagers
familiaux. Ces jardins étaient juste destinés à la
consommation familiale et produisaient des légumes qui accompagnaient
les aliments de base faits de céréales, de tubercules, etc. Dans
les pays en développement comme en Afrique, les cultures
maraîchères ont été introduites par les
missionnaires blancs et les fonctionnaires de l'administration coloniale.
Après les indépendances, à la fin des
années 1960, l'exode rural et la pression démographique ont
favorisé le développement des centres urbains qui a
entrainé l'accroissement de la forte demande urbaine en produits
d'origine végétale. Nombreux sont les ménages appartenant
à des couches sociales aisées qui tentent à adopter un
modèle de consommation de type européen, intégrant ainsi
davantage les légumes frais dans leur alimentation. La croissance de ces
villes et la forte demande des légumes qui l'accompagne constituent le
moteur du développement maraîcher. Selon AUSTIER. V
(1994), une ville d'un million d'habitant dont la population augmente
de 7% l'an, crée une demande supplémentaire en produits
maraîchers qui nécessite la mise en culture de 50 à 100 ha
de terre chaque année. Cette production est généralement
assurée par les zones périurbaines et rurales.
C'est pourquoi la présente étude vise à
analyser la contribution des cultures maraîchères à la
sécurité alimentaire des ménages en milieu rural. Cette
activité de contre saison qui est adaptée aux changements
climatiques en cours, offre non seulement une gamme de produits variés
permettant d'améliorer leur ration alimentaire, mais permet
également de générer des revenus pour l'achat d'autres
denrées alimentaires. Le mémoire comporte deux parties:
la première partie définit la problématique
et le cadre méthodologique de l'étude ; la deuxième partie
présente de manière générale les résultats
de l'étude.
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET CADRE
METHODOLOGIQUE
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