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Convergence budgétaire et différentiel des taux d'inflation et de change dans l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africain )

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par Abiboulaye MOUSSA
Université d'Abomey-Calavi - DEA 2009
  

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1-2 Situation des finances publiques dans l'UEMOA

Musgrave (1959) affirme que les politiques budgétaires assument trois fonctions : la fonction d'affectation qui est celle de production de biens collectifs du fait de l'incapacité du marché a assuré la production de ceux-ci ; la fonction de redistribution qui permet de réduire les inégalités entre individus ou groupe d'individus en corrigeant les effets des mécanismes de marché sur la répartition des revenus et de réduire les inégalités entre individus ou groupes sociaux et la fonction de stabilisation qui est celle d'intervention macroéconomiques. Il existe de nombreuses interactions et complémentarités entre ces trois fonctions.

L'état utilise les stabilisateurs automatiques et les politiques budgétaires

discrétionnaires pour accomplir la fonction de stabilisation. Le principe de stabilisation automatique est la tendance qu'ont les recettes fiscales à fluctuer avec le niveau de l'activité économique. L'efficacité de la stabilisation budgétaire automatique dépend alors de la taille des finances publiques, de la progressivité de la fiscalité et de l'intensité des redistributions. Ces mécanismes peuvent être compléter par des mesures contra cycliques. Les politiques budgétaires discrétionnaires de types keynésiennes sont depuis les années 1970 soumises à de nombreuses contraintes qui limitent leur liberté d'action.

En effet, dans les pays de l'UEMOA, la politique budgétaire se heurte entre autre aux contraintes de déficit public, au poids de la dette publique et au risque d'érosion de la base imposable :

> La contrainte du déficit public: Dans les pays de l'UEMOA dont les taux de croissance sont faibles par rapport aux taux d'intérêt, le financement des déficits budgétaires devient problématique. A cet effet, toute dépense non financée par

les recettes courantes entraînent une augmentation de l'endettement publique qui vient a son tour grever les finances publiques ;

> Le poids de la dette publique : La progression de la dette publique peut entraîner une hausse de l'endettement induite par l'élévation de la charge de la dette qui conduit aux déficits publics peu compressibles. Ainsi, l'effet d'éviction peut léser l'investissement, ce qui entraînera à son tour un affaiblissement des perspectives de croissance ;

> Le risque de l'érosion de la base imposable : Malgré l'intégration monétaire, on peut observer une faible mobilité du travail dans l'union. Ce qui permet de préserver l'efficacité de la politique budgétaire nationale comme instrument d'ajustement. Ce pendant, l'approfondissement de l'intégration entraîne de plus en plus la mobilité des facteurs qui a pour conséquence l'augmentation des impôts et taxes. Cette dernière peut engendrer la fuite de la base imposable vers les Etats voisins où la pression fiscale est moins forte. Ainsi, la concurrence fiscale peut donc limiter les marges de manoeuvres des décideurs publics ce qui nécessite donc une harmonisation fiscale.

Du fait de l'existence de ces contraintes qui pèsent sur les finances publiques nationales et le défaut de coordination des politiques publiques nationales dans l'UEMOA , les autorités ont privilégié une hiérarchie des objectifs macroéconomiques par la primauté au monétaire. Dans ce conteste, « la lutte contre les différentiels d'inflation au nom de la stabilisation de la monnaie devient prioritaire. Les autres objectifs de la politique économique, croissance et emploi, acquirent un statu de second ordre voir dépendant de la réussite de la politique contre l'inflation » (Echinard ; 1999).

Face aux limites de la politique budgétaire nationale, on peut alors se poser la question de savoir si les finances publiques communautaires seraient capables d'assurer la stabilisation de l'union face à un choc économique. Les partisans du fédéralisme budgétaire estiment qu'il faut « centraliser » les finances publiques pour assurer la soutenabilité de l'union monétaire. Toutefois, ils recommandent l'autonomie des finances publiques nationales afin de leur permettre d'exercer un rôle de stabilisation. A cet effet, cette théorie démontre que l'autonomie budgétaire peut limiter les externalités négatives des politiques budgétaires nationales.

Supposons que deux pays de l'UEMOA, par exemple la Cote d'Ivoire et le Bénin, connaissent un choc de demande asymétrique qui se traduit par une augmentation de la demande des consommateurs de l'union pour les produits ivoiriens et une baisse de la demande pour les produits béninois. Supposons également, que les budgets dédiés aux dépenses sociales ne soient pas centralisés au niveau de l'union. Ainsi, si la demande pour les produits béninois baisse, la production diminue et le déficit budgétaire se creuse du fait de la baisse des recettes fiscales et de l'accroissement des dépenses sociales. Il se produit un phénomène exactement contraire en Cote d'Ivoire. Toute chose égale par ailleurs, la Cote d'ivoire va réaliser un surplus budgétaire alors que le Bénin financera son déficit par l'emprunt. Dans cette optique, le besoin de financement du Bénin va être alimenté par l'excès d'épargne de la Cote d'Ivoire, si les marchés fonctionnent correctement. Ainsi, la politique budgétaire nationale peut permettre d'amortir de façon partielle une partie des chocs asymétriques négatifs de la demande.

Supposons qu'il existe maintenant une caisse communautaire dans l'union

constituée de la cotisation de chacun des pays membres pour financer les dépenses sociales afin de permettre d'atténuer les mêmes chocs de départ dans la zone. Dans ce contexte, il existera un mécanisme de redistribution automatique entre le Bénin et la Cote d'Ivoire qui compensera la baisse de la demande du produit béninois. Le budget communautaire jouera alors un rôle d'amortisseur des chocs dans l'union. Ce pendant, un tel système même s`il n'est pas incompatible avec la mise en place d'une politique budgétaire nationale serait très difficile à mettre en oeuvre parce qu'il suppose une harmonisation des dépenses sociales sur l'union monétaire. En conséquence, le niveau atteint par les finances publiques leurs permet de compenser les pertes de l'instrument monétaire. Ainsi, un diagnostic sur l'évolution des finances publiques de l'union (« centraliser ») est donc nécessaire. Le tableau ci-dessous donne l'état des finances publiques dans l'UEMOA.

Tableau n° 1: Etat des finances publiques dans l'UEMOA

 

2004

2005

2006

2007

Recettes totales

4297,7

4633,3

4979,4

5839,6

Dépenses totales

4844,4

5279,7

5731,7

6393,5

Solde

budgétaire de

base

-1,2

-1,7

-1,8

-1,3

Source : BCEAO

Les recettes totales ont connu une croissance de 2004 à 2005 en passant de 4297,7 millions à 5839,6 millions dans l'UEMOA. Soit un accroissement de 35,86 % entre 2004 et 2005 contre 7,24% au cours de la période 2004-2005. De même, les dépenses totales ont connu un accroissement de 31,98 % au cours de la période 2004-2007 .Quant au solde budgétaire, il est resté négatif sur toute la période. Cette situation pose donc la problématique du coût de l'autonomie de la politique budgétaire.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe