PREMIERE PARTIE :
Fondements théorique et méthodologique de
l'étude
Dans l'UEMOA, alors que la politique monétaire est
déterminée par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (BCEAO), la politique budgétaire continue à être de
la responsabilité de chaque gouvernement. Ainsi, il faut à la
fois gérer l'interaction entre les politiques nationales et tenir compte
de la présence d'une politique monétaire unique.
A partir d'un aspect de la théorie des jeux, on se
propose d'attirer l'attention sur un aspect de la formalisation de celle-ci
dans un premier chapitre (coordination des politiques budgétaires).En
suite, dans un deuxième chapitre (cadre conceptuel et
méthodologique de l'étude), après la présentation
du cadre d'analyse des politiques de convergence, on construira un
modèle simple d'union monétaire à n pays à partir
duquel on montrera l'existence d'une corrélation entre la convergence
budgétaire et les différentiels des taux d'inflation et de change
dans l'UEMOA.
Chapitre1 :
|
COORDINATION DES POLITIQUES BUDGETAIRES DANS L'UEMOA
|
L'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA)
combine les démarches intergouvernementales et supra nationales. Ainsi,
les politiques économiques dans l'UEMOA relèvent de trois niveaux
d'intervention : les politiques budgétaires nationales, les politiques
communautaires et la politique monétaire unique de la Banque Centrale
des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). A cet effet, pour s'adapter aux
spécificités de l'UEMOA (une politique monétaire unique
face à huit gouvernements responsables des politiques budgétaires
nationales), la création du pacte de stabilité et de croissance
qui est un cadre institutionnel spécifique capable de renforcer et de
préciser dans le domaine des finances publiques, la coordination
effective des politiques budgétaires nationales, est apparue
nécessaire. Ce pacte de stabilité et de croissance est devenue
l'instrument majeur de la coordination des politiques budgétaires dans
l'UEMOA.
Ainsi, dans un premier temps, nous analyserons respectivement,
les fondements néo-keynésiens de l'architecture de l'UEMOA, la
situation des finances publiques et le coût de l'autonomie de la
politique budgétaire dans l'UEMOA. En suite, dans un second temps, nous
identifierons les facteurs de convergences dans la zone en examinant d'abord le
pacte de stabilité et convergence puis ensuite, respectivement la
convergence et la concurrence fiscale d'une part puis les chocs
asymétriques et asymétries structurelles dans l'UEMOA d'autres
parts.
I-Politique budgétaire
décentralisée dans l'UEMOA
1-1 Fondement néo-keynésien de l'architecture
d'une union monétaire
Pour les monétaristes le processus d'ajustement des
prix et des salaires est plus rapide que ne l'estiment les keynésiens.
Ainsi, l'absence d'intervention est donc moins coûteuse et la production
peut donc retrouver son niveau potentiel. Mais, Edward Prescott et Lucas Robert
ont montré la neutralité de la politique économique en
présence des anticipations rationnelles des agents économiques.
Ainsi, sous l'hypothèse des anticipations rationnelles, les agents
économiques ont une connaissance des différentes manières
de définition de la politique économique et des
mécanismes. En effet, la théorie du
cycle réel montre que l'économie est toujours dans
une situation d'information et
d'anticipation parfaite, d'équilibre global; ce qui
signifie donc que la politique budgétaire est inutile. Dans cette
optique, seule les politiques macroéconomiques efficaces ont d'impact
sur les grandeurs réelles ; les décideurs publics doivent s'en
tenir donc à des règles stables connues de tous. En effet, le
théorème de l'équivalence ricardienne soutient que
l'emprunt est un mode de financement public identique à l'impôt en
ce qu'il constitue une ponction sur les ressources des agents. C'est donc une
démonstration de l'inefficacité de la politique budgétaire
visée par les anticipations rationnelles. Toutefois, pour Barro, les
agents intègrent dans leur fonction d'utilité la
génération future. Dans ces conditions, ces derniers
déterminent leurs choix optimaux en consommation et en héritage.
On fait donc l'hypothèse que les agents économiques anticipent le
remboursement de l'emprunt par une augmentation future des impôts et se
prémunissent en utilisant le montant de la réduction de
l'impôt accordée cette année pour acheter les obligations
d'Etat. Ces dernières à l'échéance, procureront
exactement les rentrées d'argent nécessaire au payement
d'impôt qui seront prélevés pour rembourser la dette.
Ainsi, la dette n'affecte pas la demande des biens et services qui du fait des
anticipations réelles, ou du financement par emprunt ou bien de la
réduction d'impôt n'a pas d'impacte sur l'activité
réelle ; en d'autre terme la demande n'a pas d'effet de relance que
prétendre les néo-keynésiens.
Pour Solow (2002), les agents possèdent des
capacités de calcul limitées : ils ne peuvent ni envisager toutes
les conséquences de leur choix, ni maîtriser les lois
d'évolution du système dans lequel ils se trouvent. Pour cet
auteur, l'équivalence ricardienne ne prend pas en compte la propension
marginale à consommer des agents .Ainsi, seul les agents qui disposent
d'actif liquide peuvent emprunter librement. Par contre, les autres
préférons consommer aujourd'hui. En conséquence, une
baisse d'impôt financée par emprunt, sous réserve d'effet
d'éviction peut être expansionniste. Egalement, Solow (2002)
montre que l'acquisition des informations engendre obligatoirement un
coût de sorte que l'agent ne peut en collecter qu'une fraction
réduite. De même, les néo-keynésiens
considèrent que le mécanisme d'ajustement automatique
fondé sur les variations des prix et des salaires est très lent
du fait de l'existence de plusieurs types de retard parmi lesquels Mishkin
(2004) identifie le délai de disponibilité des données, le
délai d'interprétation, le délai législatif, le
délai d'exécution et le délai d'efficacité. Enfin,
pour l'hypothèse du chômage naturel, la politique monétaire
n'a d'effet sur la production et l'emploi que dans la courte période
;
toute politique monétaire active entraîne uniquement
l'augmentation du taux d'inflation sans réduire le taux de
chômage.
De ces divergences théoriques et politiques sur la
conduite des politiques économiques dans une union monétaire, on
peut relever une première explication de l'architecture originale de
l'UEMOA. L'indépendance des économies nationales des Etats
membres peut faire que la politique budgétaire d'un Etat ait des
externalités négatives sur les autres Etats. Cette situation
nécessite une coordination entre les politiques budgétaires des
différents Etats et la politique monétaire.
|