On pourrait probablement les appliquer à bien d'autres
domaines qu'à celui de l'audit interne, mais comme ils concernent au
premier chef notre sujet, il n'est pas inutile de les rappeler :
simplicité, rigueur, nécessaire acceptation de la
relativité du vocabulaire, adaptabilité et transparence, tels
sont les cinq thèmes à examiner avant d'aborder l'analyse de la
méthode.
SIMPLICITÉ :
Il faut toujours partir de l'axiome « une bonne
méthode est une méthode simple ». Cette affirmation est
importante lorsqu'elle s'applique à une technique encore en cours
d'élaboration, au sujet de laquelle se multiplient études,
théories et expériences diverses. La théorie pure est
nécessaire, c'est à partir d'elle que la pratique va progresser.
C'est pourquoi il n'y a lieu ni de l'oublier, ni de la rejeter. Mais aussi
exaltants que soient l'air des cimes et la vue panoramique que l'on peut avoir,
l'oxygène finit par manquer et il est bon de redescendre dans la
vallée.
C'est pourquoi on ne trouvera pas dans les développements
qui vont suivre, l'exposé de « ce qui pourrait être »,
mais n'est pas encore. On ne trouvera pas non plus la recherche de « la
meilleure méthode possible », laquelle, comme le meilleur des
mondes, serait sans nul doute ce qu'il faut à tout prix
éviter.
La méthodologie ici présentée,
corroborée par la pratique, n'a donc d'autre prétention que la
simplicité ce qui doit la rendre facilement compréhensible et
applicable.
Mais une méthode simple ne signifie pas l'absence de
méthode.
RIGUEUR :
Le déroulement d'une mission d'audit interne exige la
plus grande rigueur et pour s'appliquer celle-ci doit obéir à des
règles. On a vu que la Fonction d'audit interne devait respecter les
normes professionnelles, ces normes ne définissant pas de
méthodologie précise mais imposant d'en avoir une (cf. normes de
fonctionnement). Et de fait, il est bon que des normes universelles ne
descendent pas à ce niveau de détail, faute de se trouver en
contradiction avec l'environnement et la culture.
Mais, dans le cadre d'une culture d'audit
déterminée, l'exigence d'une méthode s'impose car elle
conditionne la rigueur des travaux. On a connu une période où
chacun procédait au mieux, au gré de son instinct et de ses
compétences et ne sachant trop ce qu'il cherchait, avait de fait peu de
chances de le trouver. Peu à peu une méthode s'est
dégagée dès l'instant que les objectifs de l'audit interne
avaient été clairement définis et que la notion de
contrôle interne était sortie du brouillard. Mais la
période antérieure a encore laissé des traces et on trouve
certains services qui n'appliquent pas de méthodologie rigoureuse. On
peut raisonnablement penser que ces situations marginales vont peu à peu
disparaître.
Elles vont disparaître d'autant plus facilement que des
auteurs de plus en plus nombreux expliquent et décrivent la meilleure
façon de pratiquer l'audit interne. Il faut rappeler à ce propos
que c'est Olivier LEMANT qui dans son ouvrage La conduite d'une mission
d'audit
interne a le premier codifié une méthodologie
s'inspirant directement de la pratique des entreprises. Dans cet ouvrage, comme
dans les suivants, le vocabulaire utilisé n'est pas universel.
RELATIVITÉ DU VOCABULAIRE :
Si quelques termes fondamentaux sont admis et reconnus par
tous, dès que l'on approche les pratiques quotidiennes et le vécu
des organisations on rencontre des appellations différentes. Ces
appellations signifient parfois la même chose, elles sont la plupart du
temps la traduction de nuances différentes dans l'application des
principes, car pénétrer dans les processus des
organisations, en analyser des dysfonctionnements et leurs
causes, recommander des solutions, qui soient réalistes et donc
acceptables par l'environnement, tout ceci signifie clairement qu'on ne saurait
ignorer le milieu.
On peut ici faire un sort au vocable « méthodologie
», certes impropre, mais à ce point entré dans les moeurs
dès que l'on parle de « méthode » dans la conduite
d'une mission que nous voici condamnés à l'utiliser.
Le vocabulaire est donc l'expression et le véhicule de la
culture ; l'ignorer serait se condamner à l'incompréhension et,
partant, au refus. Décrire et suggérer une méthode c'est
donc également accepter que les différentes phases puissent
être « nommées » de façon différente et
qu'elles présentent çà et là des
singularités spécifiques. L'important est que la méthode
existe et que les normes fondamentales soient respectées.
ADAPTABILITÉ :
La Méthode est unique mais elle n'est pas identique. On
retrouve ici le lien nécessaire et déjà
évoqué avec la culture qui constitue la grande force de
l'auditeur interne. Celui-ci est dans son milieu, travaille avec des
collègues et tout naturellement utilise une méthode qui doit
être adaptable à ce milieu.
Et c'est la raison pour laquelle la méthode
ci-après décrite énonce des principes à respecter
mais, dans la pratique, laisse toute latitude pour les appliquer avec rigueur
ou avec souplesse. C'est pourquoi on trouve dans la pratique des
interprétations différentes de principes identiques. Au fil des
ans, les meilleures pratiques émergent et s'imposent mais
l'évolution est constante et le tableau reste
hétérogène.
C'est dans ce méme esprit que les normes professionnelles
de l'audit énoncent en général des principes mais se
gardent bien de dire comment on doit s'y prendre pour les appliquer,
réservant ces règles aux Modalités Pratiques d'Application
(MPA) non obligatoires, mais faisant autorité.
TRANSPARENCE :
L'époque est révolue de l'audit « sournois
», cherchant à prendre les audités par surprise et à
les épingler en flagrant délit de non-conformité.
Rappelons que l'audit est avant tout « interne », au service des
responsables audités, et que son objectif est de leur faire partager
à la fois la pertinence des constats relevés et la
nécessité d'agir en conséquence.
Il est frappant de constater combien les responsables des
services d'audit interne témoignent de plus en plus du caractère
pédagogique de leur mission et de la nécessité pour eux de
toujours chercher à mieux communiquer, non seulement autour des
résultats mais aussi de la méthode mise en oeuvre.
Nous sommes définitivement éloignés de
l'inspection et de la perquisition.
Le déroulement de la mission et l'utilisation de certains
outils ne sont que des illustrations de cette double recherche de
simplicité et de transparence qui doit caractériser l'approche de
l'auditeur.