5. Problématique
D'après Marcel MERLES, la problématique est
l'ensemble d'interrogations que pose une discipline ou que pose un chercheur
autour d'un problème donné en vue de comprendre ou d'expliquer un
phénomène(2).
Selon Raymond QUILVY et Luc COMPENHOLD, la
problématique est une approche ou perspective théorique que l'on
décide d'adopter pour traiter le problème posé par la
question de départ(3) .
(1) BISILLIAT, J. et VERACHUUR, C., Le genre : un outil
nécessaire, Paris, L?Harmattan, 2000
(2) MERLES, M., Sociologie des relations internationales,
Paris, PUF, 1980, p.35
(3) QUILVY, R. et COMPENHOLD, L. Manuel de recherche en
sciences sociales, Paris, Ed. Du Nord, 1998, p 17.
Pour nous, la problématique constitue une série de
questions qu'un chercheur se pose sur un sujet de recherche donné afin
de découvrir la vérité.
D'aucuns pensent que, le Vingt- unième siècle va
marquer une jonction critique dans la promotion et la protection d'une culture
de droits humains en Afrique. Comme le monde devient de plus en plus
interdépendant, les systèmes régionaux de
coopération jouent un rôle de plus en plus important dans la
promotion d'un ordre positif de droits humains et de la promotion de la
personne humaine. Les Etats africains se sont engagés dans
différents documents de politiques internationale et régionale
à la promotion de droits humains.
Les mécanismes internationaux sur le genre les plus
significatifs sont la Convention sur l'élimination de toutes formes de
discrimination à l'égard de la femme (CEDAW) de 1979, et la
Plateforme d'Action de Beijing (PFA) de 1995, la Charte Africaine des Droits
Humains et des Peuples (CADHP), la Conférence Internationale sur la
Population et le Développement (ICPDPOA), la Déclaration
Solennelle sur l'Egalité des Genres, le Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique (NEPAD), les Objectifs de
Développement du Millénaire (ODM), l'Acte Constitutif de l'Union
Africaine (UA), le Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté
(CSLP). Toutes ces conventions et cadre de politiques engagent le Gouvernement
Congolais à aborder la question du Genre, de la lutte contre la
pauvreté et de l'autonomisation de la femme.
Lorsqu'on passe en revue tous ces accords et documents, il y a
lieu de noter que l'Afrique a enregistré un certain progrès aux
niveaux national, régional et sous régional. Car la plupart des
pays ont également élaboré des mécanismes et
politiques du genre. Néanmoins, il y a toujours des défis majeurs
dans tous les domaines, dans la mesure où la majorité des
stratégies restent non encore mises en oeuvre.
Dans les Objectifs de Développement du
Millénaire, 191 gouvernements se sont résolus à promouvoir
l'égalité des genres et l'autonomisation de la femme en tant que
des moyens efficaces pour combattre la pauvreté, la faim, les maladies
et pour
stimuler le développement durable. Cependant en
dépit de cet engagement, la femme congolaise en général et
lushoise en particulier n'est aucunement dans une meilleure situation
qu'auparavant. On peut même dire que les promesses ne sont parvenues
qu'à faire monter la pointure des souliers si jamais elles ont fait
quelque chose. La stagnation dans certains aspects et la
détérioration dans d'autres suscitent plutôt des
préoccupations.
Ceci est d'autant plus vrai que depuis quelques années,
on ne parle plus que de la lutte contre la pauvreté en Afrique. Le terme
développement est rarement utilisé par les dirigeants africains
et leurs tuteurs que sont les institutions financières internationales.
Ainsi donc, il semble bien qu'une bonne partie de l'Afrique, dont la
République Démocratique du Congo, ait abdiqué face aux
énormes défis du développement au profit des politiques
sectorielles à court terme visant plus à ralentir la progression
de la pauvreté qu'à réduire celle-ci comme le
prétendent les discours officiels.
Dans ces conditions, genre et lutte contre la pauvreté
se trouvent théoriquement confrontés aux problèmes
situationnels liés non seulement à la condition de la femme dans
la société mais aussi et surtout institutionnels. Car toutes les
questions que soulève l'approche genre ou encore l'autonomie de la femme
dans la lutte contre la pauvreté tendent à dégager
l'importance des phénomènes sociaux qui proviendrait, comme l'a
dit Duverger, de la réalité matérielle de ceux-ci mais
aussi de l'idée qu'on s'en fait (les représentations collectives,
les idées, les croyances, les systèmes de valeurs qui se
développent autour d'eux. Peu importe que ces représentations
collectives correspondent ou non à la réalité, qu'elles
soient illusoires ou non : l'essentiel, c'est l'adhésion que leur
apporte le groupe social. Aussi, toute institution est à la fois un
modèle structural et un ensemble de représentations collectives
plus ou moins valorisées. C'est-à-dire que toute institution se
réfère plus ou moins directement à un système de
valeur, c'est-à-dire à une conception du bien et du mal, du juste
et l'injustice, impliquant une prise de position pour ou contre(1).
C'est dans
(1) DUVERGER, (M), Sociologie politique, Paris,
PUF, 1968, pp 104-105
ce cadre qu'il conviendra de poser notre problématique
en ces termes : Est-ce que l'approche genre peut réellement contribuer
à la lutte contre la pauvreté? Quels sont les changements
importants intervenus chez la femme lushoise par suite de mutations historico-
culturelles, plus précisément de son autonomisation à
travers le microcrédit ? En d'autres termes, quel est l'apport du
microcrédit dans la mise en oeuvre des programmes d'autonomisation de la
femme lushoise ?
Telles sont quelques unes des interrogations qui méritent
d'être élucidées et que nous nous proposons d'analyser dans
ce mémoire.
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