3.Délimitation du sujet
Toute recherche scientifique doit être
délimitée dans le temps et dans l'espace. Dans le temps, cette
étude portera sur la période allant de 2007 à 2010, soit
une période de quatre ans. Dans l'espace, notre étude sur le
genre et lutte contre la pauvreté à Lubumbashi aura comme cadre
d'enquete la ville de Lubumbashi. Et pour analyser les manifestations de
l'autonomisation de la femme à travers le microcrédit, nous avons
organisé une enquête auprès de quelques hommes et femmes
ayant bénéficié des microcrédits auprès des
institutions de la Microfinance installées dans la ville de
Lubumbashi.
4.Etat de la question
L'état de la question sert à dégager
l'originalité et la spécificité du sujet de la recherche
par rapport aux travaux précédents. En d'autres termes,
l'état de la question permet de pénétrer les
pensées de chercheurs précédents, d'apprécier les
difficultés qu'ils ont rencontrées et les moyens qu'ils ont
utilisés pour les surmonter, de saisir l'originalité de leurs
contributions et les lacunes dont une autre recherche devra
tenir compte. Elle permet, en outre, d'utiliser les
résultats déjà acquis pour que la recherche à
entreprendre soit mieux faite et plus utile.
La question du genre où même de la lutte contre
la pauvreté étant d'actualité, nous n'avons pas la
prétention de croire que nous sommes le premier à l'aborder.
Plusieurs études ont été menées et semblent
même étouffer toute nouvelle tentative d'explication sur la
question. Mais qu'à cela ne tienne, nous allons essayer de
procéder par une analyse critique des travaux antérieurs et
préciser l'originalité de notre démarche.
Elisabeth HOFMAN et Marius GNANOU, dans leur article sur
« L'approche genre dans la lutte contre la pauvreté : l'exemple de
la microfinance »(1) , se sont placés dans un contexte
où la lutte contre la pauvreté est prioritaire et le
microcrédit en vogue. Ils se sont posé la question de savoir si
l'intégration du concept de genre permet à la microfinance de
mieux atteindre ses objectifs, à savoir la réduction de la
pauvreté des bénéficiaires.
Pour mieux cerner l'incidence de ce concept sur
l'efficacité de lutte contre la pauvreté, ils rappellent les
évolutions des concepts en matière de pauvreté, de prise
en compte des inégalités entre hommes et femmes et de
microfinance. Ils constatent sur base des études qui ont
été menées dans plusieurs pays, notamment au Bangladesh et
en Inde que les femmes démunies ne peuvent sortir durablement de la
pauvreté sans une réduction des inégalités de
genre.
Cette étude a eu le mérite d'avoir bien
fixé l'historique de l'approche du genre et de la pauvreté, ainsi
que la prise en compte de microfinance dans la lutte contre la pauvreté.
Bien que prenant partie à cette approche, nous pensons qu'il convient de
préciser que la démarche vers l'autonomisation de la femme doit
d'abord s'inscrire dans le cadre de la complémentarité entre les
hommes et les femmes. Si au
départ, les valeurs intrinsèques à
l'homme et à la femme ne sont pas prises en compte pour bien
dégager le champ de leur complémentarité, il y aura risque
certain de raviver l'opposition entre l'homme et la femme. Et si,
l'enquête de terrain relève ce défi en montrant comment le
microcrédit contribue à l'autonomisation de la femme lushoise.
Dans une étude presque similaire, consacrée
à un autre maillon faible de la société, Anaïs
HAMELIN, a examiné Les limites du microcrédit dans la lutte
contre la pauvreté : l'exemple du travail des
enfants(1). A travers cette étude, l'auteur analyse le
rôle que la microfinance peut jouer dans l'enrayement du travail des
enfants. Au travers d'une revue de la littérature théorique et
empirique, il dégage les principes déterminants du travail des
enfants. Il montre que le travail des enfants résulte avant tout de la
pauvreté et de la vulnérabilité des ménages.
L'approfondissement du concept de vulnérabilité
a permis de comprendre comment le travail des enfants peut constituer un outil
dans la stratégie de gestion des risques par le ménage. Il
s'interroge alors sur la potentialité du microcrédit à se
substituer efficacement au travail des enfants, en tant qu'amortisseur des
tensions conjoncturelles. Il constate que l'utilisation du microcrédit
peut être efficace dans ce cadre, en permettant au ménage de
lisser sa consommation.
Quoiqu'important et soulevant une question d'actualité,
ce travail, devrait cependant rester prudent dans ses conclusions. L'auteur ne
circonscrit pas le cadre particulier et le type de travail des enfants. Pour
nous, nous pensons aborder l'apport de microcrédit dans l'autonomisation
de la femme en démontrant comment cette autonomisation a pu
accroître la force sociale et économique de la femme tant sur le
plan individuel que collectif afin d'éliminer des obstacles qui la
pénalisent et l'empêchent d'être pleinement
intégrée dans les divers secteurs de la société. Ce
qui place concrètement la femme dans la position d'affronter les
pratiques discriminatoires qui excluent les femmes des processus du
développement.
Jeanne BISILLIAT et Christine VERSCHUUR, ont écrit
Le genre : un outil nécessaire(1) . Les
deux auteurs ont voulu, par ce livre, créer un espace de connaissance
autour de thématiques genre et développement, apporter aux femmes
francophones et aux hommes bien évidemment des outils de
réflexion, et cela dans un esprit d'ouverture envers leurs devanciers
anglais, américains et latino-américains. Elles ont repris des
concepts féministes ou en ont forgé des nouveaux pour les adapter
aux situations spécifiques créées par les politiques et
les projets de développement. Ils se présentent comme des
repères intellectuels pour toutes celles et tous ceux qui cherchent,
avec bonne volonté, à comprendre la formidable complexité
du développement afin que leur action soit plus efficace, plus
complète, et non plus source de distorsions socioéconomiques
préjudiciables à tous, ou pire, source de détresses
matérielles et psychologiques.
Ce livre de Jeanne BISILLIAT et Christine VERSCHUUR a
l'avantage d'être un outil conceptuel sur la question du genre et
développement. Nous pensons, à travers notre étude,
être beaucoup plus pragmatique en traitant l'approche du genre dans la
lutte contre la pauvreté et surtout en analysant les manifestations de
l'autonomisation de la femme à travers le microcrédit à
Lubumbashi.
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