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Genre et lutte contre la pauvreté dans la ville de Lubumbashi. Essai d'analyse des manifestations de l'autonomisation de la femme Lushoise à  travers le microcrédit.

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par Modeste DIKASA ENGONDO
Université de Lubumbashi - Diplôme d'études approfondies 2010
  

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4.3. Evolution des politiques d'autonomisation de la femme dans le monde, en RDC et au Katanga

L'analyse de la situation du genre en République Démocratique Du Congo semble de nos jours faire ressortir la persistance des inégalités et iniquités dans la perception, la répartition, le contrôle et la gestion des ressources entre les hommes et les femmes. Ces disparités se reconnaissent aussi dans l'analyse des différences entre les sexes et les méthodes d'établissement de cartes de risques et de vulnérabilités au niveau de la conception de tous les programmes et projets de développement concernés afin d'améliorer l'efficacité de la gestion des risques liés aux catastrophes, en faisant appel à la participation des femmes et des hommes sur un pied d'égalité.

Ces disparités apparaissent également dans les traitements que notre société réserve aux filles et aux garçons, notamment dans l'accès à l'école surtout en milieu rural, la représentation des hommes et des femmes dans les instances décisionnelles. En effet, les inégalités entre les hommes et les femmes constituent un frein à la promotion des droits humains, à la réduction de la pauvreté, à la croissance économique et au développement social durable alors que la réalisation des objectifs de développement durable exige la participation effective et égalitaire des hommes et des femmes et ce, à tous les niveaux du processus de la création et de la redistribution des richesses.

C'est pourquoi, la RDC qui a souscrit à la déclaration Universelle des Droits de l'homme, à la charte relative aux droits humains ainsi qu'à l'ensemble des engagements internationaux qui visent à promouvoir une plus grande justice sociale et l'égalité entre les hommes et les femmes partout et qui reste très attachée à la

promotion et à la défense des droits humains et à la lutte contre toutes formes de discriminations se doit de faire de la question de l'égalité entre les femmes et les hommes une de ses préoccupations telle que relevée dans la constitution de la République Démocratique du Congo en son article 14 en rapport avec la mise en oeuvre du principe de la parité Homme Femme.

A cet effet, la prise en compte des questions de genre constituerait l'outil opérationnel pour la mise en oeuvre effective de la stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté ainsi que pour soutenir efficacement la réalisation de l'atteinte des Objectifs Millénaires du Développement (OMD).

L'élaboration, donc, du document de la Politique Nationale Genre (PNG) a visé non seulement à opérationnaliser les principes constitutionnels d'équité et d'égalité entre les hommes et les femmes et de respect des droits humains mais aussi à traduire dans les faits les engagements nationaux et internationaux de l'Etat congolais en faveur de la promotion de genre.

Plusieurs conférences régionales et mondiales ont été organisées avec comme objectif de remodeler la vision sur les conditions de vie des femmes, les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes et le respect équitable des droits humains dont les droits des femmes sont une partie intégrante. Ces assises ont permis de reconnaître le rôle crucial des femmes dans le développement et la nécessité de leur participation effective et équitable à la prise des décisions pour asseoir un développement durable.

La charte des Nations Unies est devenue le premier instrument international à instaurer le principe d'égalité entre les hommes et les femmes. Ces droits ont commencé en 1945 par l'octroi aux femmes de la possibilité de voter et d'être élues. En 1960, la convention concernant la lutte contre les discriminations dans le domaine de l'enseignement pose les jalons de l'égalité de chance pour les femmes et les filles dans l'enseignement ; En 1974, la déclaration sur la protection des femmes et des enfants en

période d'urgence et des conflits armés confirme la nécessité de l'égalité entre les hommes et les femmes ; En 1975, l'Assemblée Générale des Nations Unies proclame l'année internationale de la femme et convoque la première conférence mondiale sur la femme à Mexico. En 1979, la convention sur l'élimination de toutes formes des discriminations à l'égard de la femme (CEDEF) dont la force exécutoire à réclamer l'égalité de la femme aussi bien dans les législations que dans les faits est adoptée. En juillet 1985, s'est tenue à Nairobi au Kenya, la conférence mondiale pour évaluer les résultats de la première décennie de la femme décidée à Mexico en 1975 où il a été adopté les stratégies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme ; En 1995, la conférence de Beijing sur l'évaluation de la 2e décennie a abouti à l'élaboration du Plan d'Action en 12 domaines prioritaires ; les évaluations périodiques de Beijing +5 en 2000, de la CIPD+10 en 2004 et de Beijing +10 ont constaté le bilan mitigé obtenu en matière d'équité et d'égalité des sexes en raison notamment de l'inadéquation des mécanismes nationaux mis en place et de l'insuffisance des ressources allouées par les Etats et les donateurs au profit de l'équité et de l'égalité de genre ; En 2000, l'adoption des Objectifs du Millénaires pour le développement (OMD) dont le 3e Objectif consacré à la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes est la preuve de la détermination des dirigeants du monde à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes ; la Résolution 1325 du Conseil des Nations Unies incorpore une démarches sexospécifiques dans toutes les opérations de maintien de la paix et prévoit la, participation des femmes aux institutions clés et aux organes de décision.

Au niveau régional, la mise au point du Nouveau partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) a été l'occasion pour les chefs d'Etat et de Gouvernement de considérer l'égalité entre hommes et femmes et l'habilitation de ces dernières comme des facteurs essentiels de l'éradication de la pauvreté et du développement durable. Au niveau de la charte de l'Union africaine, il est clairement stipulé qu'il revient à l'Etat de veiller à l'élimination de toute discrimination contre la femme et d'assurer la protection des droits de la femme et de l'enfant tel qu'énoncés dans les déclarations et conventions internationales ; Au sommet de Maputo, tenu en

juillet 2003, les Chefs d'Etat ont introduit la parité homme et femme dans le conseil de l'union et ont adopté le protocole à la charte Africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme. Le protocole en question traite de manière spécifique les mesures à prendre pour combattre effectivement la discrimination à l'égard des femmes sous toutes ses formes. Cet engagement de l'Union Africaine confirmé à la conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement de 2004 a adopté une déclaration solennelle en faveur de l'égalité entre hommes et femmes dans les instances de décision et au niveau des postes électifs.

En somme, le contexte mondial et Africain offre à la République

Démocratique du Congo de réelles opportunités pour réaliser l'équité, l'égalité et la promotion des hommes et des femmes.

Avec une superficie de 2,4 millions de km2 et une population estimée à près de 60 millions d'habitants, la RDC est l'un des pays les plus peuplés d'Afrique avec un taux d'accroissement démographique de 3,2% et dont près de 80% de la population survivent avec moins de un dollar (1$US) par jour et par personne(1). Ce contexte de pauvreté massive a été aggravé par divers mécanismes et conflits armés. Face à la persistance de la pauvreté, le gouvernement de la République démocratique du Congo a élaboré en 2006, avec la participation des différents acteurs de la vie politique, économique et sociale, un premier document de Stratégie Nationale de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP). Plusieurs politiques et programmes sectoriels sont aussi élaborés et mis en oeuvre pour soutenir l'exécution du DSCRP. On note par exemple, le Programme d'Actions prioritaires (PAP) du gouvernement et la réalisation des cinq chantiers de la République et la politique nationale du genre.

Le programme national du Genre se réfère à la vision du développement à moyen et à long terme de la RDC telle que définit dans le DSCRP et s'attelle à bâtir, avec tous les acteurs, une société, sans discrimination, où les hommes et les femmes, filles et garçons ont les mêmes chances et droits de participer à son développement et

(1) Politique Nationale de Genre, Kinshasa, juillet 2009, P.10

de jouir des bénéfices de sa croissance. Le PNG a pour finalité de contribuer à la réalisation de l'équité et de l'égal accès des hommes et des femmes, des garçons et des filles aux ressources de la société. Il s'assigne deux objectifs globaux, à savoir :

1) Instaurer un environnement institutionnel, socioculturel, juridique et économique favorable à la réalisation de l'équité de genre et de l'égal accès des hommes et des femmes, des garçons et des filles aux ressources de la société.

2) Assurer l'intégration effective du genre en tant que variable à toutes les étapes des processus d'études et de recherches sur les conditions socio-économiques des populations, d'analyse, de planification, de mise en oeuvre, de suivi et d'évaluation des projets, politiques et programmes de développement.

Il s'appuie sur quatre axes stratégiques, à savoir :

1) La promotion équitable de la situation et de la position sociale de la femme autant que l'homme au sein de la famille et dans la communauté ;

2) La promotion équitable du potentiel et de position de la femme autant que de l'homme au sein de l'économie du ménage et dans l'économie de marché ;

3) La promotion de l'exercice équitable des droits et devoirs des femmes et des hommes et le renforcement de l'accès et de la position des femmes au niveau des sphères de décision ;

4) L'amélioration de l'impact des interventions en faveur de l'équité de genre et de l'égal accès des hommes et des femmes.

Chaque axe stratégique est décliné en objectifs spécifiques et stratégies d'intervention en vue de réduire les inégalités de genre.

Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons particulièrement à la stratégie relative à la promotion équitable du potentiel et de la position de la femme autant que de l'homme au sein de l'économie du ménage et dans l'économie du marché.

Cette stratégie vise l'accroissement de la productivité, de la capacité de production des femmes et l'amélioration de leur niveau de revenu à travers les objectifs suivants :

- Réduire le temps et la corvée des tâches domestiques ;

- Accroître les rendements, la productivité et la qualité des productions réalisés par les femmes ;

- Promouvoir le pouvoir économique des femmes ;

- Améliorer la visibilité des contributions des femmes à l'économie domestique et de marché.

Pour atteindre les objectifs ainsi fixés, les principales stratégies développées concernent :

1) Le développement de technologies réduisant le temps consacré aux activités domestiques ;

2) Le renforcement de l'accès et de l'accessibilité des femmes aux services énergétiques et d'assainissement notamment l'eau, l'électricité et les énergies nouvelles et renouvelables ;

3) Le renforcement de la participation effective des femmes dans tous les secteurs d'activité notamment dans les secteurs porteurs de croissance retenus par le DSCRP ;

4) Le renforcement de l'accès des femmes aux moyens de production, aux opportunités économiques et aux nouvelles technologies internationales de communications (NTIC)

5) L'intégration du genre dans les processus de collecte et d'analyse des données, de recherche et d'évaluation économique ;

6) La mise en oeuvre des mesures pertinentes susceptibles de favoriser des initiatives féminines et une participation équitable du genre dans la microfinance.

En tant que structure d'exécution des programmes nationaux en faveur du genre, femme et enfant, la Division provinciale a organisé le 17 juin 2008 un atelier sur l'analyse contextuelle de la problématique genre. Cet atelier devrait faire des analyses

profondes et exhaustives de façon à dégager les stratégies d'intégration du genre en République démocratique du Congo.

Du 30 octobre au 2 novembre 2008, la Division provinciale a organisé un atelier sur le renforcement des capacités des leaders des associations et mouvements coopératifs. Cet atelier avait pour objectif d'amener les femmes à maîtriser les éléments de base de la vie associative afin d'améliorer leur compréhension sur les principaux éléments de base d'une association et aussi comprendre le processus d'agrément des associations par les autorités.

Du 3 au 4 novembre 2008, il s'est tenu à Lubumbashi, sous la supervision de la division provinciale du Genre, Femme et enfant un atelier sur l'élaboration de la stratégie provinciale sur le Genre. Avec l'appui du PNUD, cet atelier avait comme objectif majeur d'impliquer tout le monde dans l'intégration de l'approche Genre dans le processus de développement de la province quant à la répartition des rôles et responsabilités entre les hommes et les femmes.

En fin, du 23 au 25 février 2009, en collaboration avec l'espace femme, un atelier de formation sur le leadership féminin s'est tenu à Lubumbashi. Cet atelier visait le renforcement des capacités des leaders des réseaux féminins membres de l'espace femme, qu'elles soient en mesure de créer un leadership capable de redynamiser leurs réseaux. Parmi les recommandations de cet atelier on note aussi celle relative à la nécessité de coordonner des programmes d'appui au financement et d'accès au crédit et aux micro-finances pour soutenir les activités des ONGs et associations et réseaux des femmes, en vue de leur permettre d'être plus performants.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984