4.3. Evolution des politiques d'autonomisation de la
femme dans le monde, en RDC et au Katanga
L'analyse de la situation du genre en République
Démocratique Du Congo semble de nos jours faire ressortir la persistance
des inégalités et iniquités dans la perception, la
répartition, le contrôle et la gestion des ressources entre les
hommes et les femmes. Ces disparités se reconnaissent aussi dans
l'analyse des différences entre les sexes et les méthodes
d'établissement de cartes de risques et de vulnérabilités
au niveau de la conception de tous les programmes et projets de
développement concernés afin d'améliorer
l'efficacité de la gestion des risques liés aux catastrophes, en
faisant appel à la participation des femmes et des hommes sur un pied
d'égalité.
Ces disparités apparaissent également dans les
traitements que notre société réserve aux filles et aux
garçons, notamment dans l'accès à l'école surtout
en milieu rural, la représentation des hommes et des femmes dans les
instances décisionnelles. En effet, les inégalités entre
les hommes et les femmes constituent un frein à la promotion des droits
humains, à la réduction de la pauvreté, à la
croissance économique et au développement social durable alors
que la réalisation des objectifs de développement durable exige
la participation effective et égalitaire des hommes et des femmes et ce,
à tous les niveaux du processus de la création et de la
redistribution des richesses.
C'est pourquoi, la RDC qui a souscrit à la
déclaration Universelle des Droits de l'homme, à la charte
relative aux droits humains ainsi qu'à l'ensemble des engagements
internationaux qui visent à promouvoir une plus grande justice sociale
et l'égalité entre les hommes et les femmes partout et qui reste
très attachée à la
promotion et à la défense des droits humains et
à la lutte contre toutes formes de discriminations se doit de faire de
la question de l'égalité entre les femmes et les hommes une de
ses préoccupations telle que relevée dans la constitution de la
République Démocratique du Congo en son article 14 en rapport
avec la mise en oeuvre du principe de la parité Homme Femme.
A cet effet, la prise en compte des questions de genre
constituerait l'outil opérationnel pour la mise en oeuvre effective de
la stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la
pauvreté ainsi que pour soutenir efficacement la réalisation de
l'atteinte des Objectifs Millénaires du Développement (OMD).
L'élaboration, donc, du document de la Politique
Nationale Genre (PNG) a visé non seulement à
opérationnaliser les principes constitutionnels d'équité
et d'égalité entre les hommes et les femmes et de respect des
droits humains mais aussi à traduire dans les faits les engagements
nationaux et internationaux de l'Etat congolais en faveur de la promotion de
genre.
Plusieurs conférences régionales et mondiales
ont été organisées avec comme objectif de remodeler la
vision sur les conditions de vie des femmes, les relations de pouvoir entre les
hommes et les femmes et le respect équitable des droits humains dont les
droits des femmes sont une partie intégrante. Ces assises ont permis de
reconnaître le rôle crucial des femmes dans le développement
et la nécessité de leur participation effective et
équitable à la prise des décisions pour asseoir un
développement durable.
La charte des Nations Unies est devenue le premier instrument
international à instaurer le principe d'égalité entre les
hommes et les femmes. Ces droits ont commencé en 1945 par l'octroi aux
femmes de la possibilité de voter et d'être élues. En 1960,
la convention concernant la lutte contre les discriminations dans le domaine de
l'enseignement pose les jalons de l'égalité de chance pour les
femmes et les filles dans l'enseignement ; En 1974, la déclaration sur
la protection des femmes et des enfants en
période d'urgence et des conflits armés confirme
la nécessité de l'égalité entre les hommes et les
femmes ; En 1975, l'Assemblée Générale des Nations Unies
proclame l'année internationale de la femme et convoque la
première conférence mondiale sur la femme à Mexico. En
1979, la convention sur l'élimination de toutes formes des
discriminations à l'égard de la femme (CEDEF) dont la force
exécutoire à réclamer l'égalité de la femme
aussi bien dans les législations que dans les faits est adoptée.
En juillet 1985, s'est tenue à Nairobi au Kenya, la conférence
mondiale pour évaluer les résultats de la première
décennie de la femme décidée à Mexico en 1975
où il a été adopté les stratégies
prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme ; En 1995, la
conférence de Beijing sur l'évaluation de la 2e
décennie a abouti à l'élaboration du Plan d'Action en 12
domaines prioritaires ; les évaluations périodiques de Beijing +5
en 2000, de la CIPD+10 en 2004 et de Beijing +10 ont constaté le bilan
mitigé obtenu en matière d'équité et
d'égalité des sexes en raison notamment de l'inadéquation
des mécanismes nationaux mis en place et de l'insuffisance des
ressources allouées par les Etats et les donateurs au profit de
l'équité et de l'égalité de genre ; En 2000,
l'adoption des Objectifs du Millénaires pour le développement
(OMD) dont le 3e Objectif consacré à la promotion de
l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes est la preuve
de la détermination des dirigeants du monde à promouvoir
l'égalité entre les hommes et les femmes ; la Résolution
1325 du Conseil des Nations Unies incorpore une démarches
sexospécifiques dans toutes les opérations de maintien de la paix
et prévoit la, participation des femmes aux institutions clés et
aux organes de décision.
Au niveau régional, la mise au point du Nouveau
partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) a
été l'occasion pour les chefs d'Etat et de Gouvernement de
considérer l'égalité entre hommes et femmes et
l'habilitation de ces dernières comme des facteurs essentiels de
l'éradication de la pauvreté et du développement durable.
Au niveau de la charte de l'Union africaine, il est clairement stipulé
qu'il revient à l'Etat de veiller à l'élimination de toute
discrimination contre la femme et d'assurer la protection des droits de la
femme et de l'enfant tel qu'énoncés dans les déclarations
et conventions internationales ; Au sommet de Maputo, tenu en
juillet 2003, les Chefs d'Etat ont introduit la parité
homme et femme dans le conseil de l'union et ont adopté le protocole
à la charte Africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux
droits de la femme. Le protocole en question traite de manière
spécifique les mesures à prendre pour combattre effectivement la
discrimination à l'égard des femmes sous toutes ses formes. Cet
engagement de l'Union Africaine confirmé à la conférence
des chefs d'Etat et de Gouvernement de 2004 a adopté une
déclaration solennelle en faveur de l'égalité entre hommes
et femmes dans les instances de décision et au niveau des postes
électifs.
En somme, le contexte mondial et Africain offre à la
République
Démocratique du Congo de réelles
opportunités pour réaliser l'équité,
l'égalité et la promotion des hommes et des femmes.
Avec une superficie de 2,4 millions de km2 et une
population estimée à près de 60 millions d'habitants, la
RDC est l'un des pays les plus peuplés d'Afrique avec un taux
d'accroissement démographique de 3,2% et dont près de 80% de la
population survivent avec moins de un dollar (1$US) par jour et par
personne(1). Ce contexte de pauvreté massive a
été aggravé par divers mécanismes et conflits
armés. Face à la persistance de la pauvreté, le
gouvernement de la République démocratique du Congo a
élaboré en 2006, avec la participation des différents
acteurs de la vie politique, économique et sociale, un premier document
de Stratégie Nationale de Croissance et de Réduction de la
Pauvreté (DSCRP). Plusieurs politiques et programmes sectoriels sont
aussi élaborés et mis en oeuvre pour soutenir l'exécution
du DSCRP. On note par exemple, le Programme d'Actions prioritaires (PAP) du
gouvernement et la réalisation des cinq chantiers de la
République et la politique nationale du genre.
Le programme national du Genre se réfère
à la vision du développement à moyen et à long
terme de la RDC telle que définit dans le DSCRP et s'attelle à
bâtir, avec tous les acteurs, une société, sans
discrimination, où les hommes et les femmes, filles et garçons
ont les mêmes chances et droits de participer à son
développement et
(1) Politique Nationale de Genre, Kinshasa,
juillet 2009, P.10
de jouir des bénéfices de sa croissance. Le PNG
a pour finalité de contribuer à la réalisation de
l'équité et de l'égal accès des hommes et des
femmes, des garçons et des filles aux ressources de la
société. Il s'assigne deux objectifs globaux, à savoir
:
1) Instaurer un environnement institutionnel, socioculturel,
juridique et économique favorable à la réalisation de
l'équité de genre et de l'égal accès des hommes et
des femmes, des garçons et des filles aux ressources de la
société.
2) Assurer l'intégration effective du genre en tant
que variable à toutes les étapes des processus d'études et
de recherches sur les conditions socio-économiques des populations,
d'analyse, de planification, de mise en oeuvre, de suivi et d'évaluation
des projets, politiques et programmes de développement.
Il s'appuie sur quatre axes stratégiques, à savoir
:
1) La promotion équitable de la situation et de la
position sociale de la femme autant que l'homme au sein de la famille et dans
la communauté ;
2) La promotion équitable du potentiel et de position de
la femme autant que de l'homme au sein de l'économie du ménage et
dans l'économie de marché ;
3) La promotion de l'exercice équitable des droits et
devoirs des femmes et des hommes et le renforcement de l'accès et de la
position des femmes au niveau des sphères de décision ;
4) L'amélioration de l'impact des interventions en faveur
de l'équité de genre et de l'égal accès des hommes
et des femmes.
Chaque axe stratégique est décliné en
objectifs spécifiques et stratégies d'intervention en vue de
réduire les inégalités de genre.
Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons
particulièrement à la stratégie relative à la
promotion équitable du potentiel et de la position de la femme autant
que de l'homme au sein de l'économie du ménage et dans
l'économie du marché.
Cette stratégie vise l'accroissement de la
productivité, de la capacité de production des femmes et
l'amélioration de leur niveau de revenu à travers les objectifs
suivants :
- Réduire le temps et la corvée des tâches
domestiques ;
- Accroître les rendements, la productivité et la
qualité des productions réalisés par les femmes ;
- Promouvoir le pouvoir économique des femmes ;
- Améliorer la visibilité des contributions des
femmes à l'économie domestique et de marché.
Pour atteindre les objectifs ainsi fixés, les principales
stratégies développées concernent :
1) Le développement de technologies réduisant le
temps consacré aux activités domestiques ;
2) Le renforcement de l'accès et de
l'accessibilité des femmes aux services énergétiques et
d'assainissement notamment l'eau, l'électricité et les
énergies nouvelles et renouvelables ;
3) Le renforcement de la participation effective des femmes
dans tous les secteurs d'activité notamment dans les secteurs porteurs
de croissance retenus par le DSCRP ;
4) Le renforcement de l'accès des femmes aux moyens de
production, aux opportunités économiques et aux nouvelles
technologies internationales de communications (NTIC)
5) L'intégration du genre dans les processus de collecte
et d'analyse des données, de recherche et d'évaluation
économique ;
6) La mise en oeuvre des mesures pertinentes susceptibles de
favoriser des initiatives féminines et une participation
équitable du genre dans la microfinance.
En tant que structure d'exécution des programmes
nationaux en faveur du genre, femme et enfant, la Division provinciale a
organisé le 17 juin 2008 un atelier sur l'analyse contextuelle de la
problématique genre. Cet atelier devrait faire des analyses
profondes et exhaustives de façon à dégager
les stratégies d'intégration du genre en République
démocratique du Congo.
Du 30 octobre au 2 novembre 2008, la Division provinciale a
organisé un atelier sur le renforcement des capacités des leaders
des associations et mouvements coopératifs. Cet atelier avait pour
objectif d'amener les femmes à maîtriser les
éléments de base de la vie associative afin d'améliorer
leur compréhension sur les principaux éléments de base
d'une association et aussi comprendre le processus d'agrément des
associations par les autorités.
Du 3 au 4 novembre 2008, il s'est tenu à Lubumbashi,
sous la supervision de la division provinciale du Genre, Femme et enfant un
atelier sur l'élaboration de la stratégie provinciale sur le
Genre. Avec l'appui du PNUD, cet atelier avait comme objectif majeur
d'impliquer tout le monde dans l'intégration de l'approche Genre dans le
processus de développement de la province quant à la
répartition des rôles et responsabilités entre les hommes
et les femmes.
En fin, du 23 au 25 février 2009, en collaboration avec
l'espace femme, un atelier de formation sur le leadership féminin s'est
tenu à Lubumbashi. Cet atelier visait le renforcement des
capacités des leaders des réseaux féminins membres de
l'espace femme, qu'elles soient en mesure de créer un leadership capable
de redynamiser leurs réseaux. Parmi les recommandations de cet atelier
on note aussi celle relative à la nécessité de coordonner
des programmes d'appui au financement et d'accès au crédit et aux
micro-finances pour soutenir les activités des ONGs et associations et
réseaux des femmes, en vue de leur permettre d'être plus
performants.
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