2.6.3. En RDC
D'après MPANZU Balomba1 l`histoire de la
microfinance en République Démocratique du Congo se subdivise en
trois périodes, à savoir :
· De la période coloniale à 1970 ;
· De 1970 à 1990 ;
· De 1990 à nos jours
De la période coloniale à 1970
Par le décret du 24 mars 1956, le législateur a
organisé la création et le fonctionnement des «
sociétés coopératives indigènes » dont l`objet
social était de promouvoir, par la mise en oeuvre des principes de la
coopération, les intérêts économiques et sociaux de
leurs membres exclusivement.
Toutes les sociétés de type coopératif, y
compris les coopératives d`épargne et de crédit ou COOPEC,
étaient assujetties à cette loi et placées sous la tutelle
du Gouverneur de province. A cette période, aucune structure
financière de proximité formelle d`initiative privée n`a
été agréée. Par contre, le pouvoir colonial a
créé la Caisse d`Epargne du Congo (CADECO), Institution de droit
public, afin de collecter les petites épargnes.
Après l`indépendance, en 1969
précisément, la première COOPEC congolaise, « la
Caisse Populaire Coopérative » fut créée à
Mbuji-Mayi (Province du Kassaï Oriental) mais son expérience ne
fût pas concluante faute de cadres compétents.
1 MPANZU Balomba, Microfinance en République
Démocratique du Congo : cas du site maraicher de Ndjili/ CECOMAF
à Kinshasa, DES en Economie et Sociologie rurale de la
Faculté Universitaire de Gembloux (FUSAGx) et UCL, 2004-2005, P
23-24.
De 1970 a 1990
Cette période est caractérisée par
l`émergence des coopératives d`épargne et de crédit
(COOPEC), en raison notamment de l`accessibilité des services offerts
aux membres et de leur implantation dans les milieux les plus reculés du
pays dépourvus de banques. Toutefois, faute d`un cadre légal
spécifique, ces dernières continueront à se conformer aux
dispositions du décret de 1956 et de ce fait seront désormais
placées sous la tutelle du Ministère du Développement
Rural.
Le mouvement coopératif congolais se développa
donc autour de trois foyers principaux notamment Bansankusu (Equateur) en 1970,
Bukavu (Kivu) et Kinshasa en 1971 avec la création du réseau
« Fédération des Caisses Populaires de Crédit
LUYMAS/CBCO ». Dès ce moment, le mouvement s`est répandu sur
tout le territoire national et plus sensiblement à Kinshasa, dans les
provinces du Bas-Congo, du Bandundu et du Kivu.
La structure des COOPEC congolaises est
caractérisée par une organisation à trois niveaux, le
niveau primaire (COOPEC), le niveau secondaire (Centrale) et le niveau
tertiaire (Union ou Fédération).
Les COOPEC se chargent de la mobilisation et de l`octroi des
crédits aux membres. Les centrales regroupent plusieurs COOPEC dont
elles assurent entre autres la cohésion. L`Union a plusieurs missions
dont celle de représentation et de coordination des activités du
réseau.
En 1987, les coopératives détenaient
l`équivalent de 7% de l`épargne du secteur bancaire. Elles
étaient pour la plupart affiliées à des centrales
provinciales regroupées à leur tour au niveau national en une
Union des Coopératives Centrales d`Epargne et de Crédit «
UCCEC ». En 1989, l`UCCEC supervisait cinq réseaux
provinciaux totalisant 145 coopératives primaires, 274.389
membres et 4,9 millions de dollars américains d`épargne (Lebughe
M. et al, 2003)(1).
De 1990 a nos jours
Depuis 1991, le contexte socio-économique et politique
difficile caractérisé notamment par les pillages,
l`hyperinflation, la prise des mesures monétaires incohérentes et
l`instabilité politique, a contribué à fragiliser le
système financier en RDC et particulièrement les COOPEC.
Ainsi, les coopératives ont perdu, entre 1991 et 1993,
près de 80 % de leur clientèle et 66 % des fonds placés
dans les banques de dépôt, justifiant ainsi le climat de
méfiance des membres envers ce mouvement (Lebughe M. et al,
2003)(2).
La plupart des COOPEC se sont regroupées en 15
centrales et ont adhéré à des structures
faîtières de 3ème niveau, à savoir
l`Union des Coopératives Centrales d`Epargne et de Crédit (UCCEC)
et la Confédération Nationale des Coopératives d`Epargne
et de Crédit (CONACEC).
Les Institutions de microfinance autres que les COOPEC, se
sont développées en RDC dans les années 1990, dans le
secteur informel. Elles sont l`oeuvre, dans la quasi majorité des cas,
des Organisations Non Gouvernementales « ONG » et des initiatives
locales de Développement.
Avec la crise économique qui sévit en
République Démocratique du Congo depuis plus d`une
décennie et qui a laissé des séquelles sur le
système financier (caractérisé par - la faillite des
banques commerciales contrôlées par l`Etat et l`essoufflement de
celles à capitaux privés ; - la réduction significative
des activités des institutions financières non bancaires ; - le
ralentissement sensible de l`activité des
(1) LEBUGH N., NDOBA E. et GERE K, Systèmes financiers
décentralisés en Afrique de l`Est. Cas de la RDC cité par
MPANZU BALOMBA, Op. Cit, p.24, 2003
(2) MPANZU BALOMBA, Op. Cit, p.24, 2003
COOPEC en matière de collecte de l`épargne et de
distribution de crédit), la nécessité de promouvoir des
structures alternatives de financement capables d`assurer la mobilisation de la
petite épargne, d`octroyer du crédit en milieu rural et milieux
urbains défavorisés, et de créer des conditions d`une
insertion progressive du secteur informel de l`économie moderne se fit
sentir.
En plus, de nombreux ménages, confrontés au
problème de pauvreté, ont entrepris des activités
nouvelles capables de générer des revenus et à concevoir
des microprojets en quête de micro financements. En réponse
à ces attentes, on a assisté à l`éclosion d`une
catégorie d`institutions chargées de mobiliser des ressources
tant internes qu`externes et capable d`octroyer des microcrédits. Elles
ont donc commencé à offrir des services financiers, de
crédit et/ou d`épargne, aux personnes les plus démunies ne
pouvant accéder aux avantages du système bancaire classique.
C'est ainsi que la Banque Centrale du Congo (BCC) se verra
confié par l'état congolais la tache d'encadrement institutionnel
des institutions de microfinance. En effet, le secteur de la microfinance
étant devenu un outil d`émancipation économique et
sociale, une Sous-Direction chargée de la microfinance a
été mise en place au mois de septembre 2000 au sein de la BCC.
Ainsi, les missions ci-après ont été assignées
à cette Sous- Direction :
> dresser le diagnostic du secteur et constituer une base de
données fiables et actualisées ;
> vérifier et contrôler la conformité des
opérations aux instructions réglementaires y relatives;
> s`assurer de la régularité de la gestion
interne et de la conformité des activités des organismes de
microfinance aux dispositions légales en la matière.
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