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Genre et lutte contre la pauvreté dans la ville de Lubumbashi. Essai d'analyse des manifestations de l'autonomisation de la femme Lushoise à  travers le microcrédit.

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par Modeste DIKASA ENGONDO
Université de Lubumbashi - Diplôme d'études approfondies 2010
  

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2 Les syst~mes nationaux et internationaux d'épargne et de crédit.

De nombreuses caisses locales d'épargne et de crédit se sont organisées en Afrique pour obtenir davantage de crédit que les possibilités créées par leur épargne et répondre ainsi à la demande locale ou pour placer l'épargne non prêtée. Elles ont donc constitué des unions et fédérations, quelquefois puissantes comme l'Association Africaine de crédit agricole. Au niveau national, prenons l'exemple de l'Afrique de l'Ouest où des organisations telles que Nyesigiso et Kafo Jiginew au Mali, l'ACEP au Sénégal, la FECECAM au Bénin rassemblent des dizaines de milliers de membres épargnants et/ou emprunteurs. Ce sont de plus des partenaires efficaces et incontournables de l'attribution du crédit au monde paysan ou aux artisans du secteur

non formel urbain. Ces unions et fédérations sont bien organisées, les taux d'intérêt utilisés pour rétribuer l'épargne ou prêter aux paysans, aux commerçantes ou aux femmes entrepreneurs varient selon les cas mais sont souvent en-dessous des prix du marché. Il n'est pas rare de constater que ces caisses ne s'autofinancent pas, principalement à cause des frais engendrés par leurs efforts de formation.

3 Les fondations et ONG, gestionnaires de microcrédits.

Depuis une vingtaine d'années, de très nombreuses fondations ou ONG se sont créées pour distribuer et gérer le microcrédit en Afrique. Ces organisations agissent comme des intermédiaires entre les « financeurs » (agences de coopération, ONG du Nord, banques, etc.) et les demandeurs de crédit, isolés ou organisés en petits groupes professionnels. C'est ainsi que dans l'optique de répondre aux besoins exprimés par les producteurs locaux, se sont créés l'APEM à Madagascar, Start Up Fund en Afrique du Sud... Des millions de petits producteurs ou commerçants dépendent de leur action. Le problème de ces organisations est que leur coût d'intervention étant élevé, elles doivent facturer leurs services au prix coütant, ce qui entraîne une forte augmentation des taux d'intérêt.

4 Les Banques de microcrédit.

Depuis quelques années, entraînées par l'expérience de la Grameen Bank du Bangladesh, de grandes Fondations et ONG du microcrédit de plusieurs pays d'Afrique sub-saharienne ont leur propre banque. Limitées dans leur financement et souvent par des règles administratives nationales, ces organisations, face à la demande considérable de crédit émanant des petits producteurs et commerçants du milieu informel mais aussi des petites et moyennes entreprises naissantes ou en développement, ont instauré des instruments financiers qui ont évolué vers la création d'institutions financières formelles et de banques, spécialisées dans le financement du microcrédit. A titre d'exemple la Banque K-REP et la JAMII BORA du Kenya qui gèrent chacun un portefeuille de microcrédit supérieur à 10 millions de dollars américains et qui figurent sur la liste des institutions financières de proximité, avant-gardistes et

résolument engagées dans la lutte contre la pauvreté(1) . Par ailleurs, les professionnels du microcrédit se sont dotés des instruments financiers et des banques nécessaires pour bénéficier des lignes de crédit accordées par les Banques internationales de développement ou les Agences bilatérales de coopération.

Une étude menée dans 17 pays d'Afrique subsahariens par le PNUD et la Banque mondiale a permis d'identifier 98 établissements de micro financement et de financement rural. La moitié des entités ainsi recensées sont des organisations non gouvernementales qui fournissent des services financiers de petite échelle, un tiers sont des associations d'épargne et de crédit, le reste se compose de banques et autres institutions financières qui octroient de petits prêts. Par ailleurs, d'après un document d'information sur les associations de crédit africaines récemment publié par Afrique Relance, le nombre officiel de membres des mutuelles affiliées à l'Association des coopératives d'épargne et de crédit d'Afrique ( ACECA ) est passé de 1,6 million en 1984 à 5,6 en 1994. Le Kenya en compte à lui seul 1,3 million, dont l'épargne atteint au total presque 338 millions de dollars.

Mais pour favoriser l'essor du microcrédit en Afrique, il est nécessaire de mieux encadrer ce système. En effet suite au sommet du microcrédit de Washington de 1997, les représentants africains ont déploré que ce dernier se soit surtout intéressé au succès du Microcrédit en Asie et en Amérique Latine. La représentante de la « Women`s world Banking du Ghana » avait alors déclaré : « On n'a pas du tout prêté attention à l'Afrique ». Dans le but par conséquent de pallier à ce manque d'intérêt de la communauté internationale et d'améliorer la gestion de la microfinance sur le continent africain, divers forums se sont mis en place et aujourd'hui le système de microcrédit africain semble susciter un intérêt certain de la part de l'Occident. Ainsi, le rapport 2006 sur la campagne du microcrédit fait état des résultats atteints par la communauté internationale. En date du 31 décembre 2005, 31333 institutions de microcrédit ont par exemple affirmé desservir 113 261 390 clients ayant un prêt en cours, dont 81 949 036

(1) Lambert MIMPIYA Akan, « la microfinance éradique- t- elle la pauvreté ? » In Congo Afrique n°428 octobre 2008, p 666

étaient considérés comme faisant partie des plus pauvres lorsqu'ils ont contracté leur premier emprunt. Selon ce rapport, depuis 1997 le microcrédit a connu une évolution indéniable, et cela est notamment valable pour l'Afrique sub-saharienne. En effet, étant donné que l'Afrique est la seule région du monde où l'on prévoit une aggravation de la pauvreté, il y a là une solide raison d'accorder une attention particulière aux familles les plus démunies de ce continent. Cependant dans ce contexte il est aussi essentiel d'analyser le rôle des gouvernements africains dans le développement du microcrédit.

C'est à titre d'exemple dans cette optique que le 8 avril 2005 les dirigeants de 20 pays africains se sont rassemblés à Cotonou pour discuter des défis posés par le microcrédit en Afrique. Ministres des finances et gouverneurs de Banques centrales ont donc examiné avec les responsables des institutions de microfinance, partenaires au développement et investisseurs privés, les conditions qui permettront au continent africain, à travers son secteur de la microfinance, de réaliser les objectifs assignés par les Nations-Unies pour l'édification d'ici 2015 d'un secteur financier accessible au plus grand nombre. Les gouvernements africains commencent donc à s'intéresser aux opportunités de développement qu'offre le microcrédit. Prenons l'exemple du gouvernement burkinabé qui à Ouagadougou a décidé de mettre en place une stratégie avec les partenaires techniques et financiers permettant de généraliser l'accès des burkinabés (surtout les plus démunis) à un système financier ouvert. Ce plan d'action de la stratégie nationale de microfinance est à hauteur de 12, 555 milliards de nos francs et s'articule autour de cinq axes principaux : il s'agit d'aménager le cadre légal, réglementaire et fiscal ; renforcer les capacités de gestion des institutions de microfinance ; développer et diversifier les services financiers ; et enfin professionnaliser les institutions et améliorer leur système d'information et de communication en vue de favoriser l'intégration du secteur au système global. Il y a ainsi une réelle volonté de ce gouvernement de faire de la microfinance « un puissant système alternatif d'intermédiation financière capable de toucher les plus défavorisés ». Selon le Directeur Général du Trésor Public et de la Comptabilité, Lucien Marie Noël Bembamba, le plan d'action vise à lever les contraintes auxquelles fait face le secteur. Il s'agit de pallier au faible taux de couverture et de gouvernance au sein de ces institutions et ce, pour

permettre à la microfinance de jouer pleinement son rôle d'outil de lutte contre la pauvreté.

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