Chapitre 2
Modélisation des paramètres
génétiques en milieu naturel
2.1 Introduction
L'enjeu que constitue l'estimation de la variance
génétique et de l'héritabilité des
caractères dans le domaine de l'amélioration
génétique des plantes ou des animaux a déjà
été souligné dans l'introduction générale de
ce travail. L'héritabilité d'un caractère est un
indicateur de la possibilité, pour une population donnée, de
répondre à la sélection et reflète le potentiel
d'évolution de cette population (Thomas et al., 2000). La connaissance
de la covariance entre les caractères quantitatifs d'individus
apparentés permet d'estimer l'héritabilité d'un
caractère (Falconer, 1974; Ritland, 1996b). De manière classique,
des dispositifs expérimentaux bien précis sont mis en place et
les relations de parenté sont donc connues (Lynch et Walsh, 1998; Thomas
et al., 2000). Lorsque les relations généalogiques entre les
individus sont connues, il est possible de calculer les coefficients
d'apparentement puis d'estimer la variation génétique à
partir de mesures faites sur les individus (Moore et Kukuk, 2002). Mais en
milieu naturel, l'apparentement entre les individus est inconnu.
L'objectif dans cette partie est de proposer un modèle
qui permet d'estimer simultanément l'apparentement et
l'héritabilité sans connaissance du pedigree. Tout d'abord nous
rappelons le lien entre variance phénotypique et génétique
puis nous présentons rapidement les modèles existants pour
l'estimation de l'héritabilité en milieu naturel. La
dernière partie est consacré au développement d'un
modèle hiérarchique bayésien qui permet d'estimer
simultanément l'apparentement et l'héritabilité.
2.2 Covariance phénotypique et covariance
génétique
Les modèles de génétique quantitative
classiquement utilisés (Lynch et Walsh, 1998), sont exprimés en
terme de modèles linéaires mixtes :
Y = X3 + a + (2.1)
où Y = (Y1, .. . , Yn) est le vecteur
phénotypique de m individus, X une ma-trice m×q de co-variables, 3
les effets fixes associé, a = (a1, .. . , an) le vecteur des
effets génétiques additifs individuels supposé gaussien
d'espérance nulle et de matrice de variance covariance Va.
Enfin, = ( 1,.. . , n) est un vecteur de résidus
supposé gaussien d'espérance nulle et de matrice de variance
covariance Vå = ó2 åId
où Id désigne la matrice identité. En supposant que les
vecteurs a et ne sont pas corrélés, l'espérance et la
matrice de variance-covariance du vecteur des observations Y sont
E(Y) = X3
et
V2 Y = Va + ó2
å.
Le premier terme de cette dernière expression
correspond à la contribution de la variance des effets
génétiques additifs et le second terme correspond à celle
des résidus. Les effets fixes influence donc l'espérance des Y
tandis que les effets aléatoires influencent la variance et la
covariance des Y .
Dans le cas de populations diploïdes, l'effet
génétique individuel a se décompose en deux parties. La
première am correspond à la part
génétique héritée de la mère in, et la
seconde ap correspond à la part génétique
héritée du père p. Si les effets de dominance et
d'épistasie sont nuls, le modèle s'écrit
Y = X3 + am + ap +
Si les effets sont distribués selon une gaussienne
d'espérance nulle et de même variance (même population
d'effets), la covariance phénotypique entre les individus 1 et 2, est
égale à
CovY1,Y2 = Covam1+ap1+å1,am2+ap2+å2
= Covam1+ap1,am2+ap2
= Covam1,am2 + Covam1,ap2 + Covap1,am2 + Covap1,am2
Le calcul de CovY1,Y2 dépend du patrimoine
génétique commun que partage les deux individus et donc de leur
degrés d'apparentement (Lynch et Walsh, 1998). Les deux individus
partagent des gènes identiques par descendance avec la
probabilité è. Comme les effets sont issus de la même
distribution gaussienne, On en déduit que
CovY1,Y2 = 4èE(amap).
Or les parents ne transmettent que la moitié de leur
patrimoine génétique, 4èE(amap)
correspond au double de la variance génétique additive que
multiplie la probabilité que les gènes tirés
aléatoirement chez les deux individus soit IBD. Donc
CovY1,Y2 = 2è12ó2 a = ó2 ar12.
oil ó2 a désigne la variance additive,
è12 le coefficient d'apparentement ("co-ancestry") et r12 =
2è12 le coefficient de parenté (relatedness coefficient, cf
introduction). Ainsi, dans un modèle de génétique additif
Va = Ró2 a et les effets individuels sont
a = (a1,...,an) ~ N(0,ó2
aR)
oil R est la matrice des coefficients de parenté entre
tous les couples d'individus.
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