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Contribution des ONG musulmanes à  l'accroissement de l'offre éducative de base au Burkina Faso: Cas de l'Agence des musulmans d'Afrique.

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par Seydou SOGOBA
Université de Koudougou - CA/ Institut d'études politiques 2011
  

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2.2.3. Données recueillies auprès des élèves

Avec les élèves nous avons cherché à comprendre la perception qu'ils ont de l'école a laquelle ils appartiennent, leurs rapports avec les enseignants et l'appréciation qu'ils font de l'offre d'éducation de l'AMA.

Les élèves interrogés sont tous du CM2. Ils justifient le choix de l'école de l'AMA avec les mêmes raisons avancées par les parents, à savoir que c'est une école musulmane dont les frais de scolarité ne sont pas élevés, la proximité de l'école avec la famille de l'élève, ou son statut d'orphelin qui justifie sa prise en charge par le centre. Les élèves des écoles de centres connaissent mieux l'ONG que les élèves hors centres. Pendant que les premiers affirment que c'est une association du Koweït qui aide les pauvres, les seconds évoquent seulement l'origine arabe du don.

Pour l'ouverture de leurs écoles aux enfants des autres confessions religieuses, les élèves participants ont reconnu de façon unanime que tout enfant peut s'y inscrire. Au cours d'une séance de focus groupe, nous avons enregistré des échanges entre les participants qui en disent long sur leur connaissance de la situation:

« -il y a des chrétiens parmi les maîtres et puis il y a des élèves chrétiens; -c'est vrai mais ils ne sont pas nombreux; -c'est parce que les chrétiens ont leur école; -non! Ils croient que c'est medersa...».

Deux élèves au nombre des participants étaient de confessions autres que musulmane.

Vis-à-vis des maîtres les élèves ont une bonne appréciation. Ils ne sont absents que quand ils sont malades. Dans ce cas il arrive qu'on leur envoie un autre maître ou alors le directeur les retient par des exercices.El5 affirme:

«les maîtres sont gentils, quand un maître est malade ,le directeur vient nous donner des exercices ,si ça dur, on envoie un autre maître

Quant aux parents, les élèves s'accordent sur le fait qu'ils sont rares à l'école. Pour ceux qui viennent souvent, ils s'entretiennent avec le directeur et les enfants supposent que c'est pour payer les frais de scolarité ou pour voir les résultats de leurs enfants.

2.2.4. Appréciations de l'offre d'éducation de l'AMA difficultés évoquées par les acteurs

Dans le souci d'éviter les redites, nous procédons dans cette sous- section à une analyse synthétique des appréciations de l'offre par les acteurs d'une part et d'autre part à celle des difficultés évoquées par l'ensemble des participants.

2.2.4.1. Appréciation de l'offre éducative de l'AMA

Dans l'ensemble la contribution de l'AMA est positivement appréciée. C'est surtout l'originalité de l'initiative et l'importance des investissements qui sont saluées par les participants.

Ainsi pour les enseignants, au regard du nombre important d'élèves qui bénéficient de la prise en charge ou de la scolarité à moindre coüt l'AMA participe à l'accroissement de l'offre éducative. Ils soutiennent que visiblement elle peut mieux faire, vu l'expérience acquise et les importants moyens qu'elle mobilise. Ces écoles selon certains enseignants arabophones sont ce qu'il y a de mieux pour le musulman au Burkina. C'est du reste ce que traduit Ens13 en ces termes:

«je pense que celui qui veut une éducation islamique pour son enfant et le voir s'intégrer harmonieusement dans la société burkinabé qui a le français comme langue de l'administration et des affaires, l'école de l'AMA est mieux indiquée».

Les encadreurs pédagogiques et les responsables du MEBA trouvent que l'oeuvre est salutaire, et fait partie des initiatives communautaires du genre à accélérer l'atteinte des objectifs de l'éducation au niveau provincial et même national. Ils apportent pour preuve: les facilités que le système offre aux démunis d'être pris en charge ou d'accéder à la scolarisation à moindre coût; les possibilités d'accélérer la scolarisation dans certains milieux musulmans réfractaires à l'école française.

L'initiative est particulièrement appréciée des premiers bénéficiaires des écoles qui sont les parents d'élèves et les élèves qui sont majoritairement musulmans. Et par conséquent y trouvent la solution à deux préoccupations: la quête de la connaissance scientifique et celle du savoir religieux. A ce propos le Pe 4 affirme:

«pourquoi je vais chercher une autre école alors que ici, mes enfants apprennent le français, l'arabe et la religion. On souhaite seulement que l'AMA continue de nous aider et que les maîtres continuent de travailler bien comme toujours».

Cette satisfaction que l'on note chez pratiquement tous les participants devient relative lorsqu'on la soumet aux difficultés rencontrées par les acteurs.

2.2.4.2. Les difficultés évoquées par les participants

Les responsables du bureau national reconnaissent malgré eux qu'ils rencontrent des difficultés: leurs missions ne sont pas toujours bien définies, ce qui engendre très souvent un déficit de communication entre les premiers responsables et le personnel local. Souvent l'exécution des projets ne tient pas compte du bon fonctionnement de l'administration. L'absence au niveau national d'une instance de concertation et d'échange d'expériences avec les acteurs du terrain compromet la bonne marche des activités, surtout en ce qui est de l'enseignement.

Pour les écoles, l'une des grandes difficultés est la prise en charge financière des enseignants. Cette question est devenue tellement préoccupante pour les responsables que l'idée de l'école elle-même est devenue problématique pour certains.R1 nous donne sa lecture de la situation en ces termes:

«l'idée de départ était que chaque école puisse s'auto gérer après cinq ans de fonctionnement tout en continuant de recevoir une petite subvention de l'AMA pour compléter le salaire des enseignants. Dans la pratique on constate que les communautés locales ne sont pas en mesure de prendre en charge les écoles. Aujourd'hui l'essentiel des ressources des écoles est constitué de la subvention de l'AMA qui ne suffit pas à prendre en charge correctement les enseignants. Pourtant par principe, l'ONG prévoit pour l'ensemble de ses investissements d'ériger les infrastructures et non de participer à leur fonctionnement. Mais pour moi le cas des écoles doit être considérer autrement, puisse que l'ONG a décidé d'en assurer elle même la gestion. Sinon, certaines personnes tentent de nous convaincre qu'il faut abandonner la gestion des écoles. Je ne sais pas, c'est peut être la solution".

Pour les directeurs d'écoles, le problème majeur est le manque de qualification qui handicape le suivi conseil des enseignants. Ils sont souvent impuissants face aux questions pédagogiques des enseignants. En témoigne cette affirmation de Dir8:

«je reconnais que nous ne sommes pas suffisamment formés pour répondre aux questions pédagogiques. C'est l'expérience de la vie et la bonne collaboration avec les collègues qui nous aident beaucoup".

Même si les cas de conflits sont rares, certains directeurs des écoles de centres et des enseignants disent avoir des difficultés de collaboration avec les surveillants chargés de

l'encadrement des orphelins qui ne sont pas des professionnels.Dir4 dépeint la situation en ces termes:

«ce n'est pas facile de travailler avec ces gens là, certains agissent comme si l'école était une activité secondaire dans le centre. Il arrive par exemple que d'autres activités soient programmées sans tenir compte des cours.»

Le départ des enseignants expérimentés, le traitement salarial et l'absence de communication avec les responsables du bureau central constituent d'autres difficultés relevées auprès des directeurs et des enseignants.

Pour les directeurs de centres les difficultés évoquées se situent à deux niveaux. Avec leur hiérarchie, certains pensent que le montant alloué mensuellement pour la prise en charge et le fonctionnement des services ne tient pas toujours compte du coût des denrées qui diffère d'une localité à l'autre. On observe aussi que les procédures sont souvent longues dans le financement des activités de sorte que le directeur ne puisse pas toujours prévoir à l'avance. Avec les autres collaborateurs, c'est l'attitude de certains parents qui ne facilite pas le suivi des pensionnaires des centres.Dc1 en donne des explications:

«avec les parents et tuteurs des enfants on a souvent l'impression qu'ils veulent se débarrasser des enfants en les confiant aux centres. Certains enfants dès leur admission au centre ne reçoivent presque plus de visite. Pour moi un centre ne peut pas remplacer une famille, nous devons travailler ensemble pour la bonne éducation des enfants».

Cette section nous a permis d'examiné les propos des participants afin d'en tirer les substances conformément à nos objectifs de départ qui prévoyaient :

- de découvrir de façon concrète les actions que mène l'AMA sur le terrain au profit de l'éducation de base;

- d'analyser les actions des acteurs de terrain à travers les fonctionnement des écoles primaires construites et gérées par l'ONG

- de déterminer les difficultés que vivent les acteurs sur le terrain en vue d'envisager des solutions.

-contribuer à une meilleure orientation de l'apport des ONG musulmanes à l'éducation au Burkina Faso.

Avant d'envisager des solutions, quelle interprétation peut-on faire de ces résultats d'analyse?

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