I-1-A) Des besoins qui viennent de loin
Avant la départementalisation, les « cases »
traditionnelles constituaient le principal type d'habitat que l'on rencontrait.
Il s'agissait d'habitations en planches et couvertes en tôle.
Dépourvues de confort, très peu d'entre elles détenaient
l'électricité
(12% en 1946) ou l'eau courante (10% en 1946) et les
sanitaires étaient souvent inexistants.
Cette typologie d'habitat populaire était
répandue partout sur l'ile. Si en zone rurale elle pouvait constituer un
habitat à peu près décent, en zone urbaine elle
constituait l'élément principal des bidonvilles qui se
développaient de plus en plus à cette époque, à
l'image des pays en voie de développement.
En 1946, la Réunion est devenue un
département8 d'outre-mer. Cela aura de nombreuses
conséquences : une réorganisation de l'économie, une
urbanisation accélérée, l'émergence d'une classe
moyenne, une << métropolisation des valeurs sociales, un
accroissement de la scolarisation etc.~Parce qu'il constitue un puissant
facteur de développement le logement était l'une des composantes
de cette politique de modernisation.
I-1-B) LA LUTTE ANTI BIDONVILLES :
Dans les années 60, les difficultés que
connaissent une part importante de la population les contraint à vivre
dans des bidonvilles qui grandissent de plus en plus à la
périphérie des centres urbains, et notamment autour de Saint
Denis. La situation de ces ilots est dramatique : << les paillotes
pourries à demi défoncées, les cases sans toit, les abris
sous simple écran de feuille y tiennent plus de place que les cases
entièrement en béton »9. En 1965, entre en
application la loi << anti bidonvilles » dite loi Debré. A
son initiative se trouve Michel Debré alors devenu depuis peu
député de la Réunion10 se disant très
préoccupé par la question des bidonvilles sur l'ile.
Contrairement { la loi préexistante celle-ci permettra de mettre en
place une procédure accélérée pour l'expropriation
des terrains occupés par les bidonvilles. C'est la Société
Immobilière du Département de la Réunion (SIDR) qui mettra
en oeuvre cette politique.
8 La Réunion est aussi une région.
9 Deofs du Rau.J ;Géorgraphie humaine de la
Réunion, in Gauvin Gilles ; Michel Debré et l'ile de la
Réunion : une certaine idée de la plus grande
France, Villeuneuve d'Asq, Presses Universitaires du Septentrion,2006, 394
p
10 Ce Proche de De Gaulle a été premier ministre de
1959 à 1963 avant de devenir député à la
Réunion dont il n'était pas originaire et qui constituait
seulement pour lui une opportunité politique. Son action sur l'ile sera
par la suite très contestée notamment { cause de «
l'affaire des réunionnais de la Creuse ».
Par la suite, la loi Vivien de 1970 (adaptée aux DOM en
1973) permettra aux pouvoirs publics de détenir de réels moyens
dans la lutte contre l'habitat insalubre.
FIGURE 2:BIDONVILLE DU QUARTIER VAUBAN A SAINT DENIS
DANS LES ANNEES 60
Source : CAUE
Ainsi, la situation de l'habitat { la Réunion lors de
la départementalisation était critique. En raison de l'histoire
de l'ile, elle se rapprochait davantage de celle de pays en voie de
développement que de celle de la France métropolitaine. Prendre
en compte le point de départ de la mise en place d'une politique de
l'habitat dans le contexte ci particulier d'une ex-colonie est une
nécessité.
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