II-1-C) LA PREFERENCE POUR LA « KAZ A TERRE
31»
Comme nous l'avons précisé antérieurement
au sujet des LES, la Kaz'ater32 est l'élément
indispensable { la manière d'habiter créole. La
départementalisation de 1946 et la nécessité de produire
de l'habitat moderne a entrainé une modification des typologies
d'habitat. La Kaz Anler 33 a ainsi fait son apparition modifiant
considérablement les habitudes des réunionnais. Elle introduit
une séparation des espaces privés et publics qui n'avaient pas
lieu dans l'habitat traditionnel. La vie en collectif introduit la fin des
grands rassemblements avec la famille et les voisins et la
nécessité de se tourner vers l'espace public pour contourner
cela. Ce nouveau mode d'habiter a été mal vécu par de
nombreuses familles réunionnaises.
Aujourd'hui, cela fait près de 50 ans que les premiers
immeubles ont été construits sur l'ile. On constate toutefois une
prédominance de l'habitat individuel. En dehors de Saint Denis,
même les grandes métropoles de l'ile conservent d'avantage
d'habitat individuel. Ainsi, pour l'accession { la propriété, les
réunionnais privilégient la maison individuelle neuve. Le
logement collectif étant davantage privilégier pour la location.
Même si cette conception reste la plus repandue, certains professionnels
de l'immobilier observent une légère évolution des moeurs,
les réunionnais deviendraient de plus en plus enclins a accepter la vie
en collectif même en y devenant propriétaires. Cependant, cela
concerne pour le moment une population jeune, urbaine et avec des revenus
importants.34
32 Maison individuelle
33 Habitat collectif
II-2-D) UNE POPULATION EN DIFFICULTE
Le niveau de vie de la population réunionnaise est
considérablement moins élevé qu'en métropole comme
nous pouvons le constater avec ce tableau.
FIGURE 9: CHIFFRES CLES SUR LES NIVEAUX DE VIE
Source : INSEE, 2006
Ainsi, la moitié des réunionnais vivent avec
moins de 790 euros par mois. L'écart du niveau de vie entre la
métropole et la Réunion s'explique par de moindres revenus
d'activité. En 2010 le taux de chômage au sens du Bureau
International de Travail (BIT) 35 s'élevait à 28.9% de la
population active contre environ 10% en métropole.
Une partie importante de la population réunionnaise
survit donc grâce aux transferts sociaux : minimas sociaux, prestations
familiales, allocations de chômage.... A titre d'exemple, le nombre
d'allocataires de minimas sociaux36 s'élevait en 2010 { 144
000 personnes ce qui représente un poids considérable dans la
société réunionnaise. Si l'on considère le niveau
de vie des ménages avant redistribution, le revenu médian passe
de 790 euros à 390 euros par mois.
Par ailleurs, les inégalités monétaires
sont relativement prononcées sur l'ile et ce bien plus qu'en
métropole. Le rapport entre les 10% les plus aisés et les 10% les
plus pauvres
35 En application de la définition internationale
adoptée en 1982 par le Bureau international du travail (BIT), un
chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans
ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :
- être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir
travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de
référence ;
- être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours
;
- chercher activement un emploi ou en avoir trouvé un qui
commence ultérieurement.
36 Les minimas sociaux comprennent : le Revenu Minimum
d'Insertion ( RMI), l'allocation de solidarité aux personnes
âgées, l'allocation parent isolé, l'allocation adulte
handicapté, allocation solidarité spécifique et le revenu
de solidarité.
est de 5 { la Réunion contre 3.6 en métropole. Cela
s'explique une différence dans l'évolution des niveaux de vie,
les hausses ayant essentiellement profités aux plus aisés.
Il apparait ainsi que la population réunionnaise
dispose de caractéristiques qui entrainent une demande relativement
importante en logement. Cette demande s'oriente fortement envers des logements
sociaux et très sociaux. Dans les années à venir, les
besoins vont augmenter de manière considérable mais vont aussi
évoluer a cause de la modification de la structure démographique
de la population. C'est donc un défi important qui attend la
Réunion.
II-2) LES SPECIFICITES TERRITORIALES QUI CONDITIONNENT L'OFFRE
ET LA DEMANDE
Nous venons de le voir, les besoins en logement sont
relativement importants, et le seront d'autant plus dans les années {
venir. Cette question, ne saurait être résolue sans la prise en
compte des éléments géo-climatiques et
géomorphologiques qui contraignent et conditionnent l'offre.
Il est également nécessaire d'apprécier
la diversité des situations que connaissent les différents
secteurs de l'ile. Pour cela nous reviendrons sur les
spécificités de chacun d'entre eux afin de mieux
appréhender la réalité de l'offre et de la demande
grâce { des éléments contextuels plus précis.
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