I.1.4- Les forces armées comme outil de
contrôle de l'ordre public
Ce rôle, d'après Elie Mvié Meka (2000),
est illustré par de nombreuses interventions militaires
enregistrées avant et après les indépendances africaines.
En 1954, vingt milles légionnaires viennent en appui aux
opérations de maintien de l'ordre à la suite des troubles
déclenchés en Algérie. Nous avons les interventions des
forces françaises pré positionnées en Afrique pour
maintenir au pouvoir les présidents Léon Mba et Mobutu,
respectivement au Gabon en février 1964 et au Zaïre en 1977 et plus
tard en 1978. Ce processus de contrôle pouvait parfois participer de la
déstabilisation d'autres souverains jugés peu contrôlables,
peu scrupuleux du respect des droits de l'homme et gênant pour la
coopération française en Afrique. Ce fut le cas du
Maréchal Bokassa en R.C.A. par l'Opération Barracuda en 1978. La
France, par ces interventions, contrôle la politique de son pré
carré afin de maintenir son influence (Mvié Meka 2000 : 19- 21),
car d'après le régime de Vichy, « l'atout impérial
est la dernière chance de la France » (Fogué Tédom
2006 : 11).
Aussi, d'après Michel Kounou (2003), les forces
armées sont les garants de la loi et du « maintien de l'ordre
», constituent un appareil d'encadrement et de contrôle du processus
d'accumulation du capital. L'instabilité politique qu'on observe
dès le milieu des années 1960 et qui va s'accentuant au cours de
la décennie 1970, oblige la recherche à se concentrer non plus
sur les conditions de la modernisation, mais bien sur celles de l'ordre et de
la stabilité politique. Ainsi, l'armée sera appelée
à réprimer les troubles sociaux ou l' « agitation communiste
» et bientôt « la menace terroriste ». Pour les
théories de la mouvance dialectique historique, les interventions
militaires doivent être comprises comme des tentatives visant à
déstabiliser la situation pour le capital métropolitain, et dans
une certaine mesure pour le capital national ; sans que cela soit pour autant
mécanique dans tous les cas de figure. Les armées
néocoloniales sont devenues au fil des ans des complexes organisations
dédiées à la production d'un surplus de force et de
sécurité (Kounou 2003 : 139-140).
I.1.5- Les forces armées comme outil
diplomatique
« Instrument du politique » au sens de Clausewitz,
Elie Mvié Meka (2000) pense que le militaire a toujours joué un
rôle considérable dans la gestion des relations internationales au
sein des grandes puissances, à l'instar de l'expédition
britannique qui fut à l'origine des incidents de Fachoda en 1898 ; du
partage du Cameroun par les généraux Dobell français et
Aymerich anglais qui fut entériné par leurs Etats respectifs
d'après Engelbert Mveng ; de la mission de ralliement au Cameroun en
1940 du Colonel Leclerc, signé du général de Gaulle
faisant de lui son représentant dans toute négociation. Sa lettre
de mission signée du Général de Gaulle précisait
qu'il devait « représenter le Général de Gaulle dans
toute négociation qu'il pourrait y avoir lieu, d'engager ou d'accepter,
dans toute déclaration qu'il pourrait y avoir lieu de faire, dans toute
initiative qu'il pourrait y avoir lieu de prendre, en vue d'amener tout ou
partie des colonies à se joindre au Général de Gaulle pour
refuser l'exécution des armistices et continuer la guerre contre les
Allemands et les Italiens ». Aussi, « Établir et maintenir la
liaison avec les autorités britanniques de Gambie, Sierra Léone,
Gold Coast, Nigeria et éventuellement avec d'autres autorités
étrangères dans la protection des intérêts
français » (Mvié Meka 2000 : 21-22).
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