III- LA QUALITÉ DE L'IMPLICATION DE LA FRANCE
DANS CE CONFLIT ARMÉ : UNE FRANCE OPPORTUNISTE ?
En référence aux questionnements émis au
sujet de la participation de la France dans le conflit étudié,
l'on peut dire que la France a timidement fait parler d'elle. En effet, toutes
les demandes camerounaises conformément aux accords de
coopération militaire sont restées sans réponses. De fait,
d'après ces accords, la France militaire devait s'impliquer
matériellement et tactiquement dans ce conflit. Ainsi, le Nigeria aurait
due avoir pour adversaire le Cameroun et la France mais, ce ne fut pas le cas.
C'est ce qu'avoue sous le sceau de la confidentialité un grand officier
des forces armées camerounaises. D'après ce dernier, lors de
l'attaque
nigériane du 02 au 07 février 1994, le chef
d'État-Major français le général
Bentégéat avait été saisi par les autorités
militaires camerounaises conformément aux accords militaires. Il lui
avait été communiqué les coordonnées indiquant le
positionnement des forces nigérianes qui pilonnaient au sol les forces
camerounaises pour une éventuelle intervention. Mais, la France est
restée sourde à cet appel, accusant le Cameroun de vouloir
l'immiscer dans un conflit qui ne la regarde pas. Par ces faits, la France
trahissait les accords militaires protégeant incontestablement ses
intérêts nigérians.
Si la France l'avait voulu, elle aurait pu stopper net les
offensives nigérianes comme elle l'avait fait au Tchad contre les
rebelles avançant vers la capitale sans la demande du chef de
l'État. Cette intervention française aurait pu éviter les
pertes camerounaises (des centaines de morts et plusieurs disparus). Ce manque
de solidarité de la France a éveillé des soupçons
du gouvernement camerounais, qui est allé à penser que la France
était un agent double. Toujours d'après ce grand officier, la
France renseignait aussi les forces nigérianes sur les activités
camerounaises. C'est ainsi que les autorités militaires camerounaises
décidèrent de l'exclure de leur secret défense. Elles
étaient arrivées à coder leurs communications, s'exprimant
désormais soit avec des sobriquets, soit en langues locales. C'est la
raison pour laquelle la France ne sera pas informée des
préparatifs de la riposte camerounaise de février 1996 qui a mis
en déroute les forces nigérianes. Deux raisons pourraient
expliquer le double jeu de la France : respecter les accords militaires la
liant au Cameroun afin de continuer à bénéficier de la
place de choix qu'elle occupe dans son secret défense, gage de ses
intérêts au Cameroun ; protéger ses intérêts
géopolitiques et géostratégiques plus importants au
Nigeria qu'au Cameroun (pétrole, matières
premières...).
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