II- La réalité de la participation
française dans le conflit armé de Bakassi
Elle sera évaluée à l'aune des
questionnements suivants :
- La France a-t-elle renseigné le Cameroun sur
l'éventualité d'une attaque nigériane ?
- Est-elle intervenue sur le plan tactique durant la guerre ?
- A-t-elle été une source permanente de
renseignements et de matériels d'appoint en urgence ?
II.1- La France a-t-elle renseigné le Cameroun sur
l'éventualité d'une attaque nigériane ?
La France à travers la multinationale ELF, dispose d'une
officine de renseignement dans les pays pétroliers à l'instar du
Nigeria (Fogué Tédom 2006 :
30). A travers ses multiples sources de renseignement humaine
(l'observation directe, les relations personnelles, l'informateur) ;
matérielle (les gadgets, le système échelon, les
écoutes téléphoniques, les photos aériennes ou
satellites) et ses lieux de renseignement (renseignement
généraux, l'intelligence économique) ; la France quadrille
la vie politico-stratégique nigériane. Indubitablement, elle
était informée des appétits annexionnistes du gouvernement
nigérian. Une « France » soucieuse de la
sécurité de son pré-carré pouvait agir de deux
manières : soit informer le gouvernement camerounais d'une
éventuelle attaque nigériane pour qu'il se prépare
à une éventuelle riposte ; soit dissuader le gouvernement
nigérian en prétextant son implication en cas d'attaque contre le
Cameroun. Mais aucune de ces deux actions n'a été entreprise par
la France d'où l'occupation surprise des territoires camerounais par les
forces nigérianes au soir du 21 décembre1993.
La France n'a certainement pas informé le gouvernement
camerounais d'une éventuelle attaque nigériane parcequ'elle
serait pour une « nigérianisation » de la presqu'île de
Bakassi. Riche en pétrole et en matières premières,
l'exploitation de cette zone semble avoir été conquise par la
diplomatie et firmes américaines. Par ces faits, la souveraineté
nigériane sur cette terre querellée repositionnerait la France
dans la course à l'appropriation des puits de pétrole. Cette
inaction de la France n'est qu'une traduction de son opportunisme.
II.2- Est-elle intervenue sur le plan tactique durant la
guerre ?
Conformément aux accords de défense
franco-camerounais, la France militaire devait se retrouver sur le champ des
opérations comme allié des forces camerounaises. Mais contre
toute attente, les militaires français resteront attendus sur le champ
des opérations jusqu'à la fin de la guerre. Néanmoins, la
France participera à la guerre d'après les autorités
militaires camerounaises à travers le détachement ARAMICE.
Ce détachement français d'une dizaine d'hommes,
équipés d'un matériel d'assaut et de deux
hélicoptères, était chargé du reconditionnement des
forces
camerounaises. En partance pour Bakassi, les troupes
camerounaises étaient appelées à faire escale à
Limbé où était basé le centre de
reconditionnement.
Pendant trois semaines, les forces françaises avaient
pour tâche le recyclage ces forces camerounaises. Il s'agissait d'une
mise en forme physique et tactique destiné à faire d'elles des
forces redoutables sur le champ des opérations. Au terme de cette mise
à jour, les forces camerounaises étaient prêtes pour le
combat dans la mangrove, paysage de la presqu'île. Cette opération
de recyclage à leur avis était d'une importance capitale car,
elle préparait les troupes à pouvoir parer aux obstacles du champ
des opérations et à pouvoir résister aux conditions de vie
austères dans la région. Chose curieuse, les services de ce
détachement français étaient payés par le
gouvernement camerounais d'après certaines indiscrétions des
militaires camerounais. De l'avis des autorités militaires
camerounaises, cette participation française n'était pas à
même de renverser le cours de la guerre, dominée par les forces
nigérianes du fait de leur supériorité en hommes et en
armements. Les forces camerounaises avaient plutôt besoin d'un appui en
armes spécifiques à l'instar des Sweep ship américains qui
leurs ont permis de reprendre le contrôle du champ des
opérations
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