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Les forces armées camerounaises face aux enjeux militaires dans le golfe de Guinée: le cas du conflit de Bakassi

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Master en science politique 2007
  

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CHAPITRE IV :
L'IMPLICATION INTERNATIONALE DE LA FRANCE
DANS LE CONFLIT ARMÉ DE BAKASSI : UNE
INTERVENTION AMBIGUË ?

Le 21 décembre 1993, les troupes nigérianes prennent l'initiative de franchir la frontière camerounaise. Le 21 janvier 1994, les forces nigérianes occupent à l'intérieur du territoire camerounais les localités de Kombo A Bedimo (Bakassi Point), Jabane I et II (Sandy-Point), Diamond. En février 1994, elles s'emparent d'Akwa (Archibong) et attaquent Kombo A Janea avant d'être repoussées. Du 2 au 7 février 1996, les troupes nigérianes investissent plus en profondeur en territoire camerounais les localités de Idobato I et II, Kombo Awase, Kombo A Munja I et II, Guidi-Guidi, Uzama (MINDEF 1996 : 1-2). Par ces faits, il est clairement établi que le Cameroun subit une agression extérieure. Et d'après les accords de coopération militaire franco-camerounais (accords de défense, accords d'assistance militaire technique), une possibilité est offerte au Cameroun de faire appel aux forces françaises pour assurer sa défense. Ces accords ont-ils été opératoires ? La réalité des actions françaises tout au long de la guerre (II) nous permettra de répondre à cette question (III) au regard de la teneur de ces accords (I).

I- LA TENEUR DES ACCORDS DE COOPÉRATION MILITAIRE FRANCO-CAMEROUNAIS

Ces accords sont de deux ordres à savoir les accords de défense et les accords d'assistance militaire technique.

D'après les accords de défense signés en novembre 1960 (Dumoulin 1997 : 26), le Cameroun a la possibilité de faire appel aux forces françaises pour assurer sa défense en cas d'attaque intérieure comme extérieure. Bien que placés

sous le sceau de la confidentialité, certaines indiscrétions militaires camerounaises font état de l'obligation des unités françaises d'intervenir en cas de conflit. Si tel est le cas, la France militaire devrait être présente sur le champ des opérations comme alliée du Cameroun.

Concernant les accords d'assistance militaires techniques signés en février 1974 (Dumoulin 1997 : 28), les officiers de nationalité françaises sont appelés à encadrer les forces armées camerounaises (article 1er) ; l'exclusivité de la fourniture du matériel militaire au Cameroun est réservée par la France (article 2) ; le Cameroun peut faire appel à des administrateurs et techniciens français (article 4) (Oyono 2000 : 39-44). En d'autres termes, ces clauses concernent à la fois l'instruction et la formation des forces armées camerounaises. Alors, les troupes camerounaises impliquées dans la guerre (Opération Delta) devraient bénéficier de la formation et de l'appui logistique des unités françaises.

En définitive, le Cameroun devait avoir la France comme alliée dans cette guerre par le truchement des accords de coopération militaire signés entre les deux pays.

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