CHAPITRE IV : L'IMPLICATION INTERNATIONALE DE LA
FRANCE DANS LE CONFLIT ARMÉ DE BAKASSI : UNE INTERVENTION
AMBIGUË ?
Le 21 décembre 1993, les troupes nigérianes
prennent l'initiative de franchir la frontière camerounaise. Le 21
janvier 1994, les forces nigérianes occupent à l'intérieur
du territoire camerounais les localités de Kombo A Bedimo (Bakassi
Point), Jabane I et II (Sandy-Point), Diamond. En février 1994, elles
s'emparent d'Akwa (Archibong) et attaquent Kombo A Janea avant d'être
repoussées. Du 2 au 7 février 1996, les troupes nigérianes
investissent plus en profondeur en territoire camerounais les localités
de Idobato I et II, Kombo Awase, Kombo A Munja I et II, Guidi-Guidi, Uzama
(MINDEF 1996 : 1-2). Par ces faits, il est clairement établi que le
Cameroun subit une agression extérieure. Et d'après les accords
de coopération militaire franco-camerounais (accords de défense,
accords d'assistance militaire technique), une possibilité est offerte
au Cameroun de faire appel aux forces françaises pour assurer sa
défense. Ces accords ont-ils été opératoires ? La
réalité des actions françaises tout au long de la guerre
(II) nous permettra de répondre à cette question (III) au regard
de la teneur de ces accords (I).
I- LA TENEUR DES ACCORDS DE COOPÉRATION
MILITAIRE FRANCO-CAMEROUNAIS
Ces accords sont de deux ordres à savoir les accords de
défense et les accords d'assistance militaire technique.
D'après les accords de défense signés en
novembre 1960 (Dumoulin 1997 : 26), le Cameroun a la possibilité de
faire appel aux forces françaises pour assurer sa défense en cas
d'attaque intérieure comme extérieure. Bien que placés
sous le sceau de la confidentialité, certaines
indiscrétions militaires camerounaises font état de l'obligation
des unités françaises d'intervenir en cas de conflit. Si tel est
le cas, la France militaire devrait être présente sur le champ des
opérations comme alliée du Cameroun.
Concernant les accords d'assistance militaires techniques
signés en février 1974 (Dumoulin 1997 : 28), les officiers de
nationalité françaises sont appelés à encadrer les
forces armées camerounaises (article 1er) ;
l'exclusivité de la fourniture du matériel militaire au Cameroun
est réservée par la France (article 2) ; le Cameroun peut faire
appel à des administrateurs et techniciens français (article 4)
(Oyono 2000 : 39-44). En d'autres termes, ces clauses concernent à la
fois l'instruction et la formation des forces armées camerounaises.
Alors, les troupes camerounaises impliquées dans la guerre
(Opération Delta) devraient bénéficier de la formation et
de l'appui logistique des unités françaises.
En définitive, le Cameroun devait avoir la France comme
alliée dans cette guerre par le truchement des accords de
coopération militaire signés entre les deux pays.
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