I.3- Le champ des opérations de 2002 à 2006 :
le contrôle camerounais du champ des opérations
L'arrêt de la CIJ rétablissant la
souveraineté camerounaise sur la presqu'île de Bakassi sera
boudé par le Nigeria malgré l'engagement solennel des deux chefs
d'Etats le 5 septembre 2002 à Saint-Cloud, en présence du
Président français Jacques Chirac et du Secrétaire
général de l'ONU, Koffi Annan. Ainsi, le retrait des troupes
nigérianes imposé par l'arrêt de la CIJ ne sera pas
effectif d'après la
déclaration officielle de son intention de rejeter le
verdict de la CIJ le 23 octobre 2002. Le Nigeria justifie ce rejet par deux
raisons : d'abord l'impartialité du Président français de
cette juridiction Gilbert Guillaume et des juges allemands et anglais, dont le
travail s'est réduit à la confirmation des accords conçus
par leurs aînés ; ensuite le refus d'abandonner ses
intérêts et surtout son peuple vivant à Bakassi. Le
communiqué commis à cet effet mentionne : « En tant que
Nation régie par la loi, nous devons continuer à exercer notre
juridiction sur ces zones en accord avec la constitution. A aucun prix, le
Nigeria n'abandonnera son peuple et ses intérêts. Pour le Nigeria,
ce n'est pas une question de pétrole ou de ressources naturelles sur les
terres ou eaux territoriales. Il s'agit du bien être et de la
santé de son peuple sur ses terres ». En marge de cette
version officielle, le Nigeria considère cette décision comme une
atteinte à son statut de puissance sous régionale, un
déshonneur pour lui qui devrait inspirer respect et crainte aux autres
Etats (Onana Mfege 2004 : 107-108).
Cet état d'esprit va se matérialiser sur le
terrain par le maintien de l'Opération « Harmony IV» sur les
positions occupées. Il était question pour les forces
nigérianes d'entretenir la souveraineté nigériane sur les
localités qu'elles occupaient à défaut d'une occupation
totale de la presqu'île. Aussi, les forces camerounaises avaient pour
mission de maintenir les forces nigérianes dans leurs retranchements.
Cette mission était dirigée par le Commandant B2/B3 GOS
relativement aux consignes particulières :
- Le B3 (3è bataillon) était chargé des
opérations défensives et offensives ;
- Le B2 (2è bataillon) s'occupait des renseignements.
Le chef B2/B3 GOS exécutait les tâches suivantes au
quotidien :
· Suivi de l'instruction
· Faire des TD (travaux dirigés) de relève et
d'arrivée sur la zone des personnels suivants : COM GOS, CES/GOS, B1/B4,
B2/B3, armuriers,
détachement Milan. Il faisait aussi les TD de
préparation de relève 01 mois avant et 02 semaines avant.
· Faire le programme hebdomadaire d'instructions dont la
copie doit être adressée à COM DELTA tous les jeudis et
comptant pour les semaines à venir.
· Tenir le registre des mouvements et activités du
groupement appelé « journal de marche des opérations
».
· Mettre à jour le tableau des relèves.
· Visiter les postes de combat du groupement (01
fois/semaine).
· Effectuer la relève des unités.
· Effectuer les patrouilles.
· Chasser les pêcheurs nigérians.
· Insécuriser en permanence la zone de
responsabilité camerounaise.
· Récupérer les pirogues ou embarcations avec
personnels et contenu et les mettre à la disposition de la
prévôté pour besoin d'enquête.
· Avoir le souci de la bonne utilisation des
embarcations.
· Faire respecter les consignes de COM DELTA sur la
navigation sur zone et en particulier la navigation de nuit est interdite sauf
cas de force majeure.
· Tout mouvement d'embarcation doit être
ordonné par le COM GOS.
· Faire garder une attitude militaire (port de la
tenue).
· Respecter scrupuleusement les degrés d'alerte
(1-2-3)
· Respecter l'envoi des pièces
périodiques.
· Veiller à la bonne conservation des cartes et
autres documents officiels.
· Pouvoir faire un compte rendu instantané,
précis et détaillé sur la Nature, le Volume et l'Armement
(NVA) des forces nigérianes.
· Entretenir le moral des hommes.
· Riposter efficacement à toute attaque par des tirs
à tuer
· Le B2/B3 est conseiller maritime du COM GOS
· Le B3 établit pour le groupement des ordres de
conduite et d'opération (Présidence de la République du
Cameroun 2001 : 10-12).
C'est grâce au respect de toutes ces consignes que les
forces camerounaises ont pu retenir les forces nigérianes jusqu'à
leur retrait au lendemain des accords de Greentree.
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