II.3.3- Les accords d'assistance militaire :
instruction et assistance technique
Ces accords signés en février 1974 (Dumoulin
1997 : 28) venaient compléter les accords de défense. Au terme de
l'article premier, les officiers de nationalité française
étaient appelés à encadrer les forces armées
camerounaises. L'article 2 du même accord réservait
l'exclusivité de la fourniture du matériel militaire au Cameroun
par la France. Au terme de l'article quatre, le Cameroun pouvait faire appel
à des administrateurs et à des techniciens français (Oyono
2000 : 41-44). Bangoura (1992) fait aussi état des clauses qui seraient
secrètes.
Ces accords pour des clauses connues concernent à la
fois l'instruction et la formation des forces armées camerounaises,
l'entraînement à des compétences partagées en
matière de combat en forêt équatoriale ou en zone
lagunaire, et la formation des personnels des armées contractants sur
les matériaux de défense acquis majoritairement en France, soit
en prêt, soit en cession gratuite vu la réduction du format des
armées en Hexagone, soit plus rarement pour la vente de licences. L'aide
peut également concerner le domaine sanitaire et médical à
partir des médecins et pharmaciens français en service dans les
hôpitaux urbains ou les dispensaires de brousse. L'entretien et la remise
en état de matériels anciens (plutôt que la livraison de
plus en plus rare de matériels neufs) sont effectués grâce
à des missions ponctuelles (Dumoulin 1997 : 28-29). En ce qui concerne
spécifiquement l'aide directe en matériel, elle a longtemps servi
à financer l'équipement de base des forces armées du
Cameroun (cession gratuite de matériels). Aujourd'hui, la fourniture de
matériel concerne de plus en plus le transfert de moyens logistique
à des forces de sécurité à statut militaire. Ainsi
de 1994 à 1995, on constate une augmentation des effectifs de la
gendarmerie française parmi les coopérants militaires
envoyés en Afrique ; l'objectif étant de remodeler les
armées africaines, en tentant de les persuader de réduire leurs
effectifs et d'éliminer les structures lourdes afin de les doter
d'équipements adaptés à leurs vrais besoins et à
leurs budgets (Dumoulin 1997 : 30).
La fourniture gratuite d'équipement (matériels
neufs et pièces de rechanges) est assurée à partir d'une
liste des besoins formulés par les forces armées camerounaises et
reclassées « hiérarchiquement » selon la perception
(française) de la situation camerounaise par le chef de mission
d'assistance militaire en poste à Yaoundé. C'est lui qui, en
dernier ressort, transmet les commandes au bureau de logistique de la mission
militaire de coopération (Dumoulin 1997 : 30-31). Entre 1986 et 1996, le
Cameroun comptait 54 assistants militaires techniques (Dumoulin 1997 : 31) et
50 depuis 1997 (Kounou 2003 : 168). Ils proviennent de l'armée de terre
et de la marine, de la gendarmerie et des services de santé et sont
« dépendants, hiérarchiquement du général,
chef de la
mission d'assistance militaire près de l'ambassade de
France au Cameroun » bénéficiant d'un statut diplomatique.
Le chef de la mission d'assistance militaire est chargé de l'application
sur place de la politique de coopération élaborée par le
gouvernement français en accord avec les autorités du pays
hôte (Dumoulin 1997 : 31).
Toujours dans le cadre de cette coopération militaire,
de nombreux stagiaires camerounais vont en formation de cadres officiers et
sous officiers des armées et des gendarmeries dans les écoles
militaires françaises en l'occurrence le cours supérieur
international de gendarmerie à Melun, le cours supérieur de
commissariat de l'armée de terre à Montpellier, le cours
supérieur de l'école de l'air de Salon aix en Provence ou le
cours supérieur de l'école navale de Brest, le cours
supérieur international de gendarmerie, le cours spécial de
commissariat, le cours supérieur inter armé (CSI), le
collège inter armé de défense (CID).
Dans le souci de former les formateurs Africains pouvant
remplacer les officiers coopérants militaires français en Afrique
et d'adapter la formation aux besoins réels des armées
africaines, le concept d'école nationale à vocation
régionale spécialisée dans un secteur de formation est
né. (Dumoulin 1997 : 33- 34). Tel est le cas au Cameroun de la future
école de guerre de Simbock et de la future base de Garoua qui formera
des pilotes de la sous région.
La coopération militaire internationale comme politique
d'aide militaire de la France aux pays en voie de développement
entretenue par les accords de défense et les accords d'assistance
technique serait donc le leitmotiv de l'intervention de la France dans le
conflit frontalier en question aux cotés du Cameroun.
A la suite d'une étude théorique
préalable des concepts majeurs de notre travail de recherche à
savoir la force armée, le conflit armé et la coopération
militaire internationale, nous avons pu retenir des définitions
relatives à notre cadre de travail. Ainsi, la force armée a
été retenue comme outil de conquête et
d'émancipation des territoires ou de la protection des
intérêts et de l'intégrité du territoire national ;
Le conflit armé a été défini comme l'expression
des
contradictions de l'expansion du capitalisme ; La
coopération militaire internationale comme la politique d'aide militaire
de la France aux pays en voie de développement. Ces définitions
nous permettrons d'être bien compris dans la partie empirique de notre
travail.
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