CHAPITRE II : LE CONFLIT FRONTALIER DE BAKASSI
ET L'ACTION DES FORCES MILITAIRES EN PRÉSENCE : UNE ANALYSE
HISTORIQUE ET COMPARATIVE
Au service de leurs politiques de défense nationale
respectives, les forces armées nigérianes et camerounaises se
trouvaient en pleine bataille dans la presqu'île de Bakassi le 21
décembre 1993. Les forces armées nigérianes, dans
l'accomplissement de la politique extérieure gouvernementale, ont
occupé un mois plus tard la presqu'île camerounaise à plus
de dix kilomètres de la frontière et par-dessus tout ont
implanté leur drapeau (Mouelle Kombi 1996 :107). Par cet acte, le
Cameroun avait perdu sa souveraineté sur la presqu'île, ce qui
n'était rien d'autre qu'une marque de la puissance nigériane. Les
forces armées camerounaises n'ayant pour raison d'être que le
respect de l'intégrité territoriale, procéderont
immédiatement à une riposte considérée par le camp
adverse comme une déclaration de guerre : c'est le déclenchement
du conflit armée de Bakassi.
L'étude de ce conflit passe indubitablement par la
présentation des protagonistes que sont les forces militaires
nigérianes (I) et camerounaises (II) et par une esquisse de comparaison
entre ces dernières (III).
I- LES FORCES ARMÉES NIGÉRIANES
Elles constituent le bras armé du gouvernement
nigérian ; outil de conquête du fait de leurs dispositif. Nous
présenterons d'abord l'ensemble du dispositif militaire, puis, celui
mobilisé pendant la conquête de la presqu'île
camerounaise.
I.1- Le dispositif militaire nigérian : la force
potentielle
Le dispositif militaire, au sens particulier ici retenu,
définit plus spécialement un ensemble de moyens concrets de
coercition : force publique, force de police, force armée, etc. Il
s'agit des moyens humains et matériels organisés en vue d'exercer
une pression permanente. Elle peut être active ou passive. Active par
leur emploi, passive du seul fait de leur existence qui leur confère un
caractère dissuasif : montrer sa force pour ne pas avoir à s'en
servir (Ela Ela 2000 : 62).
« La force potentielle » est l'ensemble des
ressources matérielles, humaines et morales que possède sur le
papier chaque unité (Ela Ela 2000 :62). Dans cette perspective, la force
potentielle des forces armées nigérianes est faite de ressources
humaines, matérielles et morales ci-après.
I.1.1- Les ressources humaines
Sur le plan militaire, le Nigeria représente une force
indéniable en ce qui concerne le « système d'hommes ».
Ces hommes armés se retrouvent groupés dans plusieurs
unités spécialisées dont les plus importantes sont :
- L'armée de terre
- L'armée de l'air.
- La marine nationale
- La garde nationale (Ela Ela 2000 : 68).
L'armée de terre, comme son nom l'indique, est
chargée des manoeuvres au sol et quadrille ainsi toute l'étendue
du territoire terrestre de l'État fédéral, soit une
superficie de 923768 km carrés (Boniface 2006). Cette armée de
terre compte à son actif 62000 hommes (Ela Ela 2000 : 68).
L'armée de l'air, chargée des manoeuvres
aériennes, regroupe en son sein 7300 éléments en 1994 (Ela
Ela 2006 : 68) et aujourd'hui 9500 d'après Boniface (2006).
La marine nationale assurant la sécurité des
espaces maritimes dispose dans ses rangs aujourd'hui de 7000 hommes (Boniface
2006) contre 9500 en 1994
(Ela Ela 2000 : 68). C'était l'unité la plus
concernée dans le conflit étudié du fait du
caractère immergé de la région litigieuse par l'eau, soit
par l'océan Atlantique, soit par les multiples criques qui parcourent de
part et d'autre la péninsule.
La garde nationale garante du respect de l'ordre public, du
respect et de la survie des institutions républicaines, compte dans son
actif 7000 individus. (Ela Ela 2000: 68).
En somme, comme système d'hommes, le Nigeria comptait
au total 85000 milles hommes sous les drapeaux en 1994 (Ela Ela 2000 : 68)
contre 78500 aujourd'hui (Boniface 2006). Par ailleurs, le Nigeria est le
principal pourvoyeur de la force Ouest- Africaine- ECOMOG avec plus de 10000
hommes (Ela Ela 2000 : 68). Qu'en est-il des ressources matérielles ?
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