II.3- La coopération militaire internationale
Dans notre exercice d'évaluation des forces
armées camerounaises, acteurs principaux du conflit étudié
les opposant aux forces nigérianes, la coopération militaire sera
considérée comme l'action d'aide militaire de la France aux pays
sous développés de son pré-carré. Elle est
représentative des accords de défense et d'assistance militaire,
technique signés entre la France et les pays de son ex-empire colonial.
Cette coopération peut aussi être assimilée à la
volonté de la France de rester présente en Afrique malgré
les indépendances. Synonyme de politique africaine de la France, elle
apparaît comme un obstacle majeur pour l'amorce d'une autonomie politique
et stratégique des anciennes colonies
françaises d'Afrique noire, voire un puissant
instrument d'extraversion (Fogué Tédom 2006 : 47-48). La France
utilise les accords de coopération militaire pour maintenir son
influence dans ses anciennes colonies, ses militaires lui permettant de
garantir les intérêts vitaux. L'Afrique se retrouve être
pour la France une source minière stratégique inépuisable
à préserver, un réservoir d'hommes. La coopération
militaire rend ainsi dépendante l'Afrique et place la France au centre
de toute mutation politique.
Et comme exemple de coopération militaire, il serait
judicieux pour nous de parler de la coopération militaire
franco-camerounaise portant sur les accords de défense et les accords
d'assistance militaire technique.
II.3.1- Les accords de coopération miitaire
franco-camerounais.
Dans le domaine militaire, l'établissement des rapports
privilégiés entre la France et le Cameroun fut d'après
Oyono (2000), la rencontre de deux choix. Pour la France, il s'agissait de
préserver un territoire qui depuis quatre décennies, faisait
partie de son dispositif stratégique. En contre partie, le gouvernement
camerounais recherchait les garanties d'une protection qu'il était
encore incapable d'assurer lui-même, du fait de la guerre civile.
L'assistance militaire française apparaissait ainsi comme le principal
rempart de l'Union des Populations du Cameroun (U.P.C.) en attendant la
constitution d'une armée nationale. Pour ces fins, le Cameroun signa
deux types d'accords militaires avec la France : Les accords de défense
et les accords d'assistance militaire technique (Oyono 2000 : 39-44).
II.3.2- Les accords de défense
Ces accords furent signés par Ahmadou Ahidjo,
président de la République du Cameroun en novembre 1960 (Dumoulin
1997 : 26). Ces accords de défense visaient à la fois la
défense intérieure et la défense extérieure du
Cameroun. Ils offraient au Cameroun la possibilité de faire appel aux
forces françaises pour assurer sa défense. Ces accords furent
placés sous le sceau du
secret officiel. Cependant, leur existence expliquait sans
doute l'intervention des militaires français au Cameroun de 1960
à 1964, afin d'aider le gouvernement de Yaoundé à
réduire l'opposition armée (Oyono 2000 : 39-40).
Pour le Général Lafourcade, commandant de
l'opération Turquoise, « cette capacité d'intervention ne
peut que rassurer les pays qui ont des accords avec la France... »
(Dumoulin 1997 : 26). Les unités françaises peuvent ainsi, selon
les situations et les critères du moment définis à Paris,
servir à rétablir l'ordre si l'action conjuguée de la
police, de la gendarmerie et de l'armée du Cameroun ne suffisent pas, en
cas de crise impliquant indirectement des actions extérieures ou en cas
de conflit impliquant une agression extérieure directe (Dumoulin 1997 :
27). A travers ces accords de défense s'établissaient des
relations très étroites entre le gouvernement d'Ahidjo et la
France. « Plus qu'une alliance militaire, ils vont de paire avec une
certaine harmonisation de la vie diplomatique et même avec l'existence
d'institutions politiques communes ». (Kounou 2003 : 163). Abel Eyenga,
dans son ouvrage Introduction à la politique Camerounaise, dira
qu'au lieu de parler de la coopération Franco-camerounaise, il serait
réfléchi de parler de la coopération franco-Ahidjo ou tout
simplement de la coopération de la France avec son ombre ; comme pour
dire qu'Ahidjo était instrumentalisé par la politique
française, ouvrant ainsi la voie aux accords secrets dont on ignore le
contenu (Bangoura 1992).
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