II.2.2- Les causes des conflits armés
Les conflits post bipolaires africains ont des causes diverses
si l'on s'en tient à la littérature abondante :
l'ethnicité, la pathologie de l'Etat et le desserrement de l'étau
bipolaire (Ntuda Ebodé et Nsizoa (2001), fontrier (2002)) ;
l'économie et le politique (Kounou (2001)).
-L'ethnicité d'après Ntuda Ebodé et
Nsizoa (2001) peut être retenue comme l'une des causes principales des
conflits armés africains au regard de l'ampleur des guerres civiles dont
elle est à l'origine (18 guerres civiles sur 23 en cours en 1999) (Ntuda
Ebodé et Nsizoa 2001 : 129).
-La pathologie de l'Etat à leur avis fait aussi partir
des causes principales des guerres africaines. Ce sont les maux qui minent
l'Etat africain à savoir la pauvreté, la corruption, le
déclin des institutions étatiques, l'endettement
extérieur, etc. qui cristallisent les sensibilités ethniques,
religieuses et régionales (Ntuda Ebodé et Nsizoa 2001 : 129).
-Le desserrement de l'étau bipolaire constitue aussi un
facteur d'émergence des conflits armés en Afrique, si l'on part
de l'hypothèse selon laquelle la guerre froide incitait les Etats
à la prudence. Partant de la bipolarité à la
multipolarité, cette géométrie des rapports de puissances
expliquerait la multiplication de conflits en Afrique (Ntuda Ebodé et
Nsizoa 2001 : 134).
-Fontrier (2002) réitéra comme cause de guerre
en Afrique la chute du mur de Berlin, la question de sentiment national, la
pauvreté , la déliquescence de l'État et la
réémergence du réflexe ethnique. Ces clivages ordinaires
entre religions et ethnies s'expriment plus violemment encore lorsque la
satisfaction des besoins alimentaires devient elle-même une gageure
-Kounou (2001) quant à lui dira que c'est dans ce
contexte politique, économique et social trouble que les
intermédiaires ethniques, religieux et régionaux prennent le
relais pour engendrer des mutineries ou des coups d'Etat, des révoltes
populaires, des guerres civiles (Kounou 2001 : 233). Pour lui, le pluralisme
ethnique en soi n'a pas de sens. Il ne peut être compris que par rapport
aux logiques des acteurs qui le manipulent au gré de leurs
intérêts (économique et politique). Non seulement
l'ethnicité est la cause d'un seul type de conflit armé sur cinq
que connaît l'Afrique, cette problématique découle de la
déliquescence de l'État post colonial (Kounou 2001 : 233).
II.2.3- Les coûts des conflits armés
Caractérisés par l'expression des armes, les
guerres sont létales et les victimes se chiffrent en centaines de
milliers, soit 150.000 par année durant la période allant de 1946
à 1988 ; 200.000 pour la période qui va de 1989 à 1998.
Au
delà de cet aspect humanitaire, se dégagent des
coûts sociopolitiques ; économique ; psycho spirituel, et
écologique (Ntuda Ebodé et Nsizoa 2001 :123). Parlant des
coûts sociopolitiques, Ntuda Ebodé et Nsizoa font état de
l'aspect humanitaire, politique et socioculturel.
Sur l'aspect humanitaire, les chiffres sont alarmants, car les
morts se comptent en centaines de milliers (200.000 au Libéria, 100.000
au Burundi...). D'après eux, cette situation de guerre civile explique
le nombre très élevé des Réfugiés sur le
contient (1million pour le Rwanda seul) ; l'enrôlement de nombreux
enfants dans l'armée (4 millions) ; les problèmes d'eau, de
malnutrition, de maladies endémiques.
Sur l'aspect politique, ils font état de la rupture du
système politique qui se traduit sur le plan interne et externe par des
coûts énormes. Sur le plan interne, l'instabilité politique
se manifeste par l'affaiblissement de l'État, le recul de la loi ou les
coups d'Etat récurrents. Sur le plan externe, l'instabilité
limite les investissements étrangers directs et l'aide
internationale.
Sur le plan culturel, les sites archéologiques,
monuments et autres vestiges du patrimoine culturel sont
généralement détruits, mettant ainsi des civilisations
entières en péril.
Parlant des coûts économiques, psycho spirituels
et écologiques, ils parlent sur le plan économique du blocage des
économies du continent (Ésthiopie, Ouganda, RDC, Afrique du Sud,
Nigeria, Libéria, Tchad, Angola, Cameroun...) ; sur le plan
psychologique de la récurrence de la violation politique en Afrique ;
sur le plan spirituel de la perte du sens des valeurs telles que la vie ou le
bien ; sur le plan écologique, de la destruction de l'environnement ou
de la biodiversité (Ntuda Ebodé et Nsizoa 123-129).
Compte tenu de ces coûts multiformes des conflits
armés dans le monde et plus particulièrement en Afrique
subsaharienne, leurs résolutions restent un impératif.
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