II.2- Le conflit armé
En évaluant les forces armées camerounaises
impliquées dans un conflit
armé les opposant à leurs voisins
nigérians, le conflit armé sera considéré
non comme une nécessité vitale et exutoire des contradictions
internes, mais comme la
recherche de la suprématie et moyen de contrainte
politique, comme un acte d'intégration politique pour le Nigeria et
comme un acte de résistance extérieure pour le Cameroun, bref
comme la manifestation des contradictions de l'expansion du capitalisme. De
nature frontalière, ce conflit armé n'est que le résultat
de la volonté annexionniste exprimée et manifestée par le
Nigeria sur les possessions camerounaises. A la découverte des
ressources que regorge la presqu'île de Bakassi, le gouvernement
nigérian a voulu s'en approprier par la voie des armes, à travers
l'armée qui n'est rien d'autre qu'un instrument politique. La riposte
camerounaise a donc été considérée comme une
déclaration de guerre.
En somme, le conflit armé sera retenu comme la
manifestation des contradictions de l'expansion du capitalisme d'après
Kounou (2001). Ce capitalisme serait toujours responsable de la
diversité des conflits armés que connaît l'Afrique
subsaharienne, conflits aux multiples causes, aux coûts énormes et
dont la résolution serait indispensable pour le développement de
l'Afrique.
II.2.1- La diversité des conflits armés
au sud du Sahara
D'après Kounou (2001), en faisant abstraction des
guerres héroïques, de résistance et de libération
africaine au Cameroun, en Angola, au Mozambique, en Guinée Bissau, en
Namibie et en Afrique du Sud ; on remarquera que l'Afrique a connu au moins
cinq autres types principaux de conflits majeurs depuis les
indépendances, à savoir: des mutineries ou des coups d'Etat ; des
révoltes populaires ; des conflits frontaliers ou des guerres d'invasion
; des raids ou interventions étrangères ; des guerres civiles
(Kounou 2001 : 231).
+ Les mutineries ou les coups d'Etat concernent le domaine de
politique interne de l'Etat, en particulier les luttes de pouvoir. Ils
surviennent lorsque les autorités ne répondent plus aux demandes
du peuple, lorsque les gouvernés ne se sentent pas pris en compte dans
le partage des fruits de la croissance. Les mutineries précèdent
souvent les coups d'Etat qui peuvent être orchestrés par des
organisations transnationales ou des puissances et services étrangers.
Tel a été le cas au Tchad, en Centrafrique, au Gabon...
+ Les révoltes populaires proviennent aussi en
général des luttes internes de pouvoir entre certaines couches
dominantes et les groupes dominés de la société. Ici, les
premières, même numériquement minoritaires, restent
à priori favorisées sur les seconds par le rapport de forces en
présence basé sur une appropriation monopolistique des attributs
du pouvoir économique, politique et militaire ou aussi des alliances
qu'elles ont noué avec le milieu international.
+ Les conflits frontaliers ou des invasions sont en
général la conséquence des arrangements étranges de
décolonisation, de la non délimitation rigide des
frontières précoloniales. Ces conflits frontaliers peuvent aussi
être le fait des visées expansionnistes sur les ressources
stratégiques ou des espaces territoriaux.
+ Les raids et interventions étrangers relèvent
de l'ingérence externe qui a pour but la stabilisation des pouvoirs
africains ayant montré des velléités de démarcation
de l'ordre néocolonial.
+ Les guerres civiles ont une dimension ethnique ou «
tribale». Elles sont le résultat de manipulations de diverses
couches par les forces politiques pour se donner une assise politique et
militaire comme ce fut le cas au Rwanda (Kounou 2001 : 231-237).
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