II.1.2- Les attributions de la force armée
L'appartenance aux armées détermine pour les
militaires une éthique professionnelle, mais aussi des devoirs et des
droits qui sont très largement spécifiques (Hervouët et
Boumois 1999: 162-163).
L'éthique militaire repose sur trois valeurs
fondamentales:
- Les armées, et donc chaque militaire, sont au service
de la nation toute entière.
- Pour la cause de la nation, il doit tuer un adversaire ou
être tué.
- Le service de la nation l'oblige à une soumission
entière aux décisions du pouvoir politique.
Les devoirs fondamentaux du militaire sont:
· Reconnaître pour chef l'officier
désigné et dont l'autorité procède du
Président de la République et de lui obéir en tout ce
qu'il commandera pour le bien du service, le respect des lois et le
succès des armes.
· Etre astreint à une disponibilité
permanente tant physique que technique ou psychologique, ce qui exclut le droit
de grève.
· Le « devoir de réserve» lui interdit
toute prise de position publique sur des sujets susceptibles de porter atteinte
à la sécurité, au moral et à l'unité de la
nation ou des armes.
Comme droit, le militaire bénéficie d'une solde
qui n'est pas la rémunération d'un travail ou d'un service, mais
une allocation lui permettant de vivre décemment avec sa famille et une
pension de retraite qui lui sont attribuées par la nation sur le budget
de l'Etat.
Les forces armées sont au service de la défense
comme volonté d'un Etat d'assurer par la voie des armes, la sauvegarde
de l'intégrité de son territoire, de sa souveraineté
nationale, sa culture ainsi que d'autres valeurs jugées essentielles ou
vitales pour son existence. Ses actions restent définies par la
politique de défense (offensive ou défensive)
élaborée par le politique. Pour mettre en exécution cette
politique de défense, le politique met à la disposition des
forces armées de l'armement et de la technologie (Hervouët et
Bournois 1999 :160-162).
II.1.3- Les mécanismes de la force
armée
La technologie joue un rôle dans l'art de la guerre,
particulièrement depuis la révolution industrielle au
début du XIXe siècle. Les pays qui exploitent efficacement les
avancées technologiques peuvent obtenir des avantages significatifs sur
le champ de bataille, tandis que ceux qui restent à la traîne
risquent la défaite (Caplow et Vennesson 2000 : 62). C'est ainsi que
l'histoire des relations internationales et des guerres est marquée par
de profonds écarts dans le développement technologique en mettant
aux commandes celui qui dispose des technologies militaires les plus
sophistiquées. Pour Caplow et Vennesson (2000), si de telles
confrontations peuvent donner à la technologie un rôle
éminent, voire décisif, elles ne résument pas les
relations riches qui se nouent entre l'art de la guerre, les
déterminations politiques et les technologies militaires. Ceci, parce
que les technologies sont en constante interaction avec une organisation
militaire à qui elles fournissent des armes, des véhicules,
l'équipement et les méthodes de construction. Mais des facteurs
sociaux et politiques structurent l'ordre de bataille, le réseau de
commandement et de contrôle, la capacité de manoeuvre, la
motivation des troupes et la cohésion des unités (Caplow et
Vennesson 2000 : 62). La supériorité technologique à elle
seule n'est pas une garantie de succès à la
guerre, car une direction politique déficiente, un
commandement hésitant, une mauvaise planification peuvent
aisément réduire à néant le bénéfice
issu de la possession de certaines armes (Caplow et Vennesson 2000 : 63). En
1870 par exemple, les troupes françaises étaient
équipées d'un meilleur fusil que les Allemands, mais les
insuffisances de commandement étaient telles que l'avantage
technologique est resté sans effet sur l'issue des combats. Quel que
soit l'efficacité réelle des armements, il demeure difficile
d'évaluer à l'avance leur conséquence
générale sur l'art de la guerre (Caplow et Vennesson 2000 : 63).
Quelle que soit les logiques de l'armement choisies par le politique (offensive
ou défensive), on ne peut pas prédire le dénouement de la
guerre. Car, l'alternance de l'avantage entre l'attaque et la défense
est l'une des caractéristiques les plus marquantes de l'histoire
militaire (Caplow et Vennesson 2000 : 64). Si certaines armes favorisent la
défensive, le dilemme de la sécurité est moins influent. A
l'inverse, lorsque les armements offensifs dominent, la guerre sera plus
probable (Caplow et Vennesson 2000 : 65).
Mais, une critique commune remet en cause la distinction entre
capacité militaire offensive et défensive du fait que tous les
systèmes d'armes peuvent servir à la fois à l'offensive et
à la défensive: les chars par exemple peuvent fournir la
mobilité et la puissance de feu nécessaire à une
offensive, mais également donner au défenseur la mobilité
nécessaire pour faire face à l'attaque sur différents
points du périmètre concerné (Caplow et Venesson 2000 :
66).
En fin de compte, la force armée comme outil de
conquête et d'émancipation ou comme outil de protection des
intérêts et de l'intégrité territoriale ne doit son
efficacité ou sa place qu'au respect de sa structure, de ses
attributions et de ses mécanismes. Qu'en est-il du conflit armé
?
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