II- DÉFINITION DES CONCEPTS
Notre thème de recherche tourne autour de trois
concepts clés que nous tenons à définir dans les lignes
qui suivent. Il s'agit des concepts de force armée, du conflit
armé et de coopération militaire internationale.
II.1- La force armée
Dans notre travail relatif à l'évaluation de la
performance des forces armées camerounaises dans le conflit frontalier
les opposant aux forces armées nigérianes, la notion de force
armée doit être entendue comme le bras armé d'un
gouvernement garant du maintien et du respect de l'ordre, du respect des
institutions de la République, des intérêts de
l'État et de l'intégrité du territoire national.
La force armée peut aussi être
considérée comme un outil de conquête,
d'émancipation, de développement et de sécurité
d'une entité étatique en pleine propension. Toutes ces
définitions se retrouvent comprises dans les approches théoriques
Mvié Meka (2000) et de Kounou (2003).
C'est dans le cadre de ces deux définitions que nous
pouvons situer les actions des forces armées camerounaises et
nigérianes dans le conflit étudié. Ici,
les forces armées nigérianes faisant la
politique de leur gouvernement peuvent être assimilées à un
outil de conquête dans leur escalade en terre camerounaise. Par leurs
actions, le gouvernement camerounais perd sa souveraineté sur la
presqu'île de Bakassi qui devient, par ricochet, une
propriété nigériane. Les forces camerounaises, dans leurs
représailles, constituent un outil de protection des
intérêts et de l'intégrité territoriale.
En définitive, la force armée dans notre analyse
aura deux sens : la force armée comme outil de conquête et
d'émancipation ; la force armée comme outil de protection des
intérêts et de l'intégrité territoriale. Mais
l'armée en tant qu'organisation doit sa valeur à sa structure,
à ses attributions et à ses mécanismes.
II.1.1- La structure de la force armée
Le caractère dynamique du territoire (terrestre,
maritime, aérien) va entraîner la dynamisation des forces
armées. On retrouve alors dans la plupart des États : une
armée de terre, une armée marine, une armée de l'air. A
ces forces, s'ajoutent dans certains États la Gendarmerie, les sapeurs
pompiers à l'instar de la France et du Cameroun respectivement.
Le développement contemporain des forces armées
a été marqué par une différenciation croissante en
trois dimensions: la dimension verticale des rangs et du commandement, la
dimension horizontale de la spécialisation professionnelle et la
dimension spatiale de la zone (Caplow et Vennesson 2000 : 16-17). La
différenciation verticale comporte des échelles de grades et
d'unités de commandement stables. La différenciation horizontale
concerne la spécialisation par arme ou spécialité au sein
d'une armée. La différenciation spatiale marque la distinction
entre les bases internes ou domestiques et les théâtres
d'opération ; et au sein des théâtres entre le front, la
zone intermédiaire et l'arrière.
La différenciation verticale au sein des forces
armées des Etats modernes est particulièrement stable.
L'organisation générale des grades et des unités de
commandement pour les forces terrestres a à peine changé ces deux
derniers
siècles. En France et comme au Cameroun par filiation,
l'organisation classique se compose d'après le tableau suivant :
Tableau 1 : Présentation des
grades et unités de commandement des forces armées dans le
monde.
Grade
|
Unité de commandement
|
Caporal / Quartier-maître
|
Equipe de feu
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Sergent / Maître
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Equipe, groupe ou escouade
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Lieutenant / Enseigne de vaisseau
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Section
|
Capitaine / Lieutenant de vaisseau
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Compagnie
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Commandant / Capitaine de corvette
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Bataillon / Escadron
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Lieutenant-Colonel / Capitaine de frégate
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Bataillon / Escadron
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Colonel / Capitaine de vaisseau
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Régiment / Base
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Général de Brigade / Contre-amiral
|
Brigade
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Général de Division / Vice-amiral
|
Division
|
Général de corps d'armée / Vice-amiral
d'escadre
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Corps d'armée
|
Général d'armée / Amiral
|
Armée
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Source: Théodore Caplow et
Pascal Vennesson, 2000, p.17.
Au sein des armées de terre, de l'air et de la marine,
on compte 11 grades d'officiers, 5 grades de sous-officiers et 3 grades de
militaires de rang. Les grades sont regroupés comme suit: officiers
généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes,
sous-officiers et militaires de rang. Les rangs de la marine ont un nom
différent, mais sont équivalents à ceux des autres
armées.
Derrière ces grades se trouvent des professionnels hommes
et femmes, quiexercent leur métier dans ces différents
corps. Ils sont répartis en 4 catégories dont
le recrutement, la formation professionnelle, le
déroulement des carrières avec des responsabilités
différenciées. On distingue :
· Les militaires de rang assimilables aux «ouvriers
spécialisés et qualifiés»,
· Les sous-officiers comparables aux « agents de
maîtrise» et aux « techniciens supérieurs» des
secteurs civils,
· Les officiers correspondant aux cadres « moyens
et supérieurs» et parmi lesquels on retrouve les officiers de
carrière recrutés par concours (2 à 5 ans d'étude)
et les officiers sous contrat,
· Les officiers généraux ayant pour
égaux les hauts fonctionnaires et dirigeants d'entreprises
(Hervouët et Boumois 1999 : 160-162).
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