I.2.2- Le conflit armé comme recherche de
suprématie et moyen de la contrainte politique
Kounou (2001) établit que ce type de guerre n'a pas
pour but la survie biologique ou physique, mais son but est d'imposer à
l'autre sa propre valeur, sa suprématie d'après Hegel qui ira
encore plus loin en soulignant le caractère indispensable de la guerre
pour l'homme de la civilisation. Pour sa part, Nietzsche attribue les causes de
la guerre à la dégénérescence de l'Etat,
consécutive au triomphe des esclaves qui réclament
l'égalité de droit. La guerre est donc l'expression d'un instinct
dominant qui s'impose aux adversaires et qui travaille au triomphe... de la
vie. La guerre est destructrice de valeurs périmées et
créatrices de nouvelles valeurs (Kounou 2001 : 227-228).
Clausewitz soutient que la guerre est «la simple
continuation de la politique avec d'autres moyens ». Elle sera encore
définie comme « un acte de violence destiné à
contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté en usant
de l'intégralité de la force physique ». La guerre, en
même temps qu'elle est un acte politique, est aussi un instrument
politique (Kounou 2001 : 227).
Pour Ludendorff, la guerre totale qui est un engagement
généralisé se traduisant par une destruction
complète non pas seulement des secteurs militaires mais , de tous les
domaines de la vie. Elle donne lieu à la subordination du
politique au militaire, et non l'inverse comme dans la
perspective de Clausewitz (Kounou 2001 : 228).
I.2.3- Le conflit armé comme la manifestation
des contradictions de l'expansion du capitalisme
Depuis le XVIe siècle, les conflits armés
trouvent leur fondement d'après Kounou (2001) dans l'élaboration
de l'infrastructure économique et sociale, des antagonismes de classes
qui sont à l'origine de la lutte des classes et de la guerre entre
bourgeois et prolétaires. Le capitalisme porte les guerres à
l'intérieur à travers un mode inégalitaire de
socialisation et à l'extérieur à travers les
rivalités entre États dans la course effrénée aux
colonies et aux richesses dont recèlent ces dernières, tout comme
dans la recherche des débouchées pour écouler la
surproduction. Les guerres apparaissent alors inéluctables, car elle
résultent des contradictions irréductibles du capitalisme. Parce
que ce dernier se sentait à l'étroit dans les États
nationaux européens, il s'est mis à la conquête des terres
lointaines pour y investir les capitaux et extraire les matières
premières stratégiques. Dans cette perspective, l'armée
n'est et ne sera qu'un moyen au service du politique. Rosa Luxembourg insistera
sur ce besoin de territoire pour écouler les ressources de surproduction
« invendables » sur le marché européen ; mais aussi,
sur ce besoin de ressources pour les industries européennes. Ce qui a
entraîné les guerres impérialistes (Kounou 2001 : 228-229).
Mao Zedong, à son tour, pose la guerre comme la forme la plus
élevée de la lutte visant à résoudre les
contradictions, lorsqu'elles se sont développées jusqu'à
un certain degré entre classes, nations, États et groupes
politiques. Il distingue ainsi les guerres justes (guerres progressistes) des
guerres injustes (celles qui tentent ou veulent empêcher le
progrès), (Kounou 2001 : 229-230).
|