I.2- Le conflit armé
Le conflit armé est au regard de l'histoire humaine une
constante. Indépendamment des formes qu'elle peut prendre, son
intensité augmente avec l'évolution des sociétés
(Fogué Tédom 2006 : 6). Depuis la nuit des temps à nos
jours, les guerres sont considérées comme:
«Nécessité» vitale et exutoire des contradictions
internes ; recherche de la suprématie et moyen de contrainte politique ;
la manifestation des contradictions de l'expansion du capitalisme ; acte
d'intégration politique et de résistance extérieure
(Kounou 2001 : 226).
I.2.1- Le conflit armé comme «
nécessité » vitale et exutoire des contradictions
internes
D'après Kounou (2001), Machiavel distingue deux formes
fondamentales des guerres : la guerre de survie et la guerre politique. La
première peut être offensive ou défensive respectivement
lorsqu'un peuple affamé ou misérable procède à une
attaque contre les peuples extérieurs pour s'approprier de bonnes terres
nécessaires pour leur survie ou lorsque le peuple envahi riposte en
repoussant les assauts extérieurs indispensables pour sa survie. Qu'elle
soit offensive ou défensive, la guerre de survie chez Machiavel, est
posée comme une nécessité.
La seconde, quant à elle, découle de l'ambition
des princes et des républiques à étendre leur empire.
Aussi redoutable qu'elle soit, elle n'est pas aussi terrifiante que la
précédente car, elle est une guerre de soumission et non
d'extermination ou d'expropriation. Elle n'est pas liée à
l'instinct bestial de survie, mais découle bien de la nature humaine.
C'est une réponse préventive aux contradictions internes de
l'État pouvant détourner la guerre civile en canalisant les
forces intérieures vers un ennemi extérieur. Ici aussi, la guerre
politique, en même temps qu'elle serait fatalité, est surtout une
nécessité.
Toujours d'après Kounou (2001), un siècle plus
tard, Hobbes émettra l'hypothèse de l'omniprésence de la
guerre dans l'état de nature dans lequel « L'homme est un loup pour
l'homme », d'où le fait que la guerre serait un
phénomène tout à fait naturel.
Au XVIIIe siècle, Rousseau postulera que c'est par
nécessité de défendre la patrie en danger que les Etats se
trouvent en état de guerre permanent. Au XIXe siècle,
l'exaltation de la nation et de l'État va induire une tendance à
la
glorification de la guerre comme exutoire commode dans les
actes d'agression externes et parfois de défense, dont l'enjeu
dépasse largement les simples questions de frontières. Aussi,
deux principes essentiels guideront les relations internationales:
1) Considérer qu'un État constitue une menace et
ne jamais se fier à ses promesses.
2) Profiter de tout avantage pour accroître sa puissance
afin de ne pas être démuni lorsque surviendra
inéluctablement la guerre.
Dans ce contexte, la seule chance de paix réside dans
l'équilibre des forces en présence (Kounou 2001 : 226-227).
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