II- LES RELATIONS CIVILO-MILITAIRES
La question des relations entre « civiles et militaires
» n'est pas récente. Pourtant, elle se trouve posée de
manière radicalement nouvelle depuis la fin de la guerre froide, et plus
peut-être depuis les attentats du 11 Septembre 2001. Suivant en cela les
mutations de la scène internationale, le rapport entre civile et
militaire se révèle beaucoup plus complexe que ne le laisse
accroire un chemin binaire tenant le civil et le militaire comme deux
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
champs totalement hermétiques l'un à l'autre.
Qu'on le déplore ou que l'on s'en réjouisse, ce schéma ne
résiste pas à une rigoureuse analyse des conditions pratiques et
symboliques dans lesquelles ces acteurs sont amenés à agir.
La relation civilo-militaire se définit, en effet au
contact des nouvelles réalités internationales comme celle qui se
caractérise à la fois par l'irruption de nouveaux acteurs dans le
champ international (Organisations Internationales, Organisations Non
Gouvernementales, acteurs économiques, Mafias etc.) et par de nouvelles
formes de conflictualités.
L'enjeu majeur d'une telle hypothèse « civil et
militaire », ne se réduit pas, dès lors, à sa
dimension normative, c'est-à-dire à une interrogation sur la
nécessité ou non de développer des relations entre ces
différents acteurs. Cette question garde bien évidemment toute sa
légitimité, et ce d'autant plus qu'elle se repose à chaque
fois de manière singulière pour les acteurs impliqués dans
la sécurité. Il s'agira également d'interroger la nature
des relations et les dispositifs qui se développent en pratique sur le
terrain entre les différents acteurs partis à des interventions
dont l'objectif vise la sécurité, la paix sociale,
préalable du développement.
1) LA NECESSITÉ DE LA RELATION
CIVILO-MILITAIRE
Lors des guerres conventionnelles ou les Forces de
Défense avaient comme belligérants une Armée clairement
identifiée, les civiles ne faisaient pas partir de l'effort de guerre.
Au service d'un gouvernement défensif ou offensif, la question de la
relation civilo-militaire pouvait sembler négligeable dans l'atteinte
des objectifs de l'Etat. Mais depuis le 11 Septembre 2001, le monde fait face
à une nouvelle dynamique mettant à mal la souveraineté des
Etats. Il s'agit de « l'ennemi inconnu » qui ne se fait remarquer que
par l'ampleur de ses dégâts. Du fait de son habilité
à fondre dans la nature parmi les populations, il opère dans
l'ombre sous l'impuissance des Forces de Défense à l'attente d'un
ennemi. Les attentats
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du World Trade Center constituent une parfaite illustration
de l'habilité des Forces dites « transverses » et de
l'impuissance de l'hyperpuissance américaine face aux « soldats
civils ». Cela va sans dire que les redoutables Marins américaines
du haut de leurs armements up to day n'ont pas pu détecter les
artisans du réseau Al-Qaïda jusqu'au jour fatidique. Pourtant, il
existe aux Etats-Unis d'Amérique (USA) un important service secret
assuré par le Fédéral Bureau Investigations (FBI) qui
d'après des sources sures, avait eu vent de la préparation d'un
attentat savamment orchestré pendant des années sur leur
territoire. Mais n'étant pas en étroite collaboration avec le
Pentagone, leur information n'a pas fait tache d'huile, car devant au
préalable être vérifiée et approuvée par
d'autres instances avant qu'elle ne parvienne à la haute
hiérarchie militaire et politique seule habilitée à
prendre des décisions.
Il apparaît ici que l'absence d'une véritable
relation civilo-militaire a coûté cher aux USA car, la multitude
d'instances entre les acteurs civils et le commandement militaire n'a pas
été au service de la spontanéité requise face
à cette nébuleuse. Or, une symbiose entre les deux parties l'une,
apportant des informations, l'autre, puissance agissante aurait permis
d'étouffer le mal dans l'oeuf. A l'épreuve des faits, la nature
des soldats civils (Al-Qaida, le Groupe Salafiste pour la Prédication et
le Combat (GSPC), les Groupes Islamistes Armés (GIA), les coupeurs de
route, le MEND, les Bakassi Freedom Figthers...) responsable des nouvelles
formes de menaces impose comme mesure stratégique une relation
civilo-militaire, les civils à même détecter l'ennemi qui
se frotte à eux en toute sécurité à la quête
des zones d'affluence, les militaires capables d'annihiler tout foyer
d'insécurité. Tout gage de sécurité passe par la
mise à contribution de cette relation à trait d'union. Il est
question pour les instances politiques de sensibiliser et d'informer la «
partie civile » de la nouvelle réalité internationale
porteuse de nouvelles menaces avec pour cible privilégiée les
populations, de la relative capacité de la « partie militaire
» à assurer leur
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sécurité sans leur véritable
participation. Ces derniers peuvent alors coopérer au sein des
institutions à l'instar du département de la
sécurité intérieure américain employant 180.000
fonctionnaires parmi lesquels les militaires, les policiers et des simples
citoyens85 ; des agences de renseignement comme le FBI ou cohabitent
les unités civiles et militaires au service de la sécurité
américaine ; des bureaux d'enquêtes et de renseignements comme
Interpol...
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