4) LA GENDARMERIE NATIONALE ET SA CROISASDE
CONTRE L'INSÉCURITÉ
Par son organisation, ses missions et son statut, la
Gendarmerie Nationale est une force militaire à caractère civil.
Partie intégrante des Forces Armées, son action s'exerce sur
l'ensemble du territoire national. Née le 22 février 1960 de la
fusion des auxiliaires camerounais de la Gendarmerie française et des
Forces locales de la Garde camerounaise, la Gendarmerie est actuellement
placée sous l'autorité d'un Ministre Délégué
à la Présidence chargée de la Défense et
dirigée par le Secrétaire d'Etat à la Défense
spécialement chargé de la Gendarmerie Nationale. Cette
dernière appellation souligne un développement structurel et
qualificatif progressif et valorisant dans la mesure où le commandement
de l'Armée a été successivement assuré par un
officier commandant supérieur en 1960, des
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Délégués Généraux et
Secrétaires d'Etats ensuite (Mambou Deffo 2005 : 18).
a) SON ORGANISATION
Suites aux mutations successives, ce corps est aujourd'hui
articulé autour d'une administration centrale, de commandement
territoriaux et de formations spécialisées. A sa création,
la Gendarmerie Nationale était composée de 4 légions, 8
compagnies et 14 escadrons. En 2005, elle compte 3 régions, 10
légions, 5 groupements de Gendarmerie territoriale, 3 groupes
d'escadrons et 3 groupements de circulation routière. A ces formations,
il convient d'ajouter le Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie
Nationale (GPIGN), le centre médicale et de l'action sociale, le
Groupement d'Escadron d'Intervention (GEI) des Services Centraux et la musique
de la Gendarmerie. Ces institutions sont complétées par le
Commandement des Ecoles et des Centres d'Instruction de Gendarmerie. Celui-ci
coordonne le Stage d'Application des Officiers de la Gendarmerie Nationale
(SAOGN), l'Ecole des sous-officiers (ESO), l'Ecole de perfectionnement en
police judiciaire (CPPJ), le Centre d'Instruction de Yaoundé (CIY) et le
Centre de perfectionnement aux techniques de maintien de l'ordre (CPTMO), une
école à vocation régionale (Mambou Deffo 2005 : 18).
b) SES MISSIONS
Selon les contextes, la Gendarmerie remplit des missions
spécifiques.
En temps de paix, elle participe à l'élaboration du
cadre de défense opérationnel du territoire :
- plan de défense et de protection ;
- plan de surveillance et de protection des ponts sensibles, -
formation et recyclage des fonctionnaires de défense ;
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- plan d'organisation de la défense populaire ;
- actions psychologiques ;
- tenue et mise à jour des dossiers territoriaux et
registre des personnes mobilisables et de réserves.
En temps de guerre, elle assure :
- l'engagement de ses unités mobiles et territoriales ;
- l'exécution des missions de défense du territoire
national et de protection des points sensibles ;
- le maintien de l'ordre dans les agglomérations et au
sein des
troupes combattantes par le biais de ses unités
prévôtales.
En sommes, la Gendarmerie Nationale assure le maintien de
l'ordre et le rétablissement de l'ordre en temps de paix. En temps de
guerre, la Gendarmerie reste sur place pour assurer le fonctionnement normal
des institutions, sans esprit de trahison tandis que la Gendarmerie mobile
rejoint les Forces de troisième catégorie au champ de bataille
(Mambou Deffo 2005 : 18).
Figure N°19 : Parade
d'unité section de la Gendarmerie Nationale au Boulevard du 20 Mai,
Yaoundé.
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Source : Le Magazine THE
PRESIDENT'S YEAR 2010, New Hope, Page 25.
c) LES EFFETS DE LA REFORME
La modernisation des Forces de Défense engagée
depuis Juillet 2001 par le Président de la République Chef des
Armées a profondément modifiée la Gendarmerie aussi bien
sur le plan organisationnel que sur celui de la doctrine d'emploi. Les
nouvelles dispositions ont consacré la naissance des structures
adaptées aux exigences de la mondialisation et permettant au personnel
de mieux évoluer dans son environnement tout en gérant avec
efficacité la sécurité des personnes et des biens. Dans
les services centraux, on note la mise en place d'une direction des affaires
générales, d'une direction centrale de l'administration et de la
logistique, d'un poste de commandement opérationnel de la Gendarmerie et
d'un laboratoire scientifique.
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Au niveau des services extérieurs, les innovations
portent sur les régions de gendarmerie. Elles sont structurées de
manière à assurer une omniprésence territoriale
préservant la caractéristique majeure de la Gendarmerie. Chaque
région rassemble en son sein des groupements et services permettant son
fonctionnement. La réforme a cependant maintenu les légions dans
les chefs lieux de province tout en créant des Centres
Opérationnels de Gendarmerie (COG), des structures placées sous
les ordres de chaque commandant de légion, le centre opérationnel
de gendarmerie est chargé de la gestion des appels de détresse de
la population qui relèvent de sa compétence territoriale. Il
reçoit des appels téléphoniques et les répercute
instantanément vers les unités positionnées sur le terrain
24h/24. Ce rôle est aujourd'hui fort apprécié des
populations au vue de l'efficacité et de la rapidité des actions
menées par les unités de Gendarmerie dans la lutte contre le
grand banditisme.
Dans le domaine de la formation, une école à
vocation régionale spécialisée dans le maintien de l'ordre
a vu le jour à Awae dans la région du Centre. Cette institution
est le fruit de la coopération entre la France et le Cameroun.
Par ailleurs, afin de faire face aux délicates missions
qui exigent une bonne connaissance du droit et une culture
générale, le niveau de recrutement a été
relevé. Désormais, le diplôme minimum requis est le BEPC
pour les élèves gendarmes et le probatoire pour les
élèves sousofficiers. Ces innovations au niveau de la gestion des
personnels sont complétées par le rajeunissement des
effectifs.
La décentralisation des tâches permet
également d'axer les efforts sur la conception des stratégies de
lutte contre l'insécurité. La gestion des appels de
détresse des populations se fait de manière instantanée.
Le traitement des renseignements grâce aux nouvelles technologies de
transmissions des données garde toute son efficacité et permet
des réactions en temps réel et une conduite efficiente des
opérations. Cette méthode
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consacre une orientation définie de l'action
quotidienne de la Gendarmerie vers une stratégie de proximité
avec les populations qui restaure la confiance et assure des contacts
permanents et réciproques (Mambou Deffo 2005 : 18).
d) LA GENDARMERIE FACE AUX MENACES ET
VULNERABILITÉS MAJEURES
Tout en respectant les formes légales et
règlementaires, la Gendarmerie Nationale est apte à faire face
à ces menaces et aux vulnérabilités majeures que sont
l'insécurité, les infractions à la loi pénale, les
troubles à l'ordre public, les atteintes à la sûreté
de l'Etat, les extrémismes religieux, les trafics de drogue, la
prostitution, la corruption etc. Les menaces et les
vulnérabilités majeures, d'origine interne ou externe sont prises
en compte par la Gendarmerie qui a pour vocation de lutter contre la petite
délinquance et de combattre la grande criminalité.
La Gendarmerie Nationale, force militaire aux attributions
civiles, est chargée de l'application des lois et règlements,
ainsi que du maintien de l'ordre, surtout en milieu rural. Elle participe, en
outre, à la protection civile, à la défense passive et
à la défense militaire.
Il s'agit au quotidien, pour cette arme, de protéger
l'individu citoyen, l'Etat Nation, puis contrôler et protéger les
espaces. La proximité nécessite une connaissance mutuelle entre
la population et les gendarmes résidant dans les localités dont
ils ont la charge. Figures familières à leurs concitoyens, ils
sont bien intégrés au sein de la population qu'ils
protègent. La protection de l'individu citoyen réside dans la
préservation de ses droits fondamentaux, notamment
l'intégrité physique et les biens ainsi que le libre exercice des
libertés publiques.
Protéger l'Etat Nation consiste à renseigner les
autorités gouvernementales et territoriales, assurer la
sécurité des organes
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gouvernementaux et des autorités civiles et militaires,
préserver l'ordre public, sauvegarder la vie économique et la
pérennité de l'esprit de défense.
Le contrôle et la protection des espaces permettent de
garantir l'intégrité du territoire national et le contrôle
des frontières, la libre disposition des voies de communication, la
protection des zones à risque et la sécurité des points
sensibles (Kouakap 2007 : 21).
e) LES DEMEMBREMENTS ACTIFS DE LA GENDARMERIE
NATIONALE
D'une manière générale, la Gendarmerie,
à travers les branches qui la composent, est impliquée dans
chacune des quatre grandes fonctions de défense : dissuasion,
prévention, protection, projection. Le maintien de l'ordre public
constitue désormais une fonction centrale dans la stabilité des
démocraties.
La Gendarmerie mobile est un outil particulièrement
adapté à la gestion des troubles à l'ordre public en
situation très dégradée. Elle est un outil du quotidien
permettant de garantir le primat du respect de la personne en lui garantissant
l'exercice de ses droits fondamentaux, dans le cadre du contrat social et dans
une logique d'intérêt général, participant ainsi
à la cohésion nationale. Elle est au contact régulier de
la population avec laquelle elle entretient des rapports
privilégiés. Chaque brigade est chargée de la surveillance
jour et nuit de sa circonscription ainsi que de l'accueil du public. Les
Gendarmes y reçoivent les plaintes, effectuent des enquêtes
administratives et judiciaires et de manière générale
répondent aux appels d'urgence. Ses capacités d'action sont
renforcées par des unités spécialisées de
Gendarmerie et des unités hautement qualifiées à l'instar
du Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN)
à l'oeuvre dans le Grand Nord face aux coupeurs de routes.
Figure N°20 : Quelques
manoeuvres du GPIGN
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Source : Le Magazine des
Forces de Défense camerounaises, Honneur et Fidélité,
Numéro spécial du 20 Mai 2008, Page 49.
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à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
La Gendarmerie Nationale est une force humaine en
perpétuelle adaptation, constitutive de l'identité nationale, qui
puise sa légitimité dans l'histoire du Cameroun. Force de
sécurité intérieure, elle inscrit, pour l'essentiel son
action dans le cadre de la fonction de protection telle qu'elle est
définie par les textes. La sécurité intérieure est
une mission très noble. Elle ne concerne pas seulement la défense
militaire et les Forces Armées, mais toutes les administrations
responsables de grandes catégories de fonctions ou de ressources
essentielles à la vie du pays. La Gendarmerie nationale, de par ses
capacités spécifiques qui lui confèrent une
notoriété certaine en est un acteur incontournable
Forte d'une organisation rationnelle, d'une ressource humaine
compétente, des équipements correspondant aux besoins
opérationnels, la Gendarmerie Nationale exerce sa compétence
générale de sécurité intérieure et s'adapte
à la diversité de toutes les missions du spectre paix - crise
-guerre (Kouakap 2007 : 21).
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