2) LA STRATÉGIE GÉNÉRALE MILITAIRE
Pour conduire sa politique de sécurité et de
défense et faire face aux différentes hypothèses de
défense évoquée dans les paragraphes
précédents, le Cameroun met en oeuvre une stratégie
globale qui fédère les différentes stratégies
correspondant aux domaines militaire, civil, économique, social et
culturel de la défense.
Le concept d'emploi des Forces définit les principes
d'engagement des Forces en tenant compte du cadre politique et militaire
actuel. Il souligne que la crédibilité de ces Forces tient
à leur capacité :
- De dissuader tout adversaire à s'attaquer aux
intérêts du Cameroun (dissuasion) ;
- D'anticiper l'action opérationnelle qui serait
éventuellement à conduire en fonction de la menace ou du risque
observé (Prévention) ;
- D'agir dans les zones de crises éloignées du
centre de gravité des Forces (Projection intérieure) ou
dans un pays étranger dans le cadre des accords internationaux
(Projection extérieure) ;
- De satisfaire aux exigences de liberté d'action du
gouvernement et de sauvegarde des intérêts nationaux
(Protection) (Etat-Major des Armées 2010 : 15).
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à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
a) LA MAITRISE DES QUATRES GRANDES FONCTIONS
STRATEGIQUES
Elles sont au nombre de quatre à savoir : la dissuasion,
la prévention des crises, la protection et la projection.
1- LA DISSUASION
La dissuasion vise à détourner un ennemi
éventuel de ses intentions agressives en lui faisant imaginer les
représailles qu'il court. Elle s'appuie sur une organisation permanente
du commandement et sur des Forces opérationnelles dont la posture,
adaptable aux diverses situations, est de garantir en permanence une
capacité de riposte quelque soit les circonstances. Elle repose sur la
détermination, le professionnalisme et la réputation des
Unités des trois Armées et de la Gendarmerie.
Elle doit également se manifester au quotidien par le
souci de se perfectionner lors des exercices et des entraînements et par
une rigueur permanente dans le comportement comme dans l'application des
consignes de sécurité qui garantissent la défense des
installations et plus généralement du territoire nationale. Cette
dissuasion est l'affaire de tous les acteurs de la défense (Etat-Major
des Armées 2010 : 7-8).
2- LA PRÉVENTION DES CRISES
La prévention a pour but, en premier lieu, de
protéger le pays contre les menaces pouvant peser sur ses
intérêts fondamentaux. Aussi, elle doit permettre d'anticiper et,
si possible d'empêcher l'émergence des situations susceptibles de
devenir conflictuelles. Au sein des Armées, ce principe se traduit par
la recherche constante d'indices d'alerte d'une menace, le suivi d'indicateurs
de conflit ou de crises potentielles, par une présence militaire
permanente dans les zones identifiées comme risquées (zones
frontalières, façades maritimes). Les outils d'information,
d'analyse (renseignement), de
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veille et d'alerte stratégique sont également
indispensables dans l'anticipation puis la gestion des crises.
La prévention s'appuie également sur des
capacités de réaction immédiate, sur l'activation
progressive de moyens positionnés dans les régions à
risque ainsi que le déploiement préventif de moyens terrestre,
naval et aérien. L'ensemble du dispositif mis en oeuvre dans le cadre de
la prévention donne au Cameroun une faculté de prévision
et de compréhension des situations qui constituent l'une des clés
de son autonomie de décision (Etat-Major des Armées 2010 :
16).
3- LA PROTECTION
La notion de protection concerne exclusivement le territoire
national et la population. En l'absence de menace militaire directe à
proximité des frontières, elle s'apparente, la plupart du temps
à des missions de sécurité intérieure, cas des
missions de défense strictement militaires.
Impliquant en toute circonstance de satisfaire les exigences
de sécurité et d'intégrité du territoire, de
liberté d'action du gouvernement et de sauvegarde la population, la
protection répond aux menaces de désordre, de chantage, de
déstabilisation, de terrorisme et d'agression limitées.
La défense aérienne, la défense maritime
du territoire, la défense terrestre du territoire et la défense
civile concourent à la protection. Les trois premières,
permanentes, relèvent principalement des Armées. Placée
sous l'autorité civile, la défense civile peut nécessiter
le concours des Armées, la Gendarmerie y participant de façon
permanente. Les mesures de Défense Opérationnelle du Territoire
(DOT) sont mises en oeuvre sur décision du gouvernement et leur
exécution incombe à l'autorité militaire (Etat-Major des
Armées 2010 : 17).
4- LA PROJECTION
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La notion de projection recouvre l'ensemble des interventions
conduites hors des frontières nationales. Pour le Cameroun, pays
à vocation strictement défensive, cette notion ne se
conçoit que dans le cadre d'une mission de maintien de la paix ou
à caractère humanitaire dans un des pays de la sous région
et sous l'égide d'une organisation ou coalition internationale
reconnue.
La notion de « projection intérieur » sera en
revanche utilisée pour décrire le déploiement des Forces
à l'intérieure des frontières. Dans un pays étendu,
géographiquement et climatiquement aussi varié que le Cameroun,
une « projection intérieure » possède de nombreuses
similitudes avec une projection dite « extérieure ».
Elle constitue alors une des modalités de la
protection. La projection intérieure suppose, comme pour une projection
extérieure, de disposer d'une part de Forces entraînées et
complémentaires aptes à intervenir loin de leur lieu habituel de
stationnement, d'autre part de moyens de transport à moyens rayon
d'action. Elle requiert une organisation adéquate de la chaîne de
commandement et de la capacité de soutenir les unités
engagées.
En cas de troubles majeurs ou d'agressions à
l'intérieure des frontières, la protection devient prioritaire
sur la prévention et sur la projection. La fonction de protection
s'affirme alors comme une mission essentielle et une exigence permanente pour
les Forces Armées et devient, de fait, la plus dimensionnante pour les
Forces de Défense et notamment pour les Forces terrestre.
Toutes les Forces disponibles, complétées le cas
échéant par les Forces de réserve, sont alors susceptibles
d'y participer. Contrairement à la projection qui, tout en exigeant des
capacités permanentes, ne prend corps qu'au moment de l'intervention,
les trois autres grandes fonctions stratégiques sont permanentes. On
désigne sous l'appellation de posture permanente de sûreté
l'ensemble de dispositions prises pour mettre en toute
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circonstance le pays à l'abri d'une agression, même
limitée (Etat-Major des Armées 2010 : 18).
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