CONCLUSION
Dans le cadre de ce travail, la notion de force Armée
et partant les Forces Armées camerounaises doivent être
appréhendées comme le bras armé d'un gouvernement garant
du maintien et du respect de l'ordre, du respect des institutions de la
République, de la sécurité des intérêts de
l'État, comme un outil de conquête, d'émancipation, de
développement et de sécurité d'une entité
étatique en pleine propension. Les nouvelles menaces comme des
Organisations non étatiques, tournées vers la recherche du
profit, les systèmes revendicatifs recherchant la participation au
pouvoir local ou à sa conquête poursuivant des buts politiques
localisés au moyen de la lutte armée prennent au Cameroun les
formes des gangs urbains, réseaux criminelles transnationaux (coupeurs
de routes), les activistes nationalitaires (SCNC) et du terrorisme (Bakassi
Freedom Fighter). La
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sécurité enfin relèvera ici de la
sécurité nationale qui se préoccupe fondamentalement de la
préservation de la souveraineté contre les menaces externes.
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CHAPITRE II :
LA CONCEPTUALISATION INSTITUTIONNELLE
ET GÉNÉRALE CLASSIQUE DES MENACES : LES
FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES EN CINQUANTE ANS
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vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
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La création des Forces Armées chargées
d'appliquer une politique de défense relève du domaine
réservé de l'Etat. Cette activité régalienne est un
élément important de tout jeune Etat qui accède à
la souveraineté internationale. Elles constituent le bouclier du pouvoir
central chargé d'assurer la défense de l'intégrité
territoriale, protéger les personnes et les biens contre toute forme de
menaces extérieures ou intérieures, non seulement gage de
crédibilité de l'Etat, mais également un
élément dissuasif contre tout acteur international belliqueux. A
ce titre, « la défense militaire, pour l'entité Etat-Nation,
apparaît ainsi comme un impératif catégorique ; une
nécessité vitale, sans laquelle les institutions étatiques
et les activités économiques et sociales, ne peuvent être
assurées d'un fonctionnement normal » (Ela Ela 2000 : 38). La
première armée significative sera formée par les
autorités allemandes après la signature du traité de
protectorat du 12 Juillet 1884. Face à la résistance farouche des
indigènes de l'intérieur à l'occupation allemande, une
« garde indigène » sera formée afin de venir à
bout de cette opposition armée. Ce sont ces troupes indigènes qui
fourniront les premiers éléments de l'Armée camerounaise
(Ela Ela 2000 : 41).
I- LA MISE EN PLACE DES FORCES ARMÉES
CAMEROUNAISES
La mise en place des Forces Armées camerounaises
obéit à une autre raison. Dés 1955, la situation
socio-politique du pays est très instable. Les Forces de police ne sont
plus en mesure d'assumer, seules, le maintien de l'ordre face à une
rébellion armée. Par ailleurs, les Forces coloniales
françaises ont le sentiment de mener une « intervention gratuite,
une pacification sans âme qui prend l'aspect d'une mauvaise corvée
à assurer dans le pays qu'il faudra en tout état de cause quitter
bientôt » (Chaffard 1962 : 399). Dans ce contexte, les Etats
nouvellement indépendants à l'instar du Cameroun doivent se doter
d'armées nationales (Bangoura 2002)
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indispensables face au péril national. Ahmadou
Ahidjo28 déclarera, dans le cadre des missions
confiées aux Forces Armées, que « L'une de ces missions, en
sommeil dans les Etats qui jouissent de la paix intérieure, est
particulièrement importante dans ceux qui, comme notre pays, connaissent
la subversion. Au Cameroun, les Forces Armées sont et demeurent l'un des
moyens dont disposent les pouvoirs publics pour maintenir l'ordre ou le
rétablir partout ou il est troublé, mieux encore,
préserver la paix » (Ela Ela 2000 : 54). La nécessité
de la création d'une Armée, tout comme son développement
apparaissent dès lors comme une question de principe. Malgré
l'absence notoire de cadres militaires camerounais, avec l'aide de cadres
militaires français, les autorités du Cameroun autonome vont
décider de créer les Forces Armées nationales prêtes
à entrer en lutte contre la rébellion qui menace
l'intégrité territoriale. Néanmoins, cette naissance des
Forces Armées nationales connaîtra une certaine
évolution.
1) LA NAISSANCE DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES
L'acte fondateur des Forces Armées camerounaises est
l'ordonnance du 11 Novembre 1959 et sa direction connaîtra une dynamique
identique à celle du système politique camerounais.
a) L'ORDONNANCE N°59/57
C'est le 11 Novembre 1959, par ordonnance n°59/57,
portant création de l'Armée camerounaise et organisation
générale de la défense, que naissent la Gendarmerie
Nationale, l'Armée de Terre, l'Armée de l'Air et la Marine
Nationale.
Texte de 24 articles, l'ordonnance stipule en son article premier
qu' « il est crée une Armée camerounaise relevant de
l'autorité du Premier
28 Premier président du Cameroun 1960-1982.
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Ministre, chef du gouvernement camerounais
»29. Son second article fixe la mission de cette Armée
nouvellement créée : « la mission principale de
l'Armée camerounaise est d'assurer en tout temps, en toutes
circonstances et contre toutes les formes d'agression, la
sécurité et l'intégrité du territoire national
ainsi que la vie de la population ». Cette mission est largement
inspirée de la conception moderne de la défense qui, ne faisant
plus de distinction entre l'état de guerre et l'état de paix,
érige les Forces Armées en sentinelles permanentes.
En portant un regard croisé sur l'Ordonnance
n°59/57 et sur celle du 7 janvier 1959 portant organisation
générale de la défense française, nous nous rendons
compte de la similitude qui existe entre les deux textes,
particulièrement en leurs articles 2 et 1er relatifs aux
missions assignées aux Forces Armées nationales respectives.
Cette similitude, voire cette copie certifiée conforme aux textes
français en matière de défense est
révélatrice de la carence de cadres militaires camerounais
capables de définir ou d'adapter ces textes au contexte local. En outre,
cette situation confirme la mainmise des autorités militaires
françaises en matière de défense dans les territoires
outre-mer en général et, au Cameroun en particulier. La naissance
de l'Armée camerounaise est en faite une émanation de
l'Armée française, « une fille de l'Armée coloniale
française ».
Pour atténuer la mainmise des cadres de l'Armée
française et, du fait de la présence des troupes
françaises sur le territoire camerounais, le Ministre des Forces
Armées précise le lexique militaire : au lieu d' «
Armée camerounaise », la circulaire demandait qu'elle soit
désormais appelée « Forces Armées nationale »,
de « Gendarmerie nationale », de « Marine nationale » etc.
Ces Forces Armées nationales sont placées sous la haute
autorité du chef suprême de l'Etat (Ela Ela 2000 : 55-56).
29 Extrait de l'Ordonnance n°59/57 du 11 Novembre
1959.
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