Conclusion
Le dimensionnement des chaussées
sénégalaises montre l'utilisation de plusieurs méthodes.
Cependant, la méthode "dite rationnelle" est la plus
utilisée, mais elle présente quelques insuffisances du fait de
son incompatibilité avec notre environnement et la non prise en compte
du comportement réel des matériaux.
Les méthodes empiriques ont des applications
limitées, elles ne peuvent être appliquées que pour des
conditions pour lesquelles elles ont été établies.
La méthode mécanistique prenant en compte le
comportement réel des matériaux et simulant à des erreurs
prêts les conditions similaires auxquelles sont soumises les
chaussées est peu utilisée au Sénégal.
Il est donc important de trouver des perspectives qui pourront
contribuer à l'amélioration du dimensionnement. Les
problèmes et perspectives seront abordés dans le chapitre
suivant.
Chapitre 4. #177; Problèmes et perspectives du
dimensionnement routier
1. - Problèmes liés aux
méthodes
Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays
africains, la construction de routes se fait sans normes. De plus les
méthodes empiriques, rationnelles et mécanistiques n'ont pas
encore trouvé d'application universelle surtout en Afrique et au
Sénégal en particulier. En effet les entreprises
sénégalais utilisent des spécifications, et appliquent ces
méthodes de dimensionnement à leur guise.
Les paramètres d'entrées des codes de calcul
utilisés (Ecoroute®, Alizé®
et Mich-paye®), pour la résolution des
équations des méthodes rationnelles et mécanistiques, ne
sont pas maîtrisés par les tierces des personnes qui les
utilisent. Ce qui n'aura pas d'effets sur l'amélioration de
l'état actuel des routes.
Il faut noter également que, la méthode la plus
utilisée au Sénégal est la "méthode dite
rationnelle". Les coefficients utilisés pour le calcul des contraintes
admissibles sont ceux déterminés par le LCPC et les classes de
trafic sont ceux du CEBTP. Ces paramètres utilisés par les
bureaux d'études sénégalais présentent des
écarts par rapport à la durée de vie qui se
généralise maintenant à vingt ans. Ce qui aura des
influences notables sur la contrainte dite admissible prise en compte par les
calculs.
De plus le code de calcul Alizé® du
LCPC utilise les paramètres de l'élasticité
linéaire (module de Young et coefficient de poisson) pour le
calcul des contraintes et déformations, ces paramètres ne
correspondent pas au comportement réel des matériaux
utilisés en corps de chaussée. Ce qui aura également des
influences sur le calcul des limites admissibles. Ce qui justifie d'une part
les dégradations prématurées.
2. - Problèmes liés aux matériaux
et au mode de conception
L'incertitude sur le choix des modules est une première
illustration de la difficulté d'intégration des graves non
traitées dans une approche rationnelle du dimensionnement des
chaussées. En effet, les entreprises routières ont l'habitude
d'employer des modules élevés. Ce qui entraîne des
épaisseurs de chaussées faibles et des ruptures
prématurées, donc un sousdimensionnement des chaussées.
Notons également qu'au Sénégal il y a une
forte raréfaction de matériaux de qualité. En effet, on
constate qu'une latérite de qualité devient de plus
en plus introuvable. On assiste également de plus en plus à
l'épuisement des gisements basaltiques de Diack et que ceux de
Kédougou se trouvent à des distances trop
éloignées
La problématique sur le choix de la valeur du CBR de la
latérite reste à discuter, car certains soutiennent que la
latérite utilisée en fondation doit avoir un CBR de 60 au lieu de
30. D'autres refusent ces propos et déclarent qu'il existe des
latérites avec un CBR de 12 utilisés en fondation
également.
Il est important de souligner la non prise en compte du
comportement réel des matériaux dans le dimensionnement. En
effet, la méthode utilisée au Sénégal suppose que
les matériaux utilisés en corps de chaussée ont un
comportement élastique linéaire. Or des expériences ont
montré que les matériaux granulaires ont un
comportement élasto-plastique et les matériaux bitumineux un
comportement viscoélastique.
Il est important de noter qu'au Sénégal les
couches de base sont en latérite améliorée au ciment. En
effet certaines latérites contiennent des teneurs
élevées d'argile. Cette latérite améliorée
au ciment aura un indice de retrait dépassant celui de la
latérite, ce qui fait que les couches de base commencent à se
fissurer avant même la réception géotechnique.
Notons enfin l'insuffisance de moyens techniques des nos
laboratoires. Ce qui fait que la plupart des caractéristiques
intrinsèques des matériaux utilisés sont a priori
déterminées avec une marge d'erreur d'où des
résultats souvent biaisés.
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